Une décharge publique au cœur de la Maâmora : Mort annoncée d’un poumon vert


Sofia Aliamet
Mercredi 13 Janvier 2010

Une décharge publique au cœur de la Maâmora : Mort annoncée d’un poumon vert
Selon des sources informées, le projet de décharge à proximité de la Maâmora verra bel et bien le jour prochainement. L’installation de cette décharge publique au cœur de la forêt et non loin de la ville de Sala Al Jadida avait suscité le tollé des habitants de cette cité. Le maire de Salé avait alors été contraint de renoncer au projet en septembre 2009.
Coup de théâtre à la fin de l’année lorsque les habitants de Sala Al Jadida apprirent que la décharge serait finalement implantée au cœur même de la Maâmora.
L’initiative laisse pour le moins songeur, à l’heure où le Royaume s’achemine vers une politique environnementale effective avec la création d’une « Charte pour l’environnement » et que la ville de Rabat elle-même va être proclamée « Cité verte»  en avril prochain lors de la journée de la Terre.
De plus, la localisation du futur centre de déchets suscite bon nombre d’interrogations et de critiques. Le dépotoir serait en effet proche de la Faculté des sciences juridiques et économiques de Salé, de l’institut Mohammed VI pour handicapés et du Technopolis de Rabat Salé. Cependant, l’aspect le plus préjudiciable est certainement la proximité du centre de la forêt de Maâmora. Plus grande forêt de chênes lièges au monde, la Maâmora est déjà bien mal en point à cause notamment du surpâturage, de l’abattage clandestin des arbres, et des visiteurs peu scrupuleux qui y laissent leurs déchets en toute impunité. D’une superficie de 133 000 hectares en 1995, l’on estime aujourd’hui qu’elle ne compte plus que 60 000 hectares, soir une perte annuelle de 1600 hectares environ, et ce principalement en raison de nombreux incendies qui la dévastent chaque année un peu plus.
Si une décharge s’implantait au cœur de la forêt, il est fort à parier que la flore serait touchée de plein fouet par la pollution due aux luxuviats (liquides émanant de la décomposition des déchets appelés aussi « jus des décharges »). De plus, cette forêt est un « poumon » économique de la capitale, car elle lui apporte non seulement de l’oxygène, mais également du bois, du charbon, des champignons et du miel entre autres.
La ville de Rabat-Salé se veut pionnière en matière d’environnement, comme en témoignent notamment les projets de dépollution de la vallée du Bouregreg et la finalisation d’un émissaire marin pour le traitement des eaux usées. Son principal défi aujourd’hui est de faire de cette politique environnementale une politique globale. S’inscrire dans une perspective durable, c’est aussi savoir renoncer à un projet qui de toute évidence détruirait une forêt dont l’histoire et la biodiversité constituent une richesse pour le Royaume tout entier.


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