Le monde arabe à la croisée des chemins ou l’émergence de grandes incertitudes


Mostafa Kharoufi
Mardi 7 Janvier 2025

Valeur de l’indice de développement humain de la région arabe 2023 (inferieure à sa tendance de 2019)
Valeur de l’indice de développement humain de la région arabe 2023 (inferieure à sa tendance de 2019)
Depuis l’année 2000, le monde arabe est aux prises avec de multiples fragilités, souvent exacerbées par des conflits et une instabilité politique, à tel point que les niveaux élevés de risques conduiraient non seulement à atténuer le progrès économique réalisé, mais aussi à ralentir considérablement les économies dans leur ensemble. En effet, les perspectives de croissance économique semblent figées en raison d’une incertitude accrue causée par les tensions géopolitiques : perte de confiance des entreprises et des consommateurs, évolution lente du tourisme (un secteur particulièrement vulnérable à l’insécurité), sorties de capitaux et resserrement perceptible des conditions financières.

Trois rapports publiés en 2024 livrent une trajectoire qui illustre la crise multidimensionnelle qui semble saper la résilience des sociétés arabes, faisant état d’incertitudes qui planent sur le développement, ce qui risque d’amplifier les souffrances de ceux qui sont déjà pauvres ou marginalisés.

Le premier a été publié en juin par les Nations unies sous le titre Inequality in the Arab region: Crisis uponcrisis ;
Le deuxième est issu de la Banque mondiale en octobre : Growth in the Middle East and North Africa. Middle East and North Africa Economic Update;
Le troisième est à caractère mondial : Rapport du PNUD sur le développement humain 2023-2024 intitulé : Sortir de l’impasse.

Tous les trois ont bénéficié de conseils sur les données statistiques utilisées, en ce qui concerne plusieurs aspects méthodologiques et le calcul des indices de développement humain (indicateurs importants, quoique sommaires), pour livrer des analyses macroéconomiques assez pertinentes, soulignant aussi les initiatives entreprises avec succès par les Etats arabes en faveur des gains de productivité.
 
Au-delà des spécificités de chaque pays arabe et des différences majeures qui caractérisent les systèmes économiques en place, le développement y semble marquer une bifurcation déplorable de sa trajectoire, avec deux observations majeures qui émergent : le ralentissement de la croissance et le creusement des inégalités sociales, sur une toile de fond dominée par quatre constats récurrents :

Un déficit de pouvoir d’action exacerbé à la fois par l’incertitude, l’insécurité et la polarisation ;
Une faible intégration ; la région arabe est l’une des régions les moins intégrées. L’impact se fait sentir particulièrement sur les économies et sur la gestion et la résolution des conflits ;
Des niveaux de vie qui pâtissent d’une mauvaise répartition des compétences et des ressources ;
Un manque de vision stratégique et une focalisation des politiques sur le court terme ; ce qui affaiblit la justice intergénérationnelle, en particulier dans les domaines économique et social.

Rappelons tout de même que bien que ce qui sous-tend l’élaboration des politiques varie d’un pays arabe à l’autre et dépende des ressources disponibles, de la population et du système politique, elle est profondément marquée par un modèle rentier. Ce dernier est dominé par une logique de l’accumulation de rentes par l’État, grâce à l’exploitation des ressources naturelles, la distribution de biens et de services subventionnés, une présence d’entreprises publiques et un contrôle sur la distribution des ressources et des opportunités économiques. Un modèle qui malgré une croissance économique -en trompe l’œil- de 5% lors des années 2000 (expliquant une augmentation des flux commerciaux et des investissements mais qui reste portée par l’importation de biens de consommation ou l’investissement dans des secteurs à rentabilité rapide mais limitée), conduit à des inégalités socioéconomiques croissantes dans l’accès aux opportunités et reproduit les élites (bien souvent de façon héréditaire). Ce modèle marginalise les acteurs essentiels au développement (syndicats, associations, secteur privé) dans les processus d’élaboration des politiques publiques et tient toujours par une consécration d’approches autoritaires et coercitives et la mainmise militaire sur les espaces économiques.

En se référant aux deux défis auxquels sont confrontés les pays du monde arabe, les économies de ces derniers sont caractérisées par une polarisation sur peu de secteurs industriels, des taux d’emploi parmi les plus faibles du monde, une gestion rentière des ressources et une corruption conduites et organisées par les oligarchies claniques au pouvoir, impliquant ou non les militaires.

