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Le Maroc se montre pionnier dans la vaccination de sa population contre la pandémie, y compris les résidents étrangers et les immigrants. Cela vous surprend-il ?
Non. Dès le début, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a pris la pandémie de Covid-19 très au sérieux, et a décrété la fermeture stricte des frontières, des restrictions de mobilité et l’interdiction des rassemblements. Lorsque le vaccin a été prêt, le Souverain a été le premier à l’utiliser et à donner l’exemple.
Par conséquent, de plus en plus de pays font confiance au modèle marocain. Par exemple, les Parlements du Honduras, du Nicaragua et de Bolivie viennent de demander à leurs gouvernements respectifs de suivre le modèle marocain. Dans un autre domaine. Le Polisario mène une campagne internationale dénonçant les activités économiques et commerciales du gouvernement marocain au Sahara.
Qu’en pensez-vous ?
Cette campagne va d’échec en échec. La dernière en date est celle de la Nouvelle-Zélande, ayant pour but de suspendre les accords commerciaux conclus par ce pays avec le Maroc concernant l’achat des phosphates. La justice a rejeté la plainte qui visait à geler les fonds souverains néo-zélandais qui y sont investis, déclarant que ces opérations financières sont légales.
L’argumentation du Polisario est que le Maroc occupe le Sahara occidental, et donc volerait ses richesses...
Aucune résolution du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la question du Sahara marocain n’a mentionné “l’occupation” du Sahara par le Maroc. Par conséquent, la prémisse est fausse, et la conclusion est également fausse. En plus, je vous rappelle que le rapport dit « Hans Corell », qui est un avis juridique émis par l’ONU à la demande du Secrétaire général, souligne clairement la légitimité des investissements et des plans de développement qui bénéficient aux populations vivant dans le Sahara marocain.
La même controverse se produit-elle actuellement en Europe ?
Oui, c’est vrai. Mais l’Union européenne a continué à défendre la légalité des accords agricoles et de pêche avec le Royaume du Maroc. Les investissements directs et indirects continuent d’affluer vers les provinces du Sud, non seulement des Etats-Unis, de la France et d’autres pays de l’UE, mais aussi de la Russie, comme en témoigne le dernier accord de pêche signé avec ce pays. La diplomatie active du Maroc sur le continent africain est très impressionnante.
Quelle est la raison de cette dynamique ?
Se tourner vers le continent africain, auquel le Maroc appartient via l’histoire, la géographie et le droit, a été l’un des principaux axes de la diplomatie inaugurée par Sa Majesté le Roi. L’axe principal de cette diplomatie est l’intérêt mutuel et le développement des peuples. Au cours de son règne, Sa Majesté le Roi a effectué plus de voyages en Afrique que dans le reste du monde, et a signé plus d’accords de coopération avec les pays du continent qu’avec le reste du monde. La coopération SudSud est l’axe de la projection internationale du Royaume. Nous voulons faire la même chose en Amérique latine et cela commence à porter ses fruits. Un autre pays arabe, le Royaume de Jordanie, a ouvert un consulat à Laâyoune, tout comme les Emirats arabes unis et Bahrein, ainsi que de nombreux pays africains.
Qu’en pensez-vous ?
C’est l’expression de la forte solidarité du monde arabe avec la justesse de la question du Sahara marocain, et avec la proposition d’autonomie faite par Sa Majesté le Roi pour résoudre cette question dans le cadre d’un Maroc uni et souverain. Les relations entre le Royaume du Maroc et la République fédérale d’Allemagne sont actuellement au plus bas.
Serions-nous au bord d’une rupture diplomatique ?
Le moment est délicat, en raison, comme l’a souligné le communiqué diplomatique marocain, de “profondes divergences sur des questions qui touchent le Royaume du Maroc”. La fermeté avec laquelle le Roi traite les questions d’Etat ne laisse pas de place au doute et elle est exemplaire. Bien qu’il n’ait jamais été question de “rompre les relations”, les “lignes rouges”, comme vous les appelez, existent et le Maroc ne tolère aucune transgression de celles-ci, quelles qu’elles soient. Le Souverain, qui est le chef de l’Etat et Amir Al Mouminine, est aussi généreux que ferme dans la défense des valeurs intrinsèques du Royaume.
Pensez-vous que cette tension avec l’Allemagne sera bientôt résolue ?
Cela dépend uniquement et exclusivement de l’Allemagne.
