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Après 31 heures de négociations marathon, la Conférence de Copenhague a officiellement pris fin samedi après-midi (14h26 GMT).
Faute de consensus entre les 193 pays réunis depuis le 7 décembre à Copenhague, le document de quelque trois pages mis au point vendredi à l’arraché par les Etats-Unis, la Chine, et d’autres pays émergents dont l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud n’a pas formellement été entériné.
Après une suspension de séance, la présidence de la Conférence a fait savoir samedi matin qu’elle “prenait acte” de l’Accord de Copenhague, ce qui “lui donne la même validité que s’il avait été accepté”, selon Robert Orr, responsable chargé de la coordination de la politique onusienne. Une liste mentionnant les pays favorables et opposés à ce document doit à présent être établie.
“Nous avons (scellé) un accord à Copenhague”, a déclaré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, “conscient” du chemin restant encore à parcourir pour élaborer un traité juridiquement contraignant. Plusieurs pays, dont la Bolivie, Cuba, le Venezuela et le Soudan, ont dénoncé avec virulence pendant la nuit un texte qu’ils ont jugé inacceptable, car ne fixant pas d’objectifs chiffrés pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. “Nous n’avons pas de consensus” sur l’Accord de Copenhague, a noté le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez.
“L’architecture de ce texte est extraordinairement défaillante”, a lancé le Soudanais Lumumba Di-Aping, négociateur du G77, groupe représentant 135 pays en voie de développement. “Ce qui s’est produit confirme ce que nous pressentions: un accord imposé par les Etats-Unis”, a-t-il dit.
L’Accord de Copenhague, texte de compromis, ne comprend pas d’engagement précis en matière de réduction des émissions des gaz à effets de serre (GES). L’objectif principal est une limitation du réchauffement mondial de deux degrés Celsius, seuil au-delà duquel les conséquences pour la planète pourraient être irréversibles selon les scientifiques. Pour espérer y parvenir, estiment-ils, il faudrait réduire d’au moins 50% d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre (GES). Cet objectif a figuré sur un des textes de travail élaboré vendredi, mais n’a finalement pas été retenu.
Les pays industrialisés n’iront donc pas au-delà des promesses faites avant la Conférence, et déjà jugées largement insuffisantes par nombre de climatologues: elles représentent une baisse globale de 8% à 12% par rapport à 1990, année de référence du protocole de Kyoto expirant en 2012, alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) recommande une diminution de 25% à 40% d’ici 2020.
Concernant le financement, les pays industrialisés se sont engagés à Copenhague à verser 10 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) par an en 2010, 2011 et 2012 aux pays pauvres pour faire face aux conséquences du changement climatique, comme les sécheresses et les inondations. A plus long terme, “l’objectif” est de porter cette aide à 100 milliards de dollars par an (69 milliards d’euros) d’ici 2020.
Par ailleurs, un projet d’accord destiné à protéger les forêts tropicales de la planète a dû être enterré à Copenhague, en l’absence d’accord contraignant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce programme, baptisé REDD (Réduction des émissions résultant de la déforestation et de la dégradation), prévoyait de réduire de moitié la destruction des forêts des pays pauvres à l’horizon 2020 et d’y mettre fin entièrement d’ici 2030. Mouvements écologistes et ONG ont fait part de leur consternation devant les maigres résultats de la Conférence. Pascal Husting, directeur de Greenpeace France, a dénoncé un “désastre” et un “recul” par rapport à Kyoto, avec un projet d’accord ayant “la substance d’une brochure touristique”... Il a critiqué l’absence de “quelque engagement susceptible de traduire cet accord politique en traité juridiquement contraignant”. Il n’y a “plus aucune référence scientifique, pas de vision à long terme”, a-t-il déploré. Jeremy Hobbs, directeur de l’ONG Oxfam International, a pareillement fustigé le manque de “substance” et d’engagements du texte de compromis.
De son côté, le militant écologiste français Nicolas Hulot a jugé “affligeant” et “consternant” le résultat de la conférence de Copenhague, estimant qu’on avait “manqué une occasion historique” pour l’avenir de la planète et du climat. “Garder l’espoir, ça va devenir un acte de bravoure”, a-t-il observé sur France Info.
José Bové, député européen Europe Ecologie, a quant à lui dénoncé une “situation parfaitement catastrophique”, “tout à fait tragique”.