Le Conseil supérieur de l’enseignement a en effet effectué une enquête d’évaluation des acquis des élèves du primaire (4ème et 5ème années) et du collège (2ème et 3ème années) et les résultats préliminaires invitent sérieusement à réfléchir quant aux performances de ces tout jeunes Marocains, candidats à la citoyenneté. Le constat est vite dressé et donne bien des motifs d’inquiétudes. Principale conclusion de cette enquête menée sur un échantillon d’un peu plus de 13.000 garçons et filles, aussi bien en milieu urbain que rural : le niveau des élèves marocains est très moyen à faible en maths, en sciences mais également en arabe et en français. A la fin du primaire, seulement 1/3 des candidats au certificat d’études primaires sachant faire une addition, une soustraction et une multiplication. Et 6 élèves sur 10 ont de grandes difficultés avec les chiffres décimaux.
La chose est entendue. L’Ecole marocaine ne forme ni matheux ni scientifiques. Et lorsque l’on sait que les maths ont cette capacité de développer le sens de la logique et les aptitudes au raisonnement, les décideurs ont bien raison de tirer la sonnette d’alarme. Sommes-nous, au final, en train de former des citoyens incapables de produire un raisonnement, de trouver des solutions aux problèmes complexes, bref désarmés face à la vie, la grande vie.
Cette grande évaluation effectuée en juin 2008, révèle ce que tout le monde savait : les jeunes élèves ne maîtrisent ni l’arabe ni le français, sont incapables de rédiger dans aucune de ces deux langues, et leur patrimoine lexical est des plus indigents. Les leçons apprises par cœur et débitées tête baissée et le bourrage de crâne ont fini par produire des élèves sans esprit critique, sans curiosité, dans l’incapacité d’aller plus loin que « le programme ».
Après les réformes et les chartes, l’échec est immense autant que le gâchis. Sur 100 enfants scolarisés, seuls 13 parviennent à décrocher le baccalauréat, ce fameux sésame qui n’a plus beaucoup de sens. Et sur les 13 rescapés, 10 ont au moins redoublé une fois. Et cette catastrophe nationale a un coût : 31 milliards dhs en 2008, soit 26% du budget de l’Etat, sachant que chaque élève coûte en moyenne au contribuable la bagatelle de 5250 de dh/an. L’école marocaine est dans un piteux état et le système éducatif est en faillite, en attendant, peut-être, des états généraux de l’enseignement, pour tenter de s’accorder sur ce qu’on veut inculquer comme apprentissage aux enfants du peuple. L’environnement scolaire n’est pas mieux loti. En milieu rural, 60% des établissements scolaires n’ont pas d’électricité et 75% sont sans eau ni équipement sanitaire.
Oui, la situation est grave et le temps est venu de s’en alarmer. Maintenant qu’une évaluation du système d’enseignement est faite, il est aujourd’hui urgent pour ceux et celles qui nous gouvernement d’en tirer les conséquences et ne pas en oublier les résultats au fond d’un tiroir.