Vous avez été le premier ambassadeur nommé en 2017 par le Royaume du Maroc auprès de la République de Cuba, après 37 ans de rupture, comment avez-vous été reçu par les autorités de La Havane?
Je peux dire très bien, avec beaucoup de respect et d’espoir, imprégné de cet esprit de noblesse et de joie qui caractérisent le peuple cubain. Je pense que nous pouvons parler de la fermeture d’une parenthèse dans l’histoire bilatérale.
Et le peuple cubain, comment vous a-t-il reçu ?
Avec un grand soulagement et une amitié manifeste. Ils m’ont ouvert toutes les portes. Ce qui nous unit est infiniment plus important que ce qui nous sépare.
Le rétablissement des relations bilatérales a été précédé d’un événement que l’on peut considérer comme historique : la visite privée du Roi Mohammed VI à ce pays. Comment les Cubains l’ont-ils perçue ? Avez-vous eu des échos de l’impact de la visite Royale ces dernières années ?
Comme vous le dites à juste titre, cette visite était d’une importance historique bien plus grande que ce qui a été écrit à son sujet, ce qui est déjà énorme. Imaginez qu’un chef d’Etat, en l’occurrence Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, décide de se rendre dans un pays avec lequel le Maroc n’a pas de relations diplomatiques parce qu’elles ont été rompues en 1980, qui a une autre culture différente de celle du Maroc et un régime politique communiste.
Rien de tel n’avait jamais été vu dans l’histoire. S.M le Roi Mohammed VI voulait faire ce voyage, et il l’a fait. Un geste de profonde amitié. Les relations diplomatiques sont venues plus tard. Cela a rempli nos amis cubains de fierté. Et je dois dire que cela m’a beaucoup aidé dans ma tâche d’ambassadeur. Parce que dans toutes les réunions que j’ai eues, tant officielles qu’avec des représentants de la société civile, ils m’ont tous rappelé qu’ils étaient énormément satisfaits de cette visite.
Pensez-vous que c’était une sage décision d’avoir nommé comme ambassadeur à Cuba un cadre socialiste, issu du parti socialiste, héritier du nationalisme militant dont Mehdi Ben Barka, qui est très apprécié par les dirigeants cubains, a été un jour l’un des fondateurs ?
Tout d’abord, je dois souligner que les ambassadeurs de Sa Majesté le Roi dans n’importe quel pays du monde représentent Sa Majesté le Roi et l’Etat marocain. A Cuba aussi. Les ambassadeurs ne sont pas nommés au nom des partis politiques, d’idéologies ou d’institutions sociales : ils sont nommés par le Roi et viennent au nom de l’Etat. Cela dit, je pense que ce geste du Maroc envers Cuba est important. D’une certaine manière, c’est comme si le voyage et les accords bilatéraux signés par le Comandante Che Guevara au Maroc il y a 60 ans, et la rencontre chaleureuse du Comandante Fidel Castro avec le Roi Hassan II au Palais Royal de Rabat en 1963, étaient de nouveau à l’ordre du jour.
Pensez-vous que Cuba a été surpris d’apprendre la réalité marocaine, après une très longue période d’ignorance ?
L’une des tâches de l’ambassade du Maroc à La Havane est de faire connaître le pays, son histoire, sa culture, ses traditions, coutumes, et ses progrès. En particulier, les transformations démocratiques et sociales qui sont devenues une réalité sous le règne de S.M le Roi Mohammed VI. En effet, les dirigeants et les représentants du peuple cubain à différents niveaux, ainsi que les élites académiques et intellectuelles, ont été agréablement surpris d’apprendre le passé, le présent et l’avenir du Royaume du Maroc. Je vous avoue que j’ai du faire un grand effort pour faire comprendre aux représentants ministériels et ceux de tous les secteurs du pays les énormes progrès apportés par la nouvelle Constitution de 2011 et les changements et améliorations constitutionnels et démocratiques introduits au Maroc par S.M le Roi.
Nous avons récemment été témoins d’un événement important. Le Maroc a décidé de rétablir l’ordre au poste frontière avec la Mauritanie d’El Guerguarat, et ce pour assurer la libre circulation des camions paralysés par les milices du Polisario, à la suite de quoi le Front séparatiste a déclaré avoir rompu les accords signés en 1991 et repris les armes, mais le Maroc est resté impassible. Comment les dirigeants cubains ont-ils perçu cette situation ?
