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Hollywood et Charles Manson, une relation étrange et morbide qui dure depuis plus de cinquante ans. L’histoire de cet homme, gourou d’une secte meurtrière, continue d’inspirer une multitude de films, séries et documentaires. Mais pourquoi une telle fascination?
Pourquoi l’homme qui a orchestré les meurtres sanglants de l’été 1969 hante-t-il encore les esprits? La réponse tient à plusieurs facteurs : un mélange de crime, de culte et de célébrité qui fait écho aux obsessions d’Hollywood, une histoire aux nombreuses zones d’ombre, et une figure de «méchant» digne des plus grands films. Manson représente à la fois la fin d’une époque idéalisée, la naissance d’une nouvelle ère de peur et un personnage presque cinématographique en lui-même.
Contrairement aux tueurs en série classiques, Charles Manson n’a jamais directement tué. Ce qui fascine Hollywood, ce n’est pas un tueur avec une hache ou un revolver, mais un homme qui a fait tuer pour lui, en persuadant ses adeptes qu’un bain de sang pouvait changer le monde. Manson n’était pas qu’un criminel, il était un chef de secte, un maître de la manipulation, un gourou dont les discours délirants mêlaient le rock, la Bible et des prophéties apocalyptiques sur une guerre raciale inévitable qu’il se disait destiné à déclencher. Il a attiré autour de lui une bande de jeunes hippies, souvent en marge, fuyant leur famille et la société. A force de LSD, de musique et de charisme, il les a transformés en véritables soldats, prêts à tuer sur un simple ordre de leur «prophète».
L’affaire Manson a choqué l’Amérique et traumatisé Hollywood pour une raison bien précise : la nuit du 9 août 1969, Charles Manson envoie quatre membres de sa secte massacrer Sharon Tate, jeune actrice de 26 ans et épouse du réalisateur Roman Polanski. Enceinte de huit mois et demi, elle est sauvagement assassinée aux côtés de quatre amis dans sa villa de Cielo Drive, à Los Angeles. Le crime est d’autant plus glaçant qu’elle était l’une des étoiles montantes du cinéma, promise à une grande carrière après ses rôles remarqués dans Le Bal des Vampires (1967) et Le Démon des femmes (1967). Son mari, le réalisateur Roman Polanski, est en voyage à Londres au moment du drame et ne s’en remettra jamais totalement. Ce massacre a marqué la fin d’une époque pour Hollywood, détruisant l’illusion d’une ville glamour et insouciante, et jetant une ombre sur le rêve américain.
Hollywood, fasciné par le côté obscur des Etats-Unis, n’a pas tardé à s’emparer du sujet. Le téléfilm Helter Skelter (1976), inspiré du livre du procureur Vincent Bugliosi, est le premier à mettre en images l’histoire de Manson. D’autres films ont suivi, chacun explorant une facette du mythe. The Manson Family (2003) adopte un ton quasi horrifique pour plonger dans l’univers mental de la secte. Aquarius (2015-2016) est une série qui imagine un policier enquêtant sur Manson avant ses crimes. Mindhunter (2017), chef-d’œuvre de David Fincher, l’intègre parmi les grands criminels de l’histoire pour mieux disséquer son esprit. Mais c’est Once Upon a Time in Hollywood (2019) qui a marqué les esprits récemment : Quentin Tarantino y revisite l’affaire en proposant une version uchronique où l’histoire prend un tournant inattendu, comme si le cinéma pouvait, d’une certaine manière, réécrire les pires drames de l’Histoire. Dans ce film, la «famille» Manson est omniprésente, et le spectateur assiste, impuissant, à la montée de la tension qui mènera à l’horreur.
Preuve que la fascination ne faiblit pas. En mars 2025, Netflix a dévoilé un nouveau documentaire, CHAOS: The Manson Murders, réalisé par Errol Morris et basé sur le livre CHAOS: Charles Manson, the CIA, and the Secret History of the Sixties, écrit par le journaliste Tom O’Neill. L’œuvre s’intéresse aux nombreuses incohérences de l’enquête et explore une théorie troublante : et si Manson n’avait pas été qu’un illuminé persuadé de l’imminence d’une guerre raciale, mais une marionnette entre les mains de la CIA ? Selon O’Neill, Manson aurait été un cobaye involontaire du programme MKUltra, une série d’expériences secrètes menées par le gouvernement américain sur le contrôle mental, souvent à l’aide de LSD et d’autres substances hallucinogènes. Ce pan méconnu de l’affaire a ouvert de nouveaux débats et ravivé la curiosité autour de Manson, rappelant à quel point son histoire reste encore aujourd’hui pleine de mystères non résolus.
Pourquoi Hollywood s’obstine-t-il à explorer, encore et encore, l’histoire de Charles Manson et de sa «famille»? Parce qu’elle incarne à elle seule la fin de l’utopie des années 60, le basculement dans une ère plus sombre, marquée par la défiance et la peur. Elle est aussi une mise en garde contre le pouvoir destructeur des gourous, du charisme et du fanatisme aveugle. Mais au-delà des considérations historiques et psychologiques, Manson fascine aussi parce qu’il est une figure cinématographique d’exception. Son personnage dérangeant et fascinant, entre prophète illuminé et psychopathe manipulateur, est une mine d’or pour les scénaristes. Chaque nouveau film, chaque nouvelle série, chaque nouvel essai tente d’apporter un éclairage différent sur son histoire, de l’expliquer, de l’analyser, voire de la réinterpréter. Plus de cinquante ans après les meurtres qui ont fait trembler Hollywood, l’ombre de Charles Manson plane encore sur les écrans, comme si le cinéma ne voulait jamais oublier son plus grand cauchemar.
