Autres articles
-
Salah Bourdi : Depuis sa création en 2014, le Cercle Eugène Delacroix milite activement pour la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara
-
Moussaoui Ajlaoui : Le comble de l’absurdité, c’est que l’Algérie a deux voix au sein de l’UA, la sienne et celle du polisario qui ne prend jamais le contrepied de son mentor algérien
-
Patrizia d'Antonio : L’écrivain humaniste Alberto Manzi, une figure exceptionnelle qui symbolise à la fois l’éducation, l’unité linguistique et l’humanisme
-
Derguene Mbaye : Les pays africains peuvent beaucoup apprendre de l’expérience du Maroc en matière d'intelligence artificielle
-
Salwa Harif : «La cybersécurité est désormais une préoccupation partagée au Maroc»
Libé : Les initiatives prises par la Plateforme au cours des derniers mois signifient-t-elles que la politique et la Stratégie nationale en matière de migration ont atteint leurs limites et qu’elles ne peuvent plus proposer du nouveau pour les migrants ?
Younes Foudil : Je pense que la pandémie de Covid-19 a redéfini les priorités pour tout le monde. A priori, la Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA) est en pause pour le moment comme beaucoup d’autres chantiers et projets qui étaient en cours ou qui devaient être lancés avant mars 2020.Ceci dit, les autorités sont mieux placées pour nous éclairer à ce propos.
Autre élément important à mon sens, c’est la confusion des portefeuilles et des attributions née du dernier changement de l’équipe gouvernementale. Pour dire vrai, la responsabilité du dossier de la migration (étrangère au Maroc) est “diluée” entre différents départements ministériels(Affaires étrangères, Intérieur, Emploi, MRE) et le ministère délégué qui était au cœur de la SNIA n’assure plus le lead comme avant. D’ailleurs, nous avons sollicité par écrit, le ministère délégué chargé des MRE à plusieurs reprises mais sans retour à ce jour.
Pour revenir aux initiatives lancées par notre collectif Papiers pour tous, nous sommes convaincus que le propre de la société civile est d’être d’abord ettoujours une force de proposition et de ne pas se cantonner dans la critique et la dénonciation. Il est toujours facile de critiquer et de dénoncer tellement il y a des choses à améliorer, changer ou abolir dans notre pays. Et cette posture est la plus commune malheureusement. Etre une force continue de proposition nécessite, par contre, une parfaite maîtrise de la thématique, un engagement sincère, désintéressé et continu en plus d’un solide background et des compétences diverses. Viennent, ensuite, les réseaux et les financements. Mais il faut dire qu’au sein de Papiers pour tous, nous nous en sortons jusqu’à présent malgré l’absence de soutiens financier et institutionnel (et de la part de la société civile malheureusement ).
Ceci dit, cela ne nous a pas empêchés de lancer un certain nombre d’initiatives susceptibles de sensibiliser, réduire et combattre le racisme et de contribuer à une meilleure inclusion socio-économique des étrangers dans la société marocaine, notamment la série de webinaires “Les Racistes Anonymes” la campagne “Taalam Darija”, notre appel pour la vaccination de tous les migrants ou encore l’initiative “Résidence+” tout récemment.Nous avons plein d’autres projets aussi pertinents qu’innovateurs mais nous manquons malheureusement de moyens financiers pour les implémenter.
Pourquoi tellement d’initiatives en si peu de temps. Y a-t-il urgence ?
Comme je l’ai expliqué, nous assumons pleinement notre rôle de force de proposition. Par contre, nous considérons que les initiatives et actions à proposer doivent être pertinentes, constructives et surtout innovantes. Nous avons au sein de Papiers pour tous une vision assez globale des thématiques connexes des discriminations raciales et de la migration au Maroc. Nous avons lancé un certain nombre d’initiatives et d’actions depuis juin 2020 parce que le contexte de la pandémie de Covid19 nous a contraints à nous adapter et à basculer versle digital etle travail à distance. Etant un professionnel de la communication, j’ai essayé de tirer profit de cette nouvelle forme d’engagement militant pour lancer des initiatives qui auraient été difficiles voire même impossibles à réaliser dans le contexte d’avant, en raison de la non disponibilité des intervenants, des coûts financiers et des problèmes logistiques y afférents.
