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La banque centrale américaine, la Fed, a décidé mardi dernier de faire fluctuer son taux directeur entre 0 et 0,25%, soit un niveau historiquement bas et ce, afin d'empêcher la répétition d'une grande dépression et d'enrayer la déflation. Mais cette politique d'argent gratuit est-elle sans risque ? Le Professeur O'Driscoll, ancien vice-président de la Banque Fédérale de Dallas, tente de répondre à cette question. Il montre, à travers une analyse très perspicace, comment l'obsession de Ben Bernanke d'empêcher une nouvelle grande dépression, finira sans doute par créer une inflation qu'il sera difficile de contenir dans l'avenir.
Aux Etats-Unis le spectre de la déflation hante le patron de la Federal Reserve Ben Bernanke. La baisse spectaculaire du taux d'intérêt directeur de la Fed mardi 16 décembre traduit la peur de Bernanke d'une Grande dépression du genre de celle des années 30. La Fed a baissé le "Federal funds rate", le taux de refinancement des banques pour se prêter entre elles tous les soirs sur le marché interbancaire. Ce taux oscille désormais entre 0 et 0,25%, soit un niveau historiquement bas.
En même temps beaucoup d'observateurs considèrent que l'effet cumulé de cette baisse et des baisses précédentes de la part de la Fed est susceptible de générer de l'inflation. Ils rappellent le prix en hausse de l'or pour étayer leurs dires sur le risque inflationniste.
Nous dirigeons-nous donc vers une nouvelle Grande dépression ou vers une inflation débridée ? Aucune des deux situations n'est vraiment susceptible de se produire mais, pour la première fois depuis des décennies, aucune n'est vraiment inenvisageable non plus. L'économie américaine est en fait menacée à la fois par des forces déflationnistes et inflationnistes.
Pour le moment, si l'on en croit l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) américain qui est tombé de 1,7% en novembre, la déflation semble avoir le dessus. Mais il faut ici opérer une distinction importante. La déflation est une baisse durable des prix ; et la baisse des prix à la consommation dont nous avons été témoins jusqu'ici reflète en très grande partie l'éclatement de la bulle pétrolière, et non une force de long terme.
D'un pic de presque 150 dollars le baril, le prix de l'or noir est tombé sous les 41 dollars. Cette chute se traduit toujours en baisses de prix à la pompe - et donc en baisses des chiffres de l'IPC.
Il est vrai aussi que la faiblesse de l'économie a refroidi la demande pour des gros achats tels que les maisons ou les automobiles. Par ailleurs les consommateurs peuvent trouver d'autres moyens d'économiser, peut-être en repoussant une coupe de cheveux ou un rendez-vous chez le dentiste. Tous ces exemples expliquent, à côté d'autres facteurs, le ralentissement accru de l'économie, qui a de fortes chances de se prolonger l'année prochaine.
Mais il est peu probable que cela génère une réelle déflation, qui, encore une fois, est une baisse durable des prix dans toute l'économie. Et s'il y a peu de chances que cela arrive, c'est précisément parce que Ben Bernanke est hanté par la déflation de la dépression des années 30.
Ayant étudié en profondeur cette période de l'histoire économique, Bernanke est bien conscient que la Fed à l'époque de la Grande Dépression avait tergiversé pendant que l'économie s'effondrait. Monnaie et crédit avaient subi une forte contraction dans les années 30 et Bernanke s'est juré de ne jamais permettre à cela d'arriver à nouveau tant qu'il serait responsable de la Fed.
En effet, la Fed de Bernanke a pris des mesures exceptionnelles pour fournir des liquidités aux marchés du crédit, dans le cadre d'une gamme variée de programmes de prêts. Un des exemples les plus spectaculaires est le rachat de 600 milliards de dettes immobilières émises ou garanties par Fannie Mae et Freddie Mac. La crise a commencé dans l'immobilier et ne se terminera que lorsque le marché immobilier se stabilisera.
Dans sa déclaration de mardi, la Fed a annoncé qu'elle "emploierait tous les instruments pour promouvoir le retour d'une croissance économique durable et préserver la stabilité des prix". En d'autres termes, elle fera tout ce qui est nécessaire pour empêcher la déflation.
Les effets du crédit facile ont été lents à se répercuter sur l'économie. Cela a été en partie parce que de nombreux consommateurs, propriétaires immobiliers et entreprises, accablés par le fardeau d'une dette excessive, ont utilisé des mannes telles que la baisse du prix du carburant pour rembourser leur dette.
Cependant, avec des taux d'intérêt historiquement bas, les gens ordinaires chercheront éventuellement à emprunter. Peut-être qu'au-delà d'un certain seuil cela ré-amorcera la machine de la dynamique économique.
La Fed a créé littéralement des lacs de crédit. Ces lacs sont pour le moment retenus par les barrages de la peur et la prudence. Cependant lorsque les barrages cèderont, cela pourra sans doute déchaîner des forces inflationnistes qu'il sera alors difficile de contenir. Exactement comme des taux d'intérêt à 1% sous Alan Greenspan nous ont donné une bulle immobilière, des taux de 0 % sous Bernanke pourront générer une nouvelle bulle.
Aujourd'hui cette possibilité semble éloignée à beaucoup d'observateurs. Pourtant, il se pourrait bien qu'un prix de l'or à plus de 800 $ signale en réalité une inflation, et non une déflation, pour 2010 et après.
