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"Pourquoi est-ce surprenant de voir des femmes jouer des instruments?", demande Landry Louoba, l'énergique percussionniste de ce groupe, Bella Mondo, constitué de dix femmes.
De la batterie au piano en passant par la basse et le chant, ces jeunes femmes, trentenaires pour la plupart, se partagent les rôles sur scène.
L'idée de les réunir vient d'un homme, le promoteur Charly Maiwan, un Canadien vivant au Canada et faisant régulièrement des voyages en Afrique.
Sur son lit de mort, sa mère, passionnée de musique, lui a dit: "Tu m'as toujours promis de me faire chanter. Maintenant, moi je pars. Promets-moi de faire chanter les femmes du monde", raconte-t-il à l'AFP. En 2007, il contacte Nadine Lévry, une Ivoirienne alors chanteuse de cabaret à Abidjan, qui met dans le coup Prisca Allou, bassiste. A elles deux, elles créent Bella Mondo, qui sera rejoint par d'autres musiciennes et chanteuses.
"L'aventure doit continuer" et "attirer d'autres femmes", souligne Landry Louoba, cheveux courts et biceps de percussionniste.
"C'est le temps pour nous de faire la révolution", affirme Josiane Labi Luo, dite "Jo Labi", l'une des quatre chanteuses.
"Révolution", c'est d'ailleurs le titre de leur premier album, attendu en 2013.
Une ambition à la mesure des embûches semées sur leur parcours, par la faute de préjugés toujours bien ancrés dans ce pays qui sort d'une décennie de crise politico-militaire.
Coiffeuse de formation, Nadine, chef d'orchestre et mère de famille, raconte avoir eu du mal à faire admettre aux siens sa vocation, avant de recevoir leur "bénédiction" à force de "détermination".
Mais c'est la société tout entière qui faisait obstacle. "Au début, le regard des hommes était pesant, tellement on était mal vues dans la société. (...) La femme c'est pour la cuisine, faire des enfants et s'occuper de la maison!", s'indigne-t-elle.
La "révolution", c'est donc, selon elle, "pour montrer que les femmes peuvent jouer des instruments, voire mieux que les hommes".
La femme reste marginalisée aux niveaux politique et économique en Côte d'Ivoire, observe Salimata Porquet, présidente de l'ONG Réseau paix et sécurité des femmes de l'espace CEDEAO (REPSFECO).
"Il y a beaucoup à faire pour la parité, une promesse non tenue" du président Alassane Ouattara, avec seulement six femmes au gouvernement et une trentaine au Parlement", relève cette militante des droits des femmes.
"En Côte d'Ivoire, 60% des chefs de famille sont des femmes, après une décennie de crise politique, militaire et socio-économique, qui a déstructuré la société, provoqué licenciements, fermeture d'usines et éclatement des familles, etc. Ce constat vaut à l'échelle du continent", constate-t-elle.
Vêtues sur scène d'élégantes robes-pagnes africaines, les artistes de Bella Mondo, qui ont écumé les salles abidjanaises et ont leur QG au "Pams", un bar musical du quartier chic des II-Plateaux, délivrent un répertoire reggae, afro-zouk et zouglou (un style musical ivoirien chéri des jeunes), constitué de reprises et de leurs propres compositions.
C'est très naturellement lors de la Journée de la femme, le 8 mars dernier, qu'elles ont obtenu une consécration officielle, à un gala organisé par le gouvernement ivoirien, en présence de Guillaume Soro, ex-Premier ministre et aujourd'hui président de l'Assemblée nationale.
En juillet prochain, l'orchestre est attendu à Montréal pour la première édition du Festival mondial de musique des femmes d'ici et d'ailleurs, produit par Charly Maiwan. Des dates en Europe sont aussi au programme.
Les propositions commencent à affluer, mais le manager du groupe, Dominique Tahi, sollicite l'aide des autorités pour ses musiciennes, qui ont des difficultés à répéter "par manque d'instruments".
Au-delà, la bande des dix ne cherche qu'une chose, glisse Nadine: "Le soutien et le regard positif des Ivoiriens qui nous feront avancer".