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A juste titre, le Haut-commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, qui s’exprimait lors de la tenue à Rabat de la troisième rencontre scientifique du Jardin Zoologique National (JZN) sous le thème "Commerce illicite de la faune sauvage : Quelle stratégie de protection ? Quels moyens de lutte et quels rôles des différents intervenants ?", a souligné que cette occasion est idoine pour procéder à une évaluation des réalisations accomplies et d'échanger les idées sur la stratégie nationale en la matière, après la mise à niveau de l'arsenal juridique afférent au phénomène de trafic illicite de la faune sauvage.
De même, M. Lhafi, également directeur général du JZN, a noté qu’il a y une forte corrélation entre les espèces animales et l'écosystème et tout ce qui les affecte, impacte directement écosystème, notamment la faune et la flore.
Pour sa part, Hayat Mesbah de la Direction de la lutte contre la désertification et de la protection naturelle (DLCDPN) a fait savoir lors du panel sur «Le commerce illicite de la faune sauvage au niveau national : état des lieux et stratégie de lutte », que le commerce illégal au Maroc touche plusieurs espèces à l’instar du singe magot, tortues, oiseaux exotiques et reptiles..., notant que les causes ont trait principalement à l’augmentation de la demande, la croyance et la culture marocaine, le tourisme, la demande internationale (exemple de l’anguille), l’augmentation de l’offre et la pauvreté.
Et de préciser que les différents acteurs impliqués dans la lutte contre le commerce illégal au Maroc sont les départements habilités à mettre en application la loi (HCEFLCD, la Douane, la gendarmerie Royale, la police de l’environnement, le département de l’Intérieur...)
De son côté, Yvan Lafleur, expert au CITES (Convention on international trade in endangered species of wild fauna and flora) a donné quelques cas concrets de plans d’action étrangers signalant que chaque pays adopte un cadre juridique et un plan d’action national de lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages.
Dans ce sillage, la DLCDPN a abordé le cas du Maroc en indiquant que le HCEFLCD, en sa qualité d’organe de gestion, a élaboré un plan d’action national de lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages.
«Un plan d’action pour la mise en œuvre de la loi 29-05 a été élaboré et mis en œuvre, comportant des axes qui concernent le renforcement des capacités des gestionnaires du HCEFLCD et de l’Administration des douanes; l’éradication du marché des espèces sauvages et des produits dérivés, la réglementation de la détention de la faune sauvage notamment pour les activités liées à la conservation du patrimoine culturel marocain; l’amélioration de la coordination avec les partenaires au niveau national et régional en matière de lutte contre le trafic illégal des espèces sauvages; le développement d’un programme de sensibilisation à la lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages.
Quant au Dr Abderrahim Essalhi du JZN, il a évoqué le cas de Jamaa El Fna qui s’avère être le plus délicat en matière de réglementation de la détention des animaux. Dans ce sens, Dr Essalhi a rappelé les différents risques sanitaires que présente le site précisant qu’avec le cas du singe magot, il s’agit notamment du stress des animaux et des mauvaises conditions d’hébergement (hygiène, malnutrition, maltraitement), des aspects sanitaires avec les mauvaises conditions d’hébergement des animaux (caisses, entassement des individus dans des conditions hygiéniques défectueuses) , du manque de surveillance et monitoring sanitaire, du manque de données sur l’origine des animaux, de la possibilité de transmission de maladies homme, singe et inverse (zoonoses) et du manque du système d’identification des animaux et leur suivi. Pour le cas des tortues grecques, Dr Essalhi a fait observer que le stress, les mauvaises manipulations des animaux, les maladies et taux de mortalité, les mauvaises conditions de détention et d’hébergement des tortues, le maltraitement et la malnutrition figurent parmi les premiers risques encourus au sein du site en question.
Au sujet du plan d’action au niveau de la place de Jamaa El Fna, Zouhair Amhaouch de la DLCDPN a affirmé que la DREFLCD-HA développe avec les partenaires régionaux un plan visant justement à réglementer la détention des animaux pour l’activité de spectacle au niveau de la place Jamaa El Fna et qui concerne principalement le recensement des personnes en activité liée à la détention des animaux; le marquage des spécimens; la délivrance des permis de détention; l’examen des conditions de détention des animaux (le partenariat avec le conseil municipal de Marrakech et avec la SPANA sera négocié afin de normaliser l’activité de détention dans un centre d’hébergement des animaux).
Organisée par le Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) à l'occasion du quatrième anniversaire du Jardin Zoologique National, cette 3ème rencontre scientifique qui s’est focalisée avec pertinence sur le commerce illicite de la faune sauvage et à laquelle ont participé scientifiques et experts, s’est également penchée sur l’impact de ce type de commerce sur la biodiversité marocaine, africaine et mondiale.
Des chiffres et des maux
La commission des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale a adopté une résolution appelant les nations du monde à «considérer la criminalité contre la faune sauvage et les forêts comme une forme sérieuse de crime organisé, et à renforcer les sanctions contre les mafias et les réseaux qui profitent de ce commerce illicite».
Le « trafic illégal d’espèces sauvages » désigne tout crime environnemental qui implique le commerce, la contrebande, la capture, la collecte ou le braconnage illégaux d’espèces menacées, d’espèces sauvages et de dérivés ou de produits de ces espèces. Il existe de nombreuses estimations différentes quant à la valeur financière du trafic illégal d’espèces sauvages au niveau mondial. Cependant, il est difficile de trouver des chiffres fiables, pour la simple raison que ce commerce est illégal.
Aussi, d’après le Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, dite CITES, le trafic d’espèces sauvages est estimé à plus de 14 milliards de dollars par an dans le monde. Le commerce de la pêche non déclaré et non réglementé a été estimé, à lui seul, entre 4,2 et 9,5 milliards de dollars par an, le commerce illégal du bois à pas moins de 7 milliards de dollars par an et le trafic illégal d’espèces sauvages entre 7,8 et 10 milliards de dollars par an.
En additionnant ces trois secteurs, le trafic illégal d’espèces sauvages représente le quatrième trafic mondial après la drogue, la contrefaçon et le trafic d’êtres humains et constitue une problématique environnementale majeure qui risque de mettre en péril une partie substantielle de la biodiversité de notre planète, déjà largement fragilisée.