
-
SM le Roi félicite M. Mark Carney suite à sa désignation Premier ministre du Canada et le Président irlandais à l'occasion de la fête nationale de son pays
-
Le travail social en quête de reconnaissance et de moyens
-
Les barrages de Sebou ont reçu des apports de 600 Millions de M3 grâce aux récentes pluies
-
Effets bénéfiques des récentes pluies sur l'agriculture et les ressources hydriques dans la région de Souss-Massa
Ces structures censées incarner la promesse d’un soutien aux plus vulnérables, mais qui, en réalité, vacillent sous le poids de dysfonctionnements profonds. Loin d’être de simples ratés administratifs, ces failles trahissent un abandon silencieux, une faillite institutionnelle qui relègue à l’ombre ceux que la société prétend protéger.
C’est ce constat que la députée ittihadie Atika Jabrou a récemment dressé en interpellant la ministre de la Solidarité, de la Famille et de l’Insertion sociale. Son intervention ne se limite pas à un simple diagnostic technique ; elle révèle une faillite systémique qui met en péril l’un des principes fondamentaux de toute société soucieuse de son avenir : la protection des plus fragiles.
Un système à bout de souffle
Le ministère de tutelle a certes déployé des efforts, notamment à travers la stratégie « Jisr » (Pont) 2022-2025, conçue pour améliorer les conditions des personnes en situation de handicap, des enfants privés de soutien familial et des personnes âgées vulnérables. Cette initiative visait en théorie à renforcer l’accompagnement social et à garantir un cadre de vie digne aux pensionnaires de ces établissements. Mais entre l’intention politique et la mise en œuvre concrète, un gouffre béant s’est creusé.
Le problème fondamental repose sur la gouvernance éclatée de ces structures. Multiplicité des intervenants, chevauchement des responsabilités, absence de coordination efficace : autant de maux qui paralysent ces établissements et les condamnent à un fonctionnement erratique. La mission d’accueil et de protection, censée être leur raison d’être, se heurte à une administration défaillante, un manque chronique de ressources et une gestion souvent incohérente.
Des établissements en déshérence
Les carences relevées par le membre du Groupe socialise-Opposition ittihadie mettent en lumière une réalité inacceptable. D’abord, l’inadéquation flagrante des services proposés avec les besoins réels des bénéficiaires. Les centres peinent à assurer une prise en charge adaptée aux enfants abandonnés, aux personnes âgées en détresse ou aux individus en situation de handicap. L’absence de formation et d’accompagnement spécialisés transforme ces établissements en lieux de relégation plus qu’en espaces de réhabilitation.
Les ressources humaines sont également en souffrance. Le personnel encadrant, censé jouer un rôle crucial dans l’accompagnement quotidien des pensionnaires, est lui-même en détresse. Mal formé, peu soutenu, parfois recruté sans réelle expertise, il fait face à des conditions de travail éprouvantes qui compromettent son efficacité. La mission éducative, essentielle pour briser les cycles de précarité et d’exclusion, est sacrifiée sur l’autel du manque de moyens. Résultat : des taux de décrochage scolaire alarmants et une insertion sociale plus que chaotique.
Un terrain propice aux abus
Plus grave encore, les établissements de protection sociale ne sont pas épargnés par des violences systémiques. Les témoignages, bien que souvent étouffés par le silence des victimes, font état d’agressions physiques et psychologiques répétées. Des cas de maltraitance sont signalés, sans qu’un véritable dispositif de contrôle et de sanction efficace ne soit mis en place. Dans ces lieux supposés offrir un refuge, la vulnérabilité des pensionnaires est parfois exploitée, laissant certains dans une spirale de souffrance et de désespoir.
Le silence institutionnel autour de ces abus est particulièrement préoccupant. Il témoigne d’une inertie administrative, d’une sorte de complaisance qui prive les victimes de tout espoir de justice. Cette impunité alimente un cercle vicieux où les dysfonctionnements structurels favorisent l’émergence de comportements abusifs.
Une interpellation qui oblige à l’action
Face à cette situation, l’intervention d’Atika Jabrou a le mérite de briser un tabou. Elle met le gouvernement face à ses responsabilités et pose une question centrale : que vaut une politique sociale si elle ne garantit pas une dignité minimale à ceux qu’elle prétend protéger ?
Il ne s’agit plus seulement de corriger des erreurs de gestion, mais de refonder un système. Une réforme ambitieuse et courageuse s’impose, articulée autour de plusieurs axes : une refonte des dispositifs de gouvernance pour mettre fin à l’imbroglio administratif, un renforcement du contrôle et des mécanismes de reddition des comptes, ainsi qu’une revalorisation des métiers de l’encadrement, avec des formations adéquates et un accompagnement digne de ce nom.
Plus fondamentalement, il faut cesser de considérer la protection sociale comme une simple variable d’ajustement budgétaire. Ces établissements ne sont pas de simples structures annexes de l’Etat-providence ; ils sont au cœur du pacte social. Leur défaillance est une faillite collective qui nous concerne tous.
L’interpellation de la députée socialiste ne doit pas rester lettre morte. Il en va non seulement de la crédibilité du gouvernement en matière de solidarité, mais aussi du respect élémentaire des principes d’humanité et de justice sociale.
Mehdi Ouassat