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En 2020, le Maroc s'est distingué parmi cinq pays arabes où les écarts éducatifs étaient les plus prononcés. Avec une différence de 20% entre les taux de fréquentation scolaire primaire des enfants issus de foyers aisés et ceux de familles modestes, il rejoint des pays comme le Soudan (46%), le Yémen (34%), les Comores (23%) et l’Irak (19%). En effet, les chiffres concernant les disparités éducatives au Maroc sont éloquents : alors que le taux de scolari sation primaire atteint 97 % chez les plus aisés, il chute à 77% chez les plus démunis. Il ne s’agit pas ici de simples statistiques mais de milliers d’enfants privés de leur droit à l’éducation, ren forçant un cycle de pauvreté intergéné rationnel.
Les facteurs à l’origine de ces écarts sont nombreux. Ils incluent le manque d’infrastructures scolaires dans les zones marginalisées, l’accès li mité aux ressources pédagogiques et des environnements peu propices à l’apprentissage. Ces défis sont exacer bés par des stratégies de survie écono miques qui poussent certaines familles à prioriser la contribution financière des enfants au détriment de leur sco larité. Le fossé entre zones rurales et ur baines constitue un autre défi majeur. Alors que le taux de scolarisation pri maire en milieu urbain s’élève à 96%, il n’est que de 83% dans les zones ru rales, révélant un écart de 13 points. Dans les régions reculées, les infra structures éducatives sont souvent in suffisantes, les écoles éloignées et les moyens de transport quasi inexistants. Cette réalité affecte particulièrement les filles, qui doivent parfois parcourir des distances considérables dans des conditions peu sécurisées.
litiques éducatives, «il serait injuste de ne pas reconnaître les avancées réa lisées par le Maroc, notamment dans la réduction des inégalités de genre dans l’éducation». «Entre 1999 et 2013, le taux de scolarisation des filles a augmenté de 28%, grâce à des pro grammes ciblés visant à encourager la fréquentation scolaire féminine, no tamment dans les zones rurales», pré cise-t-il. «Cependant, des efforts restent nécessaires pour renforcer cette dynamique et s'assurer que les filles, comme les garçons, bénéficient d’un accès égal et continu à l’éduca tion», estime ce spécialiste.
Pour remédier à ces inégalités, l’ESCWA préconise des stratégies d’investissement ciblées. «Cela va au delà de la simple allocation budgé taire», lit-on dans leur Policy Brief. L’éducation doit devenir une priorité nationale, avec des politiques inspirées des expériences réussies dans d’autres pays. L'ESCWA souligne que chaque dollar investi dans la réduction des écarts éducatifs génère des retombées significatives, non seulement en termes de croissance économique, mais aussi en matière de stabilité so ciale et de promotion de l'égalité. La création d'infrastructures sco laires dans les zones rurales, la forma tion continue des enseignants et l'utilisation de technologies pédago giques modernes sont des pistes concrètes. L’objectif étant de garantir que chaque enfant, quel que soit son milieu ou son lieu de résidence, puisse aspirer à une éducation de qualité.
Abdelkebir Rifassi considère que «le Maroc et les autres pays arabes pourraient s'inspirer des modèles de réussite à l'échelle mondiale». «Des na tions comme la Finlande et la Corée du Sud ont montré que des investisse ments stratégiques dans l'éducation peuvent transformer des systèmes iné galitaires en moteurs de développe ment inclusif. Ces pays ont adopté des politiques visant à garantir l'accès uni versel à une éducation de qualité, en mettant l'accent sur la formation des enseignants, l'égalité des chances et la réduction des écarts régionaux», ex plique ce spécialiste. Et d’ajouter : «Dans les pays arabes, des initiatives similaires ont été entreprises. L'Arabie saoudite, par exemple, a investi massi vement dans les infrastructures éduca tives rurales, tandis que la Jordanie a mis en place des programmes dédiés à l'inclusion des filles dans les STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). Le Maroc, quant à lui, pourrait tirer parti de ces expé riences pour développer des stratégies adaptées à ses réalités locales».
Le Royaume se trouve donc à un carrefour crucial. Réduire les dispari tés éducatives n’est pas seulement une question de justice sociale, mais un pi lier essentiel du développement dura ble et de la prospérité à long terme. Des investissements soutenus et une volonté politique forte sont indispen sables pour briser le cycle des inégali tés et garantir que l'éducation devienne réellement un moteur d'émancipation et de progrès pour toutes et tous.
Mehdi Ouassat