Une grève nationale a été organisée hier par l'UNIM : Les ingénieurs déterminés à aller jusqu'au bout


M'Hamed Hamrouch
Jeudi 27 Mai 2010

Une grève nationale a été organisée hier par l'UNIM  : Les ingénieurs déterminés à aller jusqu'au bout
"Si notre grève nationale aujourd'hui n'amène pas le gouvernement à revoir ses cartes, eh bien, nous allons inventer d'autres formes de protestation encore plus déterminantes”. Le propos est de Abdellah Saâidi, secrétaire général de l'Union nationale des ingénieurs marocains (UNIM). ”Détermination”, voilà le maître mot de la conférence de presse tenue, hier au Club de la presse à Rabat,  à l'occasion de la grève organisée le même jour à l'échelle nationale. Un grand nombre de grévistes ont troqué leur tenue d'ingénieurs pour se joindre à leurs collègues au Club de la presse, en guise de solidarité dans cette partie de fer musclée avec le gouvernement. ”Cela fait deux ans que nous revendiquons un dialogue sérieux et responsable avec le gouvernement; nous n'avons toujours pas obtenu satisfaction de nos revendications”, explique le SG de l'UNIM, en égrenant le chapelet de revendications somme toute légitimes. De toutes les élites de la Fonction publique, celle des ingénieurs est la plus lésée”, déplore M. Saâidi. Les salaires sont en bas de la grille, le moral du commun des ingénieurs également. ”Comment expliquer que, aujourd'hui, un ingénieur d'Etat débutant touche 6300 DH et celui qui est en fin de carrière perçoit pas plus que 12.000 DH?”, lance M. Saâidi, qui appelle à une revalorisation générale des salaires tenant compte du statut social de l'ingénieur, cheville ouvrière de ce Maroc où les pelleteuses fonctionnent à plein régime et où les chantiers se multiplient. ”Ce sont justement ces chantiers qui pâtiront de ce face-à-face avec le gouvernement”, renchérit le SG de l'UNIM, mais en précisant que cette dernière a été contrainte d’emprunter la voie de l'escalade. A ce stade, l'UNIM annonce sa décision d'observer une nouvelle grève nationale en juin prochain, mais à la différence près que cette grève s'étalera sur deux jours (48 heures). Le jour de ce nouveau débrayage n'a pas été encore dévoilé, mais rien que son évocation devrait donner matière à réfléchir à l'actuel gouvernement. Les ”solutions” mises sur la table des négociations par ce dernier ne seraient pas à la hauteur des professionnels du secteur, d'autant moins que ”l'injustice”qui leur est faite est flagrante. ”On ne comprend pas pourquoi les promotions se font ailleurs tous les deux ans (bien 2 ans), tandis que les ingénieurs n'y ont droit que tous les trois ans”, certifie le SG de l'UNIM, en ajoutant que ”le statut de l'ingénieur reste l'un des plus complexes au Maroc”. L'ingénieur serait-il le souffre-douleur de cette belle époque des grands chantiers ? Le paradoxe est plus que criant. Le projet de formation de 10.000 ingénieurs par an démontre l'intérêt que revêt cette catégorie professionnelle aux yeux de l'Etat, à juste titre d'ailleurs. L'accomplissement de ces formidables chantiers peut-il se faire sans les ingénieurs ? Il y a de quoi dégonfler le moral des troupes et les pousser à envisager d'autres pistes que celle de bosser pour la Fonction publique. ”Les ingénieurs, quand ils ne vont pas travailler aujourd'hui sous d'autres cieux, préfèrent le faire pour le secteur privé”, relève le SG de l'UNIM. L'exemple qu'il a donné est plus qu'édifiant.”Sur 92 ingénieurs que le ministère de l'Equipement et du Transport voulait embaucher dernièrement, seuls 12 ont répondu présent”, atteste Abdellah Saâïdi. Qui plante une autre pique : ”Je me demande pourquoi le gouvernement veut aujourd'hui faire appel aux ingénieurs marocains résidant à l'étranger, alors qu'il sait que son offre est proprement dite dérisoire”.
Au-delà de l'aspect matériel de son dossier revendicatif, l'UNIM appelle à une révision de fond en comble du statut de la profession, notamment en ce qui touche à la réglementation de la profession, à quoi il faudrait ajouter la nécessité d'évaluation du processus de formation des 10.000 ingénieurs.
A défaut de quoi, ”l'escalade ne fera qu'augmenter”, menacent les professionnels du secteur. ”Les syndicats nationaux, toutes tendances confondues, apportent leur soutien à notre cahier revendicatif”, fait valoir le SG de l'UNIM. ”L'UNIM, qui a été fondée en 1971,  est connue et reconnue comme étant le seul interlocuteur crédible  et l'unique porte-parole légitime des ingénieurs”, a précisé le premier responsable de l'UNIM, en mettant en garde contre des ”tentatives de parasitage” de la part d'un autre organisme qui aurait été créé pour faire de l'ombre aux réelles préoccupations des professionnels du secteur.


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