Une décision Royale unanimement saluée

-
African Lion 2025 : Réunion de planification finale à Agadir
-
Les efforts du Maroc pour réaliser la parité dans la responsabilité judiciaire soulignés à Genève
-
L'Agence Bayt Mal Al-Qods inaugure les nouvelles cours du campus de l'Université d'Al-Qods à Beit Hanina
-
L'ambassade du Maroc à Amman célèbre les enfants palestiniens bénéficiaires du 3ème Programme “Unis, on s’entend mieux”
Une mesure salvatrice pour un secteur gravement affectéAprès plusieurs mois de spéculations et d’hésitations gouvernementales, S.M le Roi a tranché sur la question d’Al Aïd. En effet, le Souverain a appelé le peuple marocain à s’abstenir du sacrifice de l’Aïd Al Adha. Une décision capitale pour un secteur national de l’élevage qui traverse une crise profonde, marquée par une pénurie récurrente de têtes de bétail, une flambée des prix des viandes rouges et une dépendance accrue aux importations.
L’offre nationale actuelle ne suffirait même pas à couvrir la consommation quotidienne. Une situation qui met en lumière des failles structurelles dans la gestion du cheptel national, l’anticipation des crises et la politique agricole du gouvernement.
Causes
En effet, depuis plusieurs années, le Maroc subit une sécheresse persistante, ce qui a forte-
ment réduit les ressources en eau et les pâturages naturels. Les éleveurs, contraints de recourir à des aliments composés coûteux, voient leurs coûts de production s’envoler, en-
traînant un abandon progressif de l’élevage et une diminution du cheptel.
A cela s’ajoute une dépendance aux importations de fourrage et d’aliments pour bétail. Le Maroc importe massivement les céréales et autres aliments pour bétail, notamment du maïs, de l’orge et du soja, rendant le secteur vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux.
La flambée des prix sur le marché international, aggravée par les tensions géopolitiques et la crise du transport maritime, a renchéri le coût de l’alimentation animale, excluant de nombreux petits éleveurs.
Outre ces facteurs conjoncturels, il faut noter une politique agricole inadaptée. En fait,
le gouvernement a favorisé les cultures d’exportation (agrumes, fruits rouges, avocats), qui
consomment d’énormes quantités d’eau, au détriment de l’élevage et des productions fourragères locales. L’absence de mesures de soutien ciblées pour les éleveurs face aux
sécheresses répétées a aggravé l’érosion du cheptel national.
Ceci d’autant plus qu’il n’y a pas eu une régulation suffisante du marché. Ce dernier
souffre de spéculation et d’intermédiaires aux marges élevées, rendant les prix instables et peu accessibles aux consommateurs. L’Etat n’a pas réussi à contrôler efficacement les prix et à encadrer les circuits de distribution, laissant les acteurs du marché fixer librement les tarifs.
De l’aveu même de Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Economie verte et numérique, le gouvernement n’a pas réussi à trouver la solution adéquate pour diverses raisons dont la spéculation, reconnaissant l’existence de 18 spéculateurs qui font la loi selon leur gré.
Répercussions
Face à la crise, le gouvernement a décidé d’importer massivement du bétail d’Espagne,
du Portugal et de Roumanie. Toutefois, cette solution n’a pas suffi à faire baisser les prix, à
cause des quantités importées limitées par rapport aux besoins nationaux et la préférence
culturelle et religieuse marocaine pour le bétail local. Sans oublier le fait que le transport et l’acclimatation des animaux importés posent des problèmes de qualité.
Cette situation de crise a des répercussions profondes sur l’économie et la société marocaines. En premier lieu, les prix des viandes rouges qui atteignent des niveaux record, ce qui pénalise les consommateurs marocains et pèse lourdement sur leur pouvoir d’achat.
L’augmentation des coûts du bétail entraîne également une hausse du prix des pro-
duits dérivés (charcuterie, plats préparés, restauration), affectant les entreprises agroalimentaires. De plus, la crise pousse de nombreux petits éleveurs à abandonner leur
activité, mettant en péril des milliers d’emplois ruraux.
Solutions
Sommes-nous face à une situation incurable ? « Non », répondent plusieurs experts. Selon eux, des solutions doivent être mises en place sur les court, moyen et long termes afin de stabiliser le marché et renforcer la souveraineté alimentaire du Royaume.
Ainsi, sur le court terme, il faut réguler le marché et lutter contre la spéculation, en imposant des prix plafonds temporaires et augmenter les subventions aux éleveurs pour
réduire le coût de l’alimentation animale.
A moyen terme, les experts exigent de développer la production locale de fourrage, en
encourageant la culture d’orge, de luzerne et de maïs fourrager et de créer des réserves stratégiques d’aliments pour bétail, afin de stabiliser les prix en cas de crise. Il faudrait
également encourager l’investissement dans l’élevage intensif, tout en garantissant des pratiques durables.
A long terme, l’accent doit être mis sur une politique agricole durable. Les observateurs soutiennent une réforme de la gestion de l’eau, en réduisant la priorité donnée aux
cultures d’exportation gourmandes en eau.
Ainsi que le renforcement des infrastructures de stockage et de distribution, pour éviter la
dépendance aux importations. La modernisation de la filière d’élevage, en créant un
cadre réglementaire clair et en mettant en place un plan national de restructuration du
secteur de la viande, s’impose également comme solution.
Hassan Bentaleb