Par Salaheddine Lalouani
Pourquoi l’homme qui a orchestré les meurtres sanglants de l’été 1969 hante-t-il encore les esprits? La réponse tient à plusieurs facteurs : un mélange de crime, de culte et de célébrité qui fait écho aux obsessions d’Hollywood, une histoire aux nombreuses zones d’ombre, et une figure de «méchant» digne des plus grands films. Manson représente à la fois la fin d’une époque idéalisée, la naissance d’une nouvelle ère de peur et un personnage presque cinématographique en lui-même.
Contrairement aux tueurs en série classiques, Charles Manson n’a jamais directement tué. Ce qui fascine Hollywood, ce n’est pas un tueur avec une hache ou un revolver, mais un homme qui a fait tuer pour lui, en persuadant ses adeptes qu’un bain de sang pouvait changer le monde. Manson n’était pas qu’un criminel, il était un chef de secte, un maître de la manipulation, un gourou dont les discours délirants mêlaient le rock, la Bible et des prophéties apocalyptiques sur une guerre raciale inévitable qu’il se disait destiné à déclencher. Il a attiré autour de lui une bande de jeunes hippies, souvent en marge, fuyant leur famille et la société. A force de LSD, de musique et de charisme, il les a transformés en véritables soldats, prêts à tuer sur un simple ordre de leur «prophète».
L’affaire Manson a choqué l’Amérique et traumatisé Hollywood pour une raison bien précise : la nuit du 9 août 1969, Charles Manson envoie quatre membres de sa secte massacrer Sharon Tate, jeune actrice de 26 ans et épouse du réalisateur Roman Polanski. Enceinte de huit mois et demi, elle est sauvagement assassinée aux côtés de quatre amis dans sa villa de Cielo Drive, à Los Angeles. Le crime est d’autant plus glaçant qu’elle était l’une des étoiles montantes du cinéma, promise à une grande carrière après ses rôles remarqués dans Le Bal des Vampires (1967) et Le Démon des femmes (1967). Son mari, le réalisateur Roman Polanski, est en voyage à Londres au moment du drame et ne s’en remettra jamais totalement. Ce massacre a marqué la fin d’une époque pour Hollywood, détruisant l’illusion d’une ville glamour et insouciante, et jetant une ombre sur le rêve américain.
Hollywood, fasciné par le côté obscur des Etats-Unis, n’a pas tardé à s’emparer du sujet. Le téléfilm Helter Skelter (1976), inspiré du livre du procureur Vincent Bugliosi, est le premier à mettre en images l’histoire de Manson. D’autres films ont suivi, chacun explorant une facette du mythe. The Manson Family (2003) adopte un ton quasi horrifique pour plonger dans l’univers mental de la secte. Aquarius (2015-2016) est une série qui imagine un policier enquêtant sur Manson avant ses crimes. Mindhunter (2017), chef-d’œuvre de David Fincher, l’intègre parmi les grands criminels de l’histoire pour mieux disséquer son esprit. Mais c’est Once Upon a Time in Hollywood (2019) qui a marqué les esprits récemment : Quentin Tarantino y revisite l’affaire en proposant une version uchronique où l’histoire prend un tournant inattendu, comme si le cinéma pouvait, d’une certaine manière, réécrire les pires drames de l’Histoire. Dans ce film, la «famille» Manson est omniprésente, et le spectateur assiste, impuissant, à la montée de la tension qui mènera à l’horreur.
Preuve que la fascination ne faiblit pas. En mars 2025, Netflix a dévoilé un nouveau documentaire, CHAOS: The Manson Murders, réalisé par Errol Morris et basé sur le livre CHAOS: Charles Manson, the CIA, and the Secret History of the Sixties, écrit par le journaliste Tom O’Neill. L’œuvre s’intéresse aux nombreuses incohérences de l’enquête et explore une théorie troublante : et si Manson n’avait pas été qu’un illuminé persuadé de l’imminence d’une guerre raciale, mais une marionnette entre les mains de la CIA ? Selon O’Neill, Manson aurait été un cobaye involontaire du programme MKUltra, une série d’expériences secrètes menées par le gouvernement américain sur le contrôle mental, souvent à l’aide de LSD et d’autres substances hallucinogènes. Ce pan méconnu de l’affaire a ouvert de nouveaux débats et ravivé la curiosité autour de Manson, rappelant à quel point son histoire reste encore aujourd’hui pleine de mystères non résolus.
Pourquoi Hollywood s’obstine-t-il à explorer, encore et encore, l’histoire de Charles Manson et de sa «famille»? Parce qu’elle incarne à elle seule la fin de l’utopie des années 60, le basculement dans une ère plus sombre, marquée par la défiance et la peur. Elle est aussi une mise en garde contre le pouvoir destructeur des gourous, du charisme et du fanatisme aveugle. Mais au-delà des considérations historiques et psychologiques, Manson fascine aussi parce qu’il est une figure cinématographique d’exception. Son personnage dérangeant et fascinant, entre prophète illuminé et psychopathe manipulateur, est une mine d’or pour les scénaristes. Chaque nouveau film, chaque nouvelle série, chaque nouvel essai tente d’apporter un éclairage différent sur son histoire, de l’expliquer, de l’analyser, voire de la réinterpréter. Plus de cinquante ans après les meurtres qui ont fait trembler Hollywood, l’ombre de Charles Manson plane encore sur les écrans, comme si le cinéma ne voulait jamais oublier son plus grand cauchemar.
Par Salaheddine Lalouani