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La thématique, «Femmes et pouvoir, du discours à l’action», avait des promesses de lendemains qui chantent. Les têtes d’affiche se sont bousculées. Ségolène Royal, la candidate malheureuse aux présidentielles, plus électron libre que socialo, Luc Ferry, fringuant philosophe et ex-ministre de l’Education nationale, Patrick Poivre d’Arvor, PPDA disent ses inconditionnels, ex-pape du 20 heures sur TF1, Christine Kelly, ancienne journaliste TV devenue sage du CSA ou encore la directrice générale de TV5 Monde. Beaucoup d’ex, mais des people, comme on les aime dans les soirées parisiennes ou sur des plateaux d’émissions qui mêlent pêle-mêle divertissement, culture et politique.
L’histoire est vieille comme le monde. L’homme détient le pouvoir, est au centre de la décision, aux commandes. L’histoire est vieille comme le monde, les femmes veulent partager le pouvoir. Quitter le discours pour des pistes d’action, tel a été le propos de cette deuxième édition de «Women’s tribune» que pilotent les gazelles du rallye.
Le propos est actuel et procède d’une culture de l’égalité qu’il faut consommer sans modération. Dans ses regards croisés Maghreb-Afrique-Méditerranée qu’offre «Women’s tribune», les réalités sont différentes. Autant que les femmes du Maghreb, d’Afrique et de France. Si un Luc Ferry, par exemple, estime que le principe des quotas est complètement inutile, les activistes marocaines du mouvement féminin, elles, ne sauraient oublier que la participation des femmes en politique a été et continue d’être un combat acharné et, surtout, que le système des quotas a été arraché de haute lutte pour que députées et édiles femmes fassent leur entrée dans les cénacles électifs.
Une agora bien-pensante
et parfumée
«La femme est un homme comme les autres». La formule peut séduire… à Paris. Elle peut aussi faire illusion. Mais en attendant, dans un pays comme le nôtre, c’est-à-dire en transition où tout est à construire, la femme est perçue comme justement une femme qui n’a pas encore tout à fait droit à une citoyenneté pleine et entière et dans la mémoire collective elle est confinée à un statut en tout cas inférieur à celui de l’homme.
Sur l’axe Casa-Casa, entre les twin et le city center, les rares Marocaines qui se sont frayé un chemin ont plus tendance à rejeter le discours revendicatif et militant, à tourner le dos à l’activisme féminin, un activisme qui leur a du reste permis d’être aujourd’hui là, entre place boursière et haute finance. Quelques activistes marocaines étaient bien là, tentant de faire entendre leur petite voix dans cette agora bien-pensante et parfumée.
Sur le chemin de l’égalité, les Marocaines ont encore beaucoup à faire. Les combats sont multiples, et il ne s’agit surtout pas de se chausser de lunettes parisiennes ou de tomber dans un parisianisme, ici bien inutile. Prétendre à l’universel, oui, mille fois oui au nom des principes des droits de l’Homme tel qu’universellement reconnus, mais ne pas tomber dans le piège des recettes prêtes à être emportées. Parce qu’il n’y a pas une manière et une seule de faire accéder les femmes à la citoyenneté et à l’égalité, une manière et une seule de la faire accéder aux commandes du pouvoir et aux centres de décision.
Women’s tribune a le mérite d’exister. Mais dans le combat qui est celui de la moitié de la société, il ne faut surtout pas perdre de vue que les batailles remportées par le mouvement féminin marocain – statut de la femme, transmission de la nationalité, représentativité politique…- ne sont que des petites victoires tant que le Maroc n’a toujours pas concrétisé l’annonce de la levée des réserves faites sur plusieurs dispositions de la CEDAW.