Nombreux sont ceux qui, dans le monde, ont été surpris par la fermeté dont a fait preuve le Roi Mohammed VI pour rétablir la situation à la frontière sud du Royaume dans le cadre d’une opération militaire pacifique, qui a été saluée et soutenue par la quasi-totalité des pays arabes et africains. L’ONU et les grandes puissances mondiales ont appelé au calme et au retour au dialogue. Telle était la position du Royaume du Maroc à l’époque.
Mais les séparatistes persistent dans leurs provocations en poursuivant leur soi-disant guerre. Cette situation a amené notre ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à déclarer que “nous ne pouvons pas nous asseoir pour négocier avec des bandits de grand chemin”. C’est un comportement irresponsable de la part des séparatistes qui vivent un délire plein de martyrs imaginaires, faisant croire au monde qu’ils mènent une guerre juste.
A qui l’ONU s’adresse-telle lorsqu’elle appelle à un retour au calme ?
Au mouvement sécessionniste Polisario, évidemment qui était non seulement à l’origine de la provocation, mais qui la poursuit. Cette chimérique “déclaration de guerre” n’a reçu le soutien explicite d’aucun pays dans le monde, pas même ceux qui soutiennent le Polisario depuis des décennies. Ni Cuba, ni le Venezuela, ni l’Afrique du Sud, ni même l’Algérie n’ont dit qu’ils soutenaient “le retour aux armes”, comme l’appelle le Polisario.
Vous voulez dire que Cuba n’a pas soutenu le Polisario ?
Aucune déclaration officielle n’a été faite à ce sujet, ni par le gouvernement cubain ni par le parti communiste. Il y a un mois, coïncidant avec la date à laquelle le Polisario célèbre le soi-disant anniversaire de la création de sa république chimérique, une lettre envoyée par le président de l’Assemblée nationale et membre du Bureau politique du Parti communiste, Esteban Lazo Hernandez, à “son homologue sahraoui” a été publiée sur le site web du “Comité d’amitié parlementaire entre Cuba et le mouvement séparatiste”. Dans cette lettre, il n’a mentionné à aucun moment la question du soutien cubain au “retour aux armes” proclamé par les milices du Polisario, ni la “lutte armée de libération nationale”, rien du tout. Il a seulement dit que Cuba soutient et souscrit aux démarches entreprises par l’ONU pour résoudre cette question, et qu’elle continuera à faire preuve de solidarité dans le domaine de la santé et de l’éducation avec la « population réfugiée dans les camps de Tindouf », se trouvant en Algérie. Mais la lettre ne dit pas un mot sur cette soi-disant guerre.
Non. Dès le début, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a pris la pandémie de Covid-19 très au sérieux, et a décrété la fermeture stricte des frontières, des restrictions de mobilité et l’interdiction des rassemblements. Lorsque le vaccin a été prêt, le Souverain a été le premier à l’utiliser et à donner l’exemple.
Par conséquent, de plus en plus de pays font confiance au modèle marocain. Par exemple, les Parlements du Honduras, du Nicaragua et de Bolivie viennent de demander à leurs gouvernements respectifs de suivre le modèle marocain. Dans un autre domaine. Le Polisario mène une campagne internationale dénonçant les activités économiques et commerciales du gouvernement marocain au Sahara.
Qu’en pensez-vous ?
Cette campagne va d’échec en échec. La dernière en date est celle de la Nouvelle-Zélande, ayant pour but de suspendre les accords commerciaux conclus par ce pays avec le Maroc concernant l’achat des phosphates. La justice a rejeté la plainte qui visait à geler les fonds souverains néo-zélandais qui y sont investis, déclarant que ces opérations financières sont légales.
L’argumentation du Polisario est que le Maroc occupe le Sahara occidental, et donc volerait ses richesses...
Aucune résolution du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la question du Sahara marocain n’a mentionné “l’occupation” du Sahara par le Maroc. Par conséquent, la prémisse est fausse, et la conclusion est également fausse. En plus, je vous rappelle que le rapport dit « Hans Corell », qui est un avis juridique émis par l’ONU à la demande du Secrétaire général, souligne clairement la légitimité des investissements et des plans de développement qui bénéficient aux populations vivant dans le Sahara marocain.
La même controverse se produit-elle actuellement en Europe ?
Oui, c’est vrai. Mais l’Union européenne a continué à défendre la légalité des accords agricoles et de pêche avec le Royaume du Maroc. Les investissements directs et indirects continuent d’affluer vers les provinces du Sud, non seulement des Etats-Unis, de la France et d’autres pays de l’UE, mais aussi de la Russie, comme en témoigne le dernier accord de pêche signé avec ce pays. La diplomatie active du Maroc sur le continent africain est très impressionnante.