La montée des inégalités touchant des groupes marginalisés, en particulier les pauvres, les jeunes et les femmes, perpétue un autre cycle de disparités multidimensionnelles et amplifie le risque de crises futures, ceci est particulièrement perceptible sur le plan géographique et selon les sexes. Aujourd’hui, si on se base uniquement sur les inégalités de revenus, la région arabe est la plus inégalitaire au monde. Une partie de ces inégalités s’explique par des différences entre les pays (à revenu élevé ; moyen ou faible). Mais les inégalités ne concernent pas seulement une mesure de la richesse relative, puisqu’elles englobent de multiples formes de privation : celles entre les zones rurales et urbaines au sein des pays demeurent un grand défi et continuent d’augmenter rapidement, avec des effets significatifs sur l’égalité d’accès aux services de base.[[1]]url:#_ftn1

Certes, les conséquences de ces inégalités sont à ce jour variées. Pour l’heure, seuls sont notées quelques tensions convulsives, parfois sous forme de phénomènes morbides localisés et contenus, qui mettent à distance d’une véritable crise organique. Faut-il rappeler que les crises organiques, selon Antonio Gramsci, avec leurs corolaires (chômage de masse permanent, inégalités croissantes, développement de la précarité, destruction des statuts) sont d’une autre gravité ; elles surviennent« lorsque l'ancien meurt et le nouveau n’est pas encore né… ».

Mais quel que soit le niveau absolu des inégalités, les perceptions négatives qui en découlent sont réelles et peuvent avoir un effet néfaste sur le comportement des individus. Ainsi, selon les données de Gallup (connu pour les sondages  menés dont les résultats sont publiés par différents médias), plus des trois quarts des personnes dans certains pays arabes déclarent que l’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé en l’espace d’un an seulement. De plus, nombreuses sont les personnes dans la région qui estiment que leur situation s’est détériorée.

Alors qu’auparavant, la plupart des habitants de la région arabe avaient exprimé leur optimisme quant aux conditions économiques, l’année 2022 a marqué un tournant dans les niveaux d’optimisme du public. Ainsi, en 2015, par exemple, 55% des personnes interrogées ont déclaré que les conditions économiques de la région s’amélioraient, alors qu’en 2022 et pour la première fois, une majorité de personnes interrogées ont exprimé des opinions pessimistes : puisque 52% des personnes interrogées ont déclaré que les conditions économiques se dégradaient. L’année 2022 a également enregistré un nouveau record dans la proportion de la population arabe trouvant très difficile de vivre avec le revenu actuel perçu (soit 23 %).

Il faut dire qu’entre 2015 et 2023, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté est passé de 100 millions à 150 millions, une augmentation qui a conduit à des taux d’inégalité élevés de 28 à 35% de la population de la région. Celui des personnes vivant dans l’extrême pauvreté a également doublé, passant de 34 millions en 2015 à 85 millions de personnes en 2023, soit une augmentation de 9 à 20%.

Source: United Nations (Economic and Social Commission for Western Asia). - Inequality in the Arab region Crisis upon crisis. – 2024, p. 16
Source: United Nations (Economic and Social Commission for Western Asia). - Inequality in the Arab region Crisis upon crisis. – 2024, p. 16
Ralentissement de la croissance et approfondissement des inégalités

Quatre faiblesses apparaissent saillantes : celle de la croissance, celle de la productivité, celle de l’emploi et celle de la capacité institutionnelle ; cette dernière s’explique par l’omnipotence des Etats rentiers qui sont en faveur du statu quo et du rejet des réformes économiques profondes.

Alors que l’économie mondiale est en reprise, il semble que nous sommes vraisemblablement loin d’une croissance inclusive qui améliore le niveau de vie de tous, notamment des populations pauvres et vulnérables : le taux de pauvreté au seuil de 3,65 $ pourrait avoir augmenté de 0,1 à 0,8 point de pourcentage, et le taux de pauvreté au seuil de 6,85 $ pourrait avoir augmenté de 2,2 à 2,3 points de pourcentage[[3]]url:#_ftn3 .Car si la situation des pays arabes exportateurs d’hydrocarbures apparait bien meilleure (principalement dans le Golfe arabique), celle de certains pays en développement importateurs de pétrole[[4]]url:#_ftn4 manifeste une fragilité perceptible à travers une faible productivité du travail, en grande partie informelle et en baisse (par rapport à la moyenne mondiale).