Ceci dit, organiser un webinaire ou lancer une campagne digitale n’est pas une tâche facile, mais au sein de Papiers pour tous, nous y avons trouvé moins de complications surtout avec l’aide de notre partenaire l’Association madNess pour les industries culturelles et créatives. C’est ce qui explique plus ou moins la multitude et la régularité des actions que Papiers pour tous a lancées en si peu de temps. Et puis, quand une idée nous vient, on essaie de la concrétiser tout simplement. Pour rappel, le travail de Papiers pour tous ne date pas d’aujourd’hui puisqu’elle avait lancé la première campagne nationale contre le racisme “Masmiytich Azzi” en mars 2014.
Qu’en est-il des autres composantes de la société civile œuvrant dans le domaine de la migration ? Pourquoi les autres ONG brillent-elles par leur absence ?
Comme je l’ai déjà expliqué, au sein de Papiers pour tous, nous avons choisi d’être une force de proposition et opté pour une approche constructive. Ceci malheureusement n’est pas le cas de beaucoup de composantes de la société civile. Il y a des associations qui font du travail de terrain et qui ne sont pas dans le plaidoyer ou qui préfèrent rester discrètes, ce qui explique que leur travail n’est pas très médiatisé. Il y a d’autres associations qui ont été créées suite au lancement de la SNIA mais sans véritable apport. Il y a des associations qui ont été dépassées par le nouveau contexte de la migration au Maroc et qui ont été incapables de s’y adapter.
Pour l’anecdote, la plupart des composantes de la société civile qui travaillent sur la thématique de la migration ne soutiennent pas notre travail alors qu’elles en sont les premières bénéficiaires. Au début, nous étions surpris et déçus mais nous avons fini par nous habituer et dépasser cela.Au sein de Papiers pour tous, nous sommes engagés depuis longtemps pour cette cause et nous continuerons à assumer notre rôle et notre mission selon notre vision, notre philosophie indépendamment du rendement des autres composantes de la société civile qui travaillent sur les thématiques de la migration et des discriminations raciales. Le plus important pour nous, c’est que notre message passe.
Propos recueillis par Hassan Bentaleb
Younes Foudil : Je pense que la pandémie de Covid-19 a redéfini les priorités pour tout le monde. A priori, la Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA) est en pause pour le moment comme beaucoup d’autres chantiers et projets qui étaient en cours ou qui devaient être lancés avant mars 2020.Ceci dit, les autorités sont mieux placées pour nous éclairer à ce propos.
Autre élément important à mon sens, c’est la confusion des portefeuilles et des attributions née du dernier changement de l’équipe gouvernementale. Pour dire vrai, la responsabilité du dossier de la migration (étrangère au Maroc) est “diluée” entre différents départements ministériels(Affaires étrangères, Intérieur, Emploi, MRE) et le ministère délégué qui était au cœur de la SNIA n’assure plus le lead comme avant. D’ailleurs, nous avons sollicité par écrit, le ministère délégué chargé des MRE à plusieurs reprises mais sans retour à ce jour.
Pour revenir aux initiatives lancées par notre collectif Papiers pour tous, nous sommes convaincus que le propre de la société civile est d’être d’abord ettoujours une force de proposition et de ne pas se cantonner dans la critique et la dénonciation. Il est toujours facile de critiquer et de dénoncer tellement il y a des choses à améliorer, changer ou abolir dans notre pays. Et cette posture est la plus commune malheureusement. Etre une force continue de proposition nécessite, par contre, une parfaite maîtrise de la thématique, un engagement sincère, désintéressé et continu en plus d’un solide background et des compétences diverses. Viennent, ensuite, les réseaux et les financements. Mais il faut dire qu’au sein de Papiers pour tous, nous nous en sortons jusqu’à présent malgré l’absence de soutiens financier et institutionnel (et de la part de la société civile malheureusement ).