Quelle est la raison de cette dynamique ?
Se tourner vers le continent africain, auquel le Maroc appartient via l’histoire, la géographie et le droit, a été l’un des principaux axes de la diplomatie inaugurée par Sa Majesté le Roi. L’axe principal de cette diplomatie est l’intérêt mutuel et le développement des peuples. Au cours de son règne, Sa Majesté le Roi a effectué plus de voyages en Afrique que dans le reste du monde, et a signé plus d’accords de coopération avec les pays du continent qu’avec le reste du monde. La coopération SudSud est l’axe de la projection internationale du Royaume. Nous voulons faire la même chose en Amérique latine et cela commence à porter ses fruits. Un autre pays arabe, le Royaume de Jordanie, a ouvert un consulat à Laâyoune, tout comme les Emirats arabes unis et Bahrein, ainsi que de nombreux pays africains.
Qu’en pensez-vous ?
C’est l’expression de la forte solidarité du monde arabe avec la justesse de la question du Sahara marocain, et avec la proposition d’autonomie faite par Sa Majesté le Roi pour résoudre cette question dans le cadre d’un Maroc uni et souverain. Les relations entre le Royaume du Maroc et la République fédérale d’Allemagne sont actuellement au plus bas.
Serions-nous au bord d’une rupture diplomatique ?
Le moment est délicat, en raison, comme l’a souligné le communiqué diplomatique marocain, de “profondes divergences sur des questions qui touchent le Royaume du Maroc”. La fermeté avec laquelle le Roi traite les questions d’Etat ne laisse pas de place au doute et elle est exemplaire. Bien qu’il n’ait jamais été question de “rompre les relations”, les “lignes rouges”, comme vous les appelez, existent et le Maroc ne tolère aucune transgression de celles-ci, quelles qu’elles soient. Le Souverain, qui est le chef de l’Etat et Amir Al Mouminine, est aussi généreux que ferme dans la défense des valeurs intrinsèques du Royaume.
Pensez-vous que cette tension avec l’Allemagne sera bientôt résolue ?
Cela dépend uniquement et exclusivement de l’Allemagne.
Vous avez été le premier ambassadeur nommé en 2017 par le Royaume du Maroc auprès de la République de Cuba, après 37 ans de rupture, comment avez-vous été reçu par les autorités de La Havane?
Je peux dire très bien, avec beaucoup de respect et d’espoir, imprégné de cet esprit de noblesse et de joie qui caractérisent le peuple cubain. Je pense que nous pouvons parler de la fermeture d’une parenthèse dans l’histoire bilatérale.
Et le peuple cubain, comment vous a-t-il reçu ?
Avec un grand soulagement et une amitié manifeste. Ils m’ont ouvert toutes les portes. Ce qui nous unit est infiniment plus important que ce qui nous sépare.
Le rétablissement des relations bilatérales a été précédé d’un événement que l’on peut considérer comme historique : la visite privée du Roi Mohammed VI à ce pays. Comment les Cubains l’ont-ils perçue ? Avez-vous eu des échos de l’impact de la visite Royale ces dernières années ?
Comme vous le dites à juste titre, cette visite était d’une importance historique bien plus grande que ce qui a été écrit à son sujet, ce qui est déjà énorme. Imaginez qu’un chef d’Etat, en l’occurrence Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, décide de se rendre dans un pays avec lequel le Maroc n’a pas de relations diplomatiques parce qu’elles ont été rompues en 1980, qui a une autre culture différente de celle du Maroc et un régime politique communiste.
Rien de tel n’avait jamais été vu dans l’histoire. S.M le Roi Mohammed VI voulait faire ce voyage, et il l’a fait. Un geste de profonde amitié. Les relations diplomatiques sont venues plus tard. Cela a rempli nos amis cubains de fierté. Et je dois dire que cela m’a beaucoup aidé dans ma tâche d’ambassadeur. Parce que dans toutes les réunions que j’ai eues, tant officielles qu’avec des représentants de la société civile, ils m’ont tous rappelé qu’ils étaient énormément satisfaits de cette visite.
Pensez-vous que c’était une sage décision d’avoir nommé comme ambassadeur à Cuba un cadre socialiste, issu du parti socialiste, héritier du nationalisme militant dont Mehdi Ben Barka, qui est très apprécié par les dirigeants cubains, a été un jour l’un des fondateurs ?
