Sur fond de menaces de prélèvement des journées de grève sur le salaire des fonctionnaires

Cinq centrales syndicales passent à l’offensive


Amina SALHI
Mercredi 11 Février 2009

Sur fond de menaces de prélèvement des journées  de grève sur le salaire  des fonctionnaires
Le personnel des différents départements ministériels, collectivités locales et autres établissements publics a mis en exécution, hier, le mot d’ordre de grève lancé par la Fédération démocratique du travail (FDT), l’Union nationale des fonctionnaires (UMT), l’Organisation démocratique du travail (ODT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et l’Union nationale des travailleurs du Maroc (UNMT). Une grève de plus certes mais qui a cela de nouveau, d’avoir été marquée par un sit-in de protestation devant le siège du ministère de la Modernisation des secteurs publics. Une heure et demie durant (de 9h30 à 11h), les grévistes ont scandé des slogans condamnant ce qu’ils ont appelé « le mutisme et la sourde oreille » du gouvernement face aux revendications des syndicalistes. Un gouvernement qui n’est pas resté absent sur toute la ligne, puisqu’à la veille du sit-in, le ministère de la Modernisation des secteurs publics a fait une sortie médiatique des plus remarquées. Il s’agissait d’abord de mettre en exergue les efforts déployés par le gouvernement dans le cadre du dialogue social avec les centrales syndicales, mais cette sortie a servi surtout à la profération de menaces visant à la généralisation du prélèvement de l’équivalent des jours non travaillés sur les salaires des grévistes dans tous les secteurs. Selon Mohamed Abbou, ministre de la Modernisation des secteurs publics, «la grève est un droit garanti par la Constitution, et le prélèvement des jours non travaillés est également un droit garanti par la loi ». Les différents ministères et autres administrations ont été de ce fait sommés de dresser la liste des absents et la transmettre au ministère de l’Economie et des Finances pour qu’il puisse procéder aux prélèvements. Ces menaces ont-elles réussi à intimider les fonctionnaires et sont-elles venues à bout de l’obstination et de la volonté des grévistes de poursuivre leur mouvement? Selon Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la FDT, il n’en fut rien. A l’heure où nous mettions sous presse, les taux de participation étaient très importants selon lui, notamment à Fès, Oujda, Casablanca, et Tanger, particulièrement au niveau des secteurs vitaux dont l’enseignement, la santé, les finances, la justice et l’artisanat qui a enregistré, d’après M. Azzouzi, des taux frôlant les 100%. Une mobilisation qui ira crescendo, si l’on en croit Mohamed Fatihi, responsable de la FDT au niveau de Rabat. « Ces menaces vont constituer un facteur motivant pour nous dans les prochains jours». Il faut souligner par ailleurs que cette mobilisation tous azimuts fait suite à l’échec du dernier round du dialogue social avec le gouvernement. Les centrales syndicales qui ont consolidé leur unité à travers ce débrayage considèrent que «le gouvernement s’est engagé dans ces négociations uniquement pour confirmer ses positions et n’a exprimé aucune volonté réelle de satisfaire les revendications de la classe ouvrière». Lesquelles doléances se résument dans l’augmentation des salaires à hauteur de 30%, la promotion exceptionnelle et la révision des décrets relatifs à la promotion interne, la création d’une indemnité pour l’emploi dans les régions éloignées et enfin l’abrogation de l’article 288 du code pénal et la suppression des échelles de 1 à 4. Concernant ce dernier point, le gouvernement affirme que cet objectif sera atteint en 2011. Outre l’arrêt des recrutements à l’échelle 1 à 4, le gouvernement fera en sorte que tous les fonctionnaires se trouvant actuellement à ces échelles seront promus à l’échelle 5 en 2011. Participation massive à la grève Un communiqué commun publié hier par la FDT, l’UMT, l’UNTM et l’ODT indique que la grève a été une réussite et que le taux de participation a dépassé les 80%. Les quatre centrales considèrent, par ailleurs, la décision du gouvernement de procéder à des prélèvements des jours de grève sur les appointements des grévistes comme « une tentative d’attenter à l’action syndicale, une mesure anti- constitutionnelle et une grave régression en matière de libertés publiques ».


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