Les économies des pays de la région ne parviennent pas à rattraper leur retard sur le reste du monde. Au cours des 50 dernières années, le revenu moyen par habitant de cette région n’a augmenté que de 62%, alors que sur la même période, il a quadruplé dans les pays émergents et en développement et doublé dans les économies avancées. Seuls quelques pays de la région arabe ont réussi à ne pas s’écarter des niveaux de vie des pays les plus riches (ce que les économistes appellent le niveau de référence), tandis que ceux où des conflits ont éclaté ont avancé rapidement, mais dans la mauvaise direction. Pour atteindre ne serait-ce que la moitié du niveau de PIB par habitant de l'économie de référence actuelle, la région devrait croître en moyenne de 3,8% par an en termes de PIB par habitant au cours des trois prochaines décennies, alors que les performances actuelles de la région (mise à rude épreuve par la fragilité, les conflits et l'incertitude) sont bien inférieures à ce taux.

A l’heure de la mondialisation et du règne de ses règles inéquitables, des obstacles se dressent devant le progrès social pour favoriser les riches et les puissants et en négligeant l’impact social des politiques économiques. L’augmentation considérable du niveau d’éducation depuis les décolonisations se traduit par un sous-emploi des diplômés et des taux d’expatriation anormalement élevés des qualifiés.

De telles « règles » n’épargnent pas la plupart des pays arabes, ou la redistribution des ressources par la fiscalité ne représente pas un enjeu important, et où l’obsession des administrations fiscales réside dans la recherche de nouveaux contribuables, dont la majorité sont de petites entreprises et des personnes modestes. Une approche associée à l’idée que le secteur informel est la principale source de recettes fiscales non recouvrées, alors que le monde connaît une forte évasion fiscale et de capitaux corrélée à une faible imposition des personnes fortunées.

Source: World Bank. - Growth in the Middle East and North Africa. Middle East and North Africa Economic Update (October), Washington, DC: World Bank. DOI: 10.1596/978-1-4648-2179-0. 2024, p. 11
Source: World Bank. - Growth in the Middle East and North Africa. Middle East and North Africa Economic Update (October), Washington, DC: World Bank. DOI: 10.1596/978-1-4648-2179-0. 2024, p. 11
Faut-il rappeler que les multinationales auraient transféré jusqu’à 1.000 milliards de dollars de bénéfices dans des paradis fiscaux en 2022. Cela risque de compromettre non seulement les recettes fiscales, mais surtout de saper la confiance générale dans le système fiscal et d’affaiblir tout « contrat social ».

Dans un tel contexte, l’hégémonie de l’économie rentière explique la faiblesse de l’industrie manufacturière et l’investissement privé dans les secteurs productifs. De plus, l’intégration des économies arabes dans les chaînes de valeur mondiales est toujours faible ; tandis que le commerce intrarégional se heurte encore à de nombreux obstacles : seulement 13% du commerce total, loin d’atteindre son potentiel de croissance et d’emploi durable dans la région arabe, qui est à la traîne par rapport aux autres régions émergentes.

Les pays ayant des revenus moyen et faible présentent des niveaux plus élevés d’inégalités multidimensionnelles et semblent particulièrement vulnérables à ce sujet ; tandis que les pays à revenu intermédiaire, semblent se rapprocher inéluctablement d’une situation de crise…

Le monde arabe à la croisée des chemins ou l’émergence de grandes incertitudes
Notons que l’augmentation de l’insécurité alimentaire et de la sous-nutrition a entraîné une hausse des inégalités dans l’accès à l’alimentation entre 2015 et 2021, alors que les exportations de fruits et légumes ont augmenté au cours de la même période. Ce paradoxe s’explique par l’incapacité des petits agriculteurs des communautés rurales qui n’ont pas été en mesure d’investir dans de nouveaux systèmes de production, ce qui leur pose des défis pour nourrir leurs communautés locales. Il faut dire aussi que la sécheresse a réduit les rendements et les petits exploitants agricoles ont vu leur capacité à investir dans leurs terres se détériorer, d’où le creusement des inégalités entre les agriculteurs eux-mêmes. Pour les « plus exclus » parmi eux, les mécanismes disponibles pour répondre à une crise aussi conjoncturelle soit-elle, ont un effet négatif sur leurs perspectives. L’augmentation de la faim dans la région démontre l’ampleur et l’impact désastreux de crises multiples (notamment au Soudan, au Yémen, en Somalie) constitue un réel danger pour les générations futures.