Tout d’abord, je dois souligner que les ambassadeurs de Sa Majesté le Roi dans n’importe quel pays du monde représentent Sa Majesté le Roi et l’Etat marocain. A Cuba aussi. Les ambassadeurs ne sont pas nommés au nom des partis politiques, d’idéologies ou d’institutions sociales : ils sont nommés par le Roi et viennent au nom de l’Etat. Cela dit, je pense que ce geste du Maroc envers Cuba est important. D’une certaine manière, c’est comme si le voyage et les accords bilatéraux signés par le Comandante Che Guevara au Maroc il y a 60 ans, et la rencontre chaleureuse du Comandante Fidel Castro avec le Roi Hassan II au Palais Royal de Rabat en 1963, étaient de nouveau à l’ordre du jour.
Pensez-vous que Cuba a été surpris d’apprendre la réalité marocaine, après une très longue période d’ignorance ?
L’une des tâches de l’ambassade du Maroc à La Havane est de faire connaître le pays, son histoire, sa culture, ses traditions, coutumes, et ses progrès. En particulier, les transformations démocratiques et sociales qui sont devenues une réalité sous le règne de S.M le Roi Mohammed VI. En effet, les dirigeants et les représentants du peuple cubain à différents niveaux, ainsi que les élites académiques et intellectuelles, ont été agréablement surpris d’apprendre le passé, le présent et l’avenir du Royaume du Maroc. Je vous avoue que j’ai du faire un grand effort pour faire comprendre aux représentants ministériels et ceux de tous les secteurs du pays les énormes progrès apportés par la nouvelle Constitution de 2011 et les changements et améliorations constitutionnels et démocratiques introduits au Maroc par S.M le Roi.
Nous avons récemment été témoins d’un événement important. Le Maroc a décidé de rétablir l’ordre au poste frontière avec la Mauritanie d’El Guerguarat, et ce pour assurer la libre circulation des camions paralysés par les milices du Polisario, à la suite de quoi le Front séparatiste a déclaré avoir rompu les accords signés en 1991 et repris les armes, mais le Maroc est resté impassible. Comment les dirigeants cubains ont-ils perçu cette situation ?
Nombreux sont ceux qui, dans le monde, ont été surpris par la fermeté dont a fait preuve le Roi Mohammed VI pour rétablir la situation à la frontière sud du Royaume dans le cadre d’une opération militaire pacifique, qui a été saluée et soutenue par la quasi-totalité des pays arabes et africains. L’ONU et les grandes puissances mondiales ont appelé au calme et au retour au dialogue. Telle était la position du Royaume du Maroc à l’époque.
Mais les séparatistes persistent dans leurs provocations en poursuivant leur soi-disant guerre. Cette situation a amené notre ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à déclarer que “nous ne pouvons pas nous asseoir pour négocier avec des bandits de grand chemin”. C’est un comportement irresponsable de la part des séparatistes qui vivent un délire plein de martyrs imaginaires, faisant croire au monde qu’ils mènent une guerre juste.
A qui l’ONU s’adresse-telle lorsqu’elle appelle à un retour au calme ?
Au mouvement sécessionniste Polisario, évidemment qui était non seulement à l’origine de la provocation, mais qui la poursuit. Cette chimérique “déclaration de guerre” n’a reçu le soutien explicite d’aucun pays dans le monde, pas même ceux qui soutiennent le Polisario depuis des décennies. Ni Cuba, ni le Venezuela, ni l’Afrique du Sud, ni même l’Algérie n’ont dit qu’ils soutenaient “le retour aux armes”, comme l’appelle le Polisario.
Vous voulez dire que Cuba n’a pas soutenu le Polisario ?
Aucune déclaration officielle n’a été faite à ce sujet, ni par le gouvernement cubain ni par le parti communiste. Il y a un mois, coïncidant avec la date à laquelle le Polisario célèbre le soi-disant anniversaire de la création de sa république chimérique, une lettre envoyée par le président de l’Assemblée nationale et membre du Bureau politique du Parti communiste, Esteban Lazo Hernandez, à “son homologue sahraoui” a été publiée sur le site web du “Comité d’amitié parlementaire entre Cuba et le mouvement séparatiste”. Dans cette lettre, il n’a mentionné à aucun moment la question du soutien cubain au “retour aux armes” proclamé par les milices du Polisario, ni la “lutte armée de libération nationale”, rien du tout. Il a seulement dit que Cuba soutient et souscrit aux démarches entreprises par l’ONU pour résoudre cette question, et qu’elle continuera à faire preuve de solidarité dans le domaine de la santé et de l’éducation avec la « population réfugiée dans les camps de Tindouf », se trouvant en Algérie. Mais la lettre ne dit pas un mot sur cette soi-disant guerre.