Ceci dit, cela ne nous a pas empêchés de lancer un certain nombre d’initiatives susceptibles de sensibiliser, réduire et combattre le racisme et de contribuer à une meilleure inclusion socio-économique des étrangers dans la société marocaine, notamment la série de webinaires “Les Racistes Anonymes” la campagne “Taalam Darija”, notre appel pour la vaccination de tous les migrants ou encore l’initiative “Résidence+” tout récemment.Nous avons plein d’autres projets aussi pertinents qu’innovateurs mais nous manquons malheureusement de moyens financiers pour les implémenter.
Pourquoi tellement d’initiatives en si peu de temps. Y a-t-il urgence ?
Comme je l’ai expliqué, nous assumons pleinement notre rôle de force de proposition. Par contre, nous considérons que les initiatives et actions à proposer doivent être pertinentes, constructives et surtout innovantes. Nous avons au sein de Papiers pour tous une vision assez globale des thématiques connexes des discriminations raciales et de la migration au Maroc. Nous avons lancé un certain nombre d’initiatives et d’actions depuis juin 2020 parce que le contexte de la pandémie de Covid19 nous a contraints à nous adapter et à basculer versle digital etle travail à distance. Etant un professionnel de la communication, j’ai essayé de tirer profit de cette nouvelle forme d’engagement militant pour lancer des initiatives qui auraient été difficiles voire même impossibles à réaliser dans le contexte d’avant, en raison de la non disponibilité des intervenants, des coûts financiers et des problèmes logistiques y afférents.
Le ministère délégué qui était au cœur de la SNIA n 'assure plus le lead comme avant
Ceci dit, organiser un webinaire ou lancer une campagne digitale n’est pas une tâche facile, mais au sein de Papiers pour tous, nous y avons trouvé moins de complications surtout avec l’aide de notre partenaire l’Association madNess pour les industries culturelles et créatives. C’est ce qui explique plus ou moins la multitude et la régularité des actions que Papiers pour tous a lancées en si peu de temps. Et puis, quand une idée nous vient, on essaie de la concrétiser tout simplement. Pour rappel, le travail de Papiers pour tous ne date pas d’aujourd’hui puisqu’elle avait lancé la première campagne nationale contre le racisme “Masmiytich Azzi” en mars 2014.
Qu’en est-il des autres composantes de la société civile œuvrant dans le domaine de la migration ? Pourquoi les autres ONG brillent-elles par leur absence ?
Comme je l’ai déjà expliqué, au sein de Papiers pour tous, nous avons choisi d’être une force de proposition et opté pour une approche constructive. Ceci malheureusement n’est pas le cas de beaucoup de composantes de la société civile. Il y a des associations qui font du travail de terrain et qui ne sont pas dans le plaidoyer ou qui préfèrent rester discrètes, ce qui explique que leur travail n’est pas très médiatisé. Il y a d’autres associations qui ont été créées suite au lancement de la SNIA mais sans véritable apport. Il y a des associations qui ont été dépassées par le nouveau contexte de la migration au Maroc et qui ont été incapables de s’y adapter.
Il y a des associations qui ont été dépassées par le nouveau contexte migratoire au MarocIl y a également des associations de personnes militantes et concernées directement parla thématique mais qui manquent malheureusement de compétences et de moyens pour travailler. Et puis il y a des associations qui se sont cantonnées malheureusement dans un rôle de dénonciation et de condamnation tous azimuts sans pour autant proposer des alternatives ou des actions pertinentes ou concrètes.Après 2014, il y a eu une boulimie de création d’associations qui se prétendent spécialisées dans la migration.
Pour l’anecdote, la plupart des composantes de la société civile qui travaillent sur la thématique de la migration ne soutiennent pas notre travail alors qu’elles en sont les premières bénéficiaires. Au début, nous étions surpris et déçus mais nous avons fini par nous habituer et dépasser cela.Au sein de Papiers pour tous, nous sommes engagés depuis longtemps pour cette cause et nous continuerons à assumer notre rôle et notre mission selon notre vision, notre philosophie indépendamment du rendement des autres composantes de la société civile qui travaillent sur les thématiques de la migration et des discriminations raciales. Le plus important pour nous, c’est que notre message passe.
Propos recueillis par Hassan Bentaleb