Le monde arabe à la croisée des chemins ou l’émergence de grandes incertitudes
Huit pays de la région arabe ont aujourd’hui des valeurs d’indice de développement humain inférieures à la moyenne par rapport à leur taille de population. L’Algérie, en particulier, malgré ses recettes en provenance du pétrole et du gaz, obtient paradoxalement un score inférieur de 32% en matière de qualité des infrastructures (par rapport aux pays de l’OCDE) par exemple. Visiblement, ce pays qui a augmenté récemment son budget militaire de 10%, semble plus attentif aux menaces souvent fictives et se désintéresse des questions liées aux réformes et au pluralisme…

Dans le cas du Maroc, qui devrait voir le taux de croissance de son PIB réel dévisser, de 3,4% en 2023 à 2,9% en 2024 en raison de la contraction du secteur agricole due à une longue sécheresse[[7]]url:#_ftn7 , par exemple, deux formes d’inégalités ont augmenté entre 2015 et 2021 : l’inégalité dans l’accès à l’alimentation et l’inégalité parmi les jeunes. L’enquête nationale sur le niveau de vie des ménages publiée par le Haut-Commissariat au Plan  [[8]]url:#_ftn8 corrobore une aggravation des disparités sociales. Après avoir enregistré une diminution (de 39,5% en 2014 à 38,5% en 2019), les inégalités du niveau de vie entre les ménages, évaluées par l'indice de Gini, se sont accrues pour atteindre 40,5% en 2022. L’enquête précise aussi que cette tendance à la hausse des inégalités est plus prononcée en milieu urbain, passant respectivement de 38,8% à 37,9%, puis à 40%, qu’en milieu rural où elles ont respectivement évolué de 31,7% à 30,2%, pour atteindre 31,1%. De même, les disparités entre les milieux urbain et rural, mesurées par le rapport entre le niveau de vie moyen des citadins et celui des ruraux, se sont creusées, passant de 1,9 fois en 2014 à 1,8 fois en 2019, pour ensuite atteindre 1,9 fois en 2022… Quant à l’effectif des pauvres, il a enregistré un accroissement annuel puisqu’il a fortement augmenté dans les villes et dans les campagnes. Il en est de même du nombre d’individus économiquement vulnérables qui est passé de 2,6 millions d’individus en 2019 à 4,75 millions en 2022, enregistrant un accroissement annuel moyen de 23,6%.
 
Incidence de la pauvreté en milieu rural
Il n’en demeure pas moins que nous savons souvent peu de choses sur l'évolution de la pauvreté pendant et après la Covid-19 en raison du manque d'enquêtes sur le budget des ménages après l’année 2020 (les estimations les plus récentes pour la région arabe datent de 2019),mais selon le rapport de la Banque mondiale Poverty, Prosperity, and Planet 2024 [[9]]url:#_ftn9 , l'extrême pauvreté dans la région devrait également augmenter à l’horizon 2030, principalement en raison de perspectives de croissance incertaines dans certains pays en guerre (Yémen, Syrie, Libye, Palestine, Liban, Soudan, Somalie).

Faut-il rappeler que peu de pays réalisent des estimations annuelles de la pauvreté fondées sur des données d’enquêtes. Or, pour évaluer la pauvreté, les estimations des enquêtes doivent être harmonisées sur une année de référence et suffisamment agrégées ; soit une règle essentielle pour présenter des estimations pour une année.  Quelques pays arabes seulement ont conduit des enquêtes sur le budget des ménages après l’année de pandémie de 2020, mais l’accès aux données disponibles nécessaires pour calculer les taux de pauvreté des années n’est pas facile; cependant, aucune enquête sur le budget des ménages post-Covid-19 n’a été menée en Algérie, à Djibouti, au Soudan et au Yémen.
Des inégalités bien ancrées augmentent la probabilité de crises, tandis que les crises aggravent les inégalités

