Seuls 24 sites marocains répertoriés Ramsar : Les zones humides, parent pauvre du projet de Charte pour l’environnement


KAMAL MOUNTASSIR
Mardi 2 Février 2010

Seuls 24 sites marocains répertoriés Ramsar : Les zones humides, parent pauvre du projet de Charte pour l’environnement
Le monde célèbre aujourd’hui l’anniversaire  de la Convention de Ramsar pour la protection des zones humides au niveau international signée en 1971. C’est la Journée mondiale des zones humides qui sont aujourd’hui, plus que jamais, menacées par des activités humaines accrues : aménagements hydrauliques, opérations d'assèchement, drainage… et multiplication des projets d'urbanisme. Cette convention internationale sur les zones humides reste le seul accord consacré à un écosystème particulier et un cadre de coopération  pour la conservation de ces écosystèmes. Elle concerne aujourd'hui 1.708 sites, soit environ 152 millions d'hectares, à travers 157 pays. Au Maroc, seuls quatre sites étaient reconnus zones Ramsar jusqu’en 2005 où leur nombre a pu grimper à 24 sites protégés par ladite convention grâce aux multiples alertes de certains spécialistes et académiciens marocains ainsi que l’action militante du tissu associatif écologiste. Initialement,  la convention Ramsar avait pour but de sauvegarder et protéger certaines espèces d’oiseaux en voie de disparition, mais elle s’est transformée en un traité qui prône la sauvegarde de la biodiversité.
“Les zones humides, la biodiversité et les changements climatiques”. Tel a été le thème choisi cette année pour la Journée mondiale des zones humides. Année proclamée par les Nations Unies comme celle de la biodiversité. Cette célébration s’inscrit également dans un contexte où le monde s’inquiète au sujet des changements climatiques autour de la planète. Au Maroc, c'est aussi l’heure à la réflexion  sur la question de la biodiversité des zones humides et de son évolution, et à l’étude de la contribution de la biodiversité à la santé des zones humides  surtout au moment où le Royaume est à la veille de l’élaboration de sa Charte pour l’environnement dont les textes préliminaires du projet ne citent guère les zones humides. Dans la réalité, et en dépit de la déclaration de quelques sites zones humides Ramsar, il n’existe pas de loi spécifique protégeant les zones humides au Maroc. Certes un projet de loi  concernant la sauvegarde de ces zones humides, circule dans les commissions de l’Hémicycle mais il n’a pas encore vu le jour pour plus de protection. Mais ce qui est sûr, c’est que plusieurs recherches et études ont été réalisées par des universitaires marocains sur les zones humides, leur diversité et leur importance dont le nombre est soigneusement répertorié. Reste la volonté politique et le cadre juridique pour endiguer la détérioration de ces écosystèmes qui pullulent à travers nos montagnes et nos plaines. Ces zones humides disposent d’une diversité au niveau de la faune et de la flore qui ont fait, font et feront la vie de l’homme et son bien-être. Cependant, si nos zones humides disposent d’une richesse naturelle unique ailleurs, il n’en reste pas moins vrai qu’elles connaissent plusieurs dysfonctionnements dus essentiellement à l’indifférence des autorités compétentes et à la méconnaissance des valeurs écologiques de ces zones de la part du grand public. Le Moyen  Atlas est sans conteste la chaîne montagneuse la plus riche en zones humides  dans toute l’Afrique du Nord : lacs naturels, rivières et sources fraîches abondent dans la région laissant apparaître des écosystèmes d’une valeur inestimable. : «Le Maroc est le pays d’Afrique du Nord le plus pourvu en eaux continentales. La grande variabilité spatiale des conditions climatiques et géologiques accentue cette richesse en créant des types d’écosystèmes aquatiques très variés depuis les lacs, les rivières et les sources de montagnes calcaires jusqu’au Merjas et Sebkhas sahariennes ». C’est en ces termes que Chillasse, Dakki et Abassi, trois experts marocains en la matière, ont entamé leur étude sur les valeurs et fonctions écologiques du Moyen Atlas. Selon ces experts si ces écosystèmes limniques ont des avantages hydrologiques, socioéconomiques et écologiques précieux à l’échelle nationale, leur biodiversité et leur originalité leur procurent une attention mondiale incontestable conformément aux critères de la convention Ramsar relative aux zones humides qui leur consacre une protection et une préservation particulières.  Par leur position et les conditions climatiques qu’offrent ces zones humides, elles sont considérées comme un parcours de migration des oiseaux entre l’Europe et l’Afrique. Elles sont un passage forcé pour des millions d’oiseaux qui rejoignent depuis leurs aires de reproduction, les lieux d’hivernage en Afrique. Ces sites naturels sont visités chaque hiver par d’importantes populations d’oiseaux hivernants d’une quarantaine d’espèces. Les conditions de nidification y sont favorables pour au moins une vingtaine de ces espèces. L’importance écologique de ces zones mérite une plus grande attention et une large conservation. Il est donc impératif de faire de cette journée une véritable opportunité de sensibilisation de la population sur l’intérêt de ces zones humides au lieu de procéder à l’organisation de conférences entre académiciens et spécialistes qui ne peuvent à elles seules protéger des écosystèmes en réelle détérioration. Il faut prendre exemple sur certaines associations écologistes et responsables dans d’autres pays qui ont opté pour des sorties sur ces sites pour sensibiliser la population sur le danger qui menace les zones humides.

Biodiversité

Au Maroc, connu pour son extrême diversité écologique, au niveau du bioclimat, de la végétation et de la faune, les régions humides sont vitales tant pour leurs ressources que pour leur valeurs écologiques et leur biodiversité.
Ces écosystèmes sont relativement riches en espèces endémiques dans la mesure où ils constituent un lieu d'escale, d'hivernage et de reproduction de centaines de milliers d'oiseaux d'eau dont certains sont parmi les plus rares, voire menacés d’extinction.
Les systèmes lacustres et lagunaires du Royaume couvrent actuellement une superficie totale de plus de 200.000 ha, soit presque 0.3 % de la superficie du pays.
A ces systèmes, s'ajoutent près de 3.500 km de côte marine, sans compter le réseau fluvial qui se mesure en dizaines de milliers de kilomètres.
Le Maroc compte, en effet, plus de 150 sites d'intérêt biologique et écologique (SIBE) dont 84 zones humides qui prennent la forme de plages sableuses, baies, îlots, systèmes estuariens, lagunes, lacs naturels permanents et temporaires, de marécages, d'eaux stagnantes et temporaires, lacs de barrages, eaux courantes, canaux de drainage et d'irrigation.



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