Gerald O'Driscoll Jr. est ancien vice-président de la Banque Fédérale de Dallas et analyste au Cato Institute.
Cet article est paru originellement dans le quotidien américain New York Post. Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org.
www.UnMondeLibre.org
Aux Etats-Unis le spectre de la déflation hante le patron de la Federal Reserve Ben Bernanke. La baisse spectaculaire du taux d'intérêt directeur de la Fed mardi 16 décembre traduit la peur de Bernanke d'une Grande dépression du genre de celle des années 30. La Fed a baissé le "Federal funds rate", le taux de refinancement des banques pour se prêter entre elles tous les soirs sur le marché interbancaire. Ce taux oscille désormais entre 0 et 0,25%, soit un niveau historiquement bas.
En même temps beaucoup d'observateurs considèrent que l'effet cumulé de cette baisse et des baisses précédentes de la part de la Fed est susceptible de générer de l'inflation. Ils rappellent le prix en hausse de l'or pour étayer leurs dires sur le risque inflationniste.
Nous dirigeons-nous donc vers une nouvelle Grande dépression ou vers une inflation débridée ? Aucune des deux situations n'est vraiment susceptible de se produire mais, pour la première fois depuis des décennies, aucune n'est vraiment inenvisageable non plus. L'économie américaine est en fait menacée à la fois par des forces déflationnistes et inflationnistes.
Pour le moment, si l'on en croit l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) américain qui est tombé de 1,7% en novembre, la déflation semble avoir le dessus. Mais il faut ici opérer une distinction importante. La déflation est une baisse durable des prix ; et la baisse des prix à la consommation dont nous avons été témoins jusqu'ici reflète en très grande partie l'éclatement de la bulle pétrolière, et non une force de long terme.
D'un pic de presque 150 dollars le baril, le prix de l'or noir est tombé sous les 41 dollars. Cette chute se traduit toujours en baisses de prix à la pompe - et donc en baisses des chiffres de l'IPC.
Il est vrai aussi que la faiblesse de l'économie a refroidi la demande pour des gros achats tels que les maisons ou les automobiles. Par ailleurs les consommateurs peuvent trouver d'autres moyens d'économiser, peut-être en repoussant une coupe de cheveux ou un rendez-vous chez le dentiste. Tous ces exemples expliquent, à côté d'autres facteurs, le ralentissement accru de l'économie, qui a de fortes chances de se prolonger l'année prochaine.
Mais il est peu probable que cela génère une réelle déflation, qui, encore une fois, est une baisse durable des prix dans toute l'économie. Et s'il y a peu de chances que cela arrive, c'est précisément parce que Ben Bernanke est hanté par la déflation de la dépression des années 30.
Ayant étudié en profondeur cette période de l'histoire économique, Bernanke est bien conscient que la Fed à l'époque de la Grande Dépression avait tergiversé pendant que l'économie s'effondrait. Monnaie et crédit avaient subi une forte contraction dans les années 30 et Bernanke s'est juré de ne jamais permettre à cela d'arriver à nouveau tant qu'il serait responsable de la Fed.
En effet, la Fed de Bernanke a pris des mesures exceptionnelles pour fournir des liquidités aux marchés du crédit, dans le cadre d'une gamme variée de programmes de prêts. Un des exemples les plus spectaculaires est le rachat de 600 milliards de dettes immobilières émises ou garanties par Fannie Mae et Freddie Mac. La crise a commencé dans l'immobilier et ne se terminera que lorsque le marché immobilier se stabilisera.
Dans sa déclaration de mardi, la Fed a annoncé qu'elle "emploierait tous les instruments pour promouvoir le retour d'une croissance économique durable et préserver la stabilité des prix". En d'autres termes, elle fera tout ce qui est nécessaire pour empêcher la déflation.
Les effets du crédit facile ont été lents à se répercuter sur l'économie. Cela a été en partie parce que de nombreux consommateurs, propriétaires immobiliers et entreprises, accablés par le fardeau d'une dette excessive, ont utilisé des mannes telles que la baisse du prix du carburant pour rembourser leur dette.
Cependant, avec des taux d'intérêt historiquement bas, les gens ordinaires chercheront éventuellement à emprunter. Peut-être qu'au-delà d'un certain seuil cela ré-amorcera la machine de la dynamique économique.
La Fed a créé littéralement des lacs de crédit. Ces lacs sont pour le moment retenus par les barrages de la peur et la prudence. Cependant lorsque les barrages cèderont, cela pourra sans doute déchaîner des forces inflationnistes qu'il sera alors difficile de contenir. Exactement comme des taux d'intérêt à 1% sous Alan Greenspan nous ont donné une bulle immobilière, des taux de 0 % sous Bernanke pourront générer une nouvelle bulle.
Aujourd'hui cette possibilité semble éloignée à beaucoup d'observateurs. Pourtant, il se pourrait bien qu'un prix de l'or à plus de 800 $ signale en réalité une inflation, et non une déflation, pour 2010 et après.
Gerald O'Driscoll Jr. est ancien vice-président de la Banque Fédérale de Dallas et analyste au Cato Institute.
Cet article est paru originellement dans le quotidien américain New York Post. Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org.
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