Si la relation entre les conflits et les inégalités est complexe et multiforme ; (les inégalités peuvent être une cause de conflit, mais les conflits peuvent également contribuer aux inégalités sociales, en détruisant les moyens de subsistance et les infrastructures et en perturbant l’accès aux services sociaux de base), le ralentissement de la croissance économique entraîne souvent des pertes d’emploi, des réductions du pouvoir d’achat et une augmentation des taux de pauvreté. Les trois rapports cités insistent sur le rôle que jouent les inégalités dans l’explication de la croissance, de l’émigration, de la pauvreté et nous rappellent que la région arabe est la seule au monde où la pauvreté augmente et où le taux de chômage est le plus élevé, avec quelques conclusions :

Les conflits et troubles ont augmenté dans plusieurs pays, créant des obstacles aux progrès vers un développement durable.
Les inégalités dans la répartition des ressources et des opportunités sont présentes dans de nombreux aspects, mais la dimension la plus couramment mesurée est l'inégalité des revenus ;
Les chocs récents, notamment la pandémie de Covid-19, ont accentué les inégalités ;
La réduction de la pauvreté devrait rester lente et l’objectif de son éradication est loin d’être atteint ;
Les conséquences ont été plus marquées dans les pays à faible revenu, pour les ménages pauvres, ainsi que pour les femmes et les filles, les personnes handicapées, les migrants et les réfugiés.
 
Inégalités multidimensionnelles au Maroc
 
Conclusion

Lorsqu’on aborde les questions du ralentissement de la croissance et du creusement des inégalités, on ne saurait occulter la dimension institutionnelle et politique. D’ailleurs tous les écrits sur le développement appellent à faire rentrer de plain-pied des analyses sur les choix des «politiques des inégalités» et le rôle des «inégalités politiques» (comme l’impact de la concentration du pouvoir, de la séparation des pouvoirs, etc.).

Ainsi, l’évaluation du développement devrait aller au-delà d’une lecture des indicateurs conventionnels servant parfois à se satisfaire des services (subventions du pain, gratuité de services comme l’éducation), pour adopter une grille de lecture originale et éminemment politique du «contrat social» qui confère au pouvoir une plus grande légitimité en permettant à la société d’avoir voix au chapitre pour ce qui concerne l’allocation des ressources publiques et le pouvoir réglementaire. Car depuis les indépendances des pays arabes, plusieurs changements sont intervenus et le type de contrat social n’est plus basé uniquement sur la redistribution des rentes permettant aux populations d’accéder à l’énergie et aux denrées alimentaires à prix subventionnés, à une éducation, contre l’assentiment politique.

Peut-être faut-il rappeler que les soulèvements de 2011 dans plusieurs pays arabes ont exprimé une certaine insatisfaction vis-à-vis des contrats sociaux, érodés par le recul des prestations sociales conjugué à une plus lourde fiscalité, et qui n’assuraient plus ni la participation à la vie politique, ni l’octroi d’avantages sociaux substantiels (au moins pour une grande partie de la population) …

Mostafa Kharoufi
Sociologue et géographe diplômé de sciences politiques et de sciences de l’éducation,
Expert accrédité par le bureau des Nations unies en charge des crises

 
United nations Economic and Social Commission for Western Asia. - Inequality in the Arab region Crisis upon crisis. -Beirut 2024
United nations ESCWA. - Inequality in the Arab region Crisis upon crisis. – Beirut, 2024, p. 19
World Bank.- Growth in the Middle East and North Africa. Middle East and North Africa Economic Update (October), Washington, DC: World Bank., 2024, p. 15
World Bank- Growth in the Middle East and North Africa. Middle East and North Africa Economic Update (October), Washington, DC: World Bank. DOI: 10.1596/978-1-4648-2179-0. License: Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO, p. 8
PNUD. - Rapport sur le développement humain 2023-2024: Sortir de l’impasse. – 2024, p. 16
United Nations ESCWA. - Arab Sustainable Development Report. – 2024, p. 17
Banque mondiale. – Croissance au moyen=orient et en Afrique du Nord. – 2024, p. 9
Haut-Commissariat au Plan. – Evolution du niveau de vie des populations à la lumière des résultats de l’enquête Nationale sur le niveau de vie des ménages. 2024- p. 15, 16 et 17 et 23
World Bank. - World Bank. 2024. Poverty, Prosperity, and Planet Report 2024: Pathways Out of the Polycrisis. - Washington, DC: World Bank. doi:10.1596/978-1-4648-2123-3. License: Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO.


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