Mais comment se fait-il que le Polisario publie des “rapports de guerre” presque tous les jours ?
Ces gesticulations s’adressent aux pays qui ne connaissent pas la réalité du Maroc, qui heureusement sont chaque jour de moins en moins nombreux.
Cela n’est pas le cas à Cuba, n’est-ce pas ?
En effet. Il suffit de rappeler qu’à l’occasion de la fête nationale cubaine, Sa Majesté Mohammed VI a adressé un message de félicitations au Président cubain Miguel DiazCanel, publié de façon remarquée par l’agence officielle «Prensa Latina», dans lequel le Souverain “exprime sa détermination à renforcer les relations entre les deux pays”. Sa Majesté y souligne “sa satisfaction pour le développement constant des relations d’amitié entre Rabat et La Havane, en vue d’établir des bases solides de considération mutuelle, de coopération constructive et de solidarité active”. Comme le rapporte «Prensa Latina», “Mohammed VI souligne sa détermination immédiate à travailler, avec Miguel Diaz-Canel, au renforcement de ces relations et à l’intensification des efforts conjoints”. “Tout cela, pour mettre à profit les opportunités de coopération et d’échange dans divers domaines, en vue de satisfaire les aspirations des deux peuples et de contribuer à la consolidation des ponts de solidarité et de complémentarité Sud-Sud.” Ce message est celui des chefs d’Etat de deux pays qui se connaissent et se respectent. Je pense que les relations entre le Maroc et Cuba s’améliorent considérablement, après une interruption de 37 ans, résultat d’une guerre froide dépassée.
Dans quels domaines peut-on parler de réalisations majeures au cours de ces trois premières années de nouvelles relations ?
D’abord, dans le domaine politique, que je viens d’évoquer, et qui englobe tous les autres. Nous avons réussi à conclure des accords bilatéraux pour exprimer des votes de soutien réciproque au sein du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, basé à New York, et des organes de l’ONU basés à Genève et à Paris (Unesco). Il existe également un accord pour la représentation internationale des personnes handicapées. En outre, il existe deux mémorandums de coopération dans le secteur des mines, des énergies renouvelables et de l’environnement, et un autre dans le domaine de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, tous deux en attente de signature.
Y a-t-il eu du progrès au niveau de l’économie et du commerce bilatéral ?
Oui, et il est très significatif. Nous étions sur le point d’organiser une exposition bilatérale cubano-marocaine des produits artisanaux et industriels, lorsque la pandémie de Covid-19 nous a contraints à observer le confinement. Nous le ferons dès que possible.
Comment le Maroc participe-t-il à l’effort cubain pour attirer des entreprises internationales sur son marché, et des flux financiers pour son économie ?
Le Maroc participe à tous les forums et séminaires organisés par le gouvernement cubain pour s’ouvrir aux entreprises internationales et attirer des capitaux pour le développement de son économie. Par exemple, à la rencontre qui est en train de se préparer dans la zone spéciale de développement (ZED) du port de Mariel, dans laquelle se trouve déjà installée une entreprise marocaine spécialisée dans la production d’articles sanitaires. D’autres projets sont en étude. Pensez-vous que l’exemple du port off-shore de Tanger Med soit applicable au projet cubain du port de Mariel ? Dans la société, comme dans l’économie et le développement technologique, tous les exemples sont dignes d’être étudiés. Si le gouvernement cubain pense que notre grand projet Tanger-Med, ainsi que le macro-projet du port de Dakhla sur l’Atlantique, sont intéressants, nous sommes prêts à partager l’expérience avec lui. Je dirais même qu’il existe une certaine similitude entre TangerMed et Dakhla, en tant que plateformes vers l’Europe, l’Afrique et l’Amérique, et Mariel en tant que plateforme vers la région centrale et septentrionale du continent américain.
Qu’en est-il des relations culturelles et sportives ?
Nous avons également fait des progrès importants, comme l’organisation d’une semaine du cinéma, malheureusement reportée pour le moment en raison du confinement décrété pour faire face à la pandémie. Nous avons créé un groupe d’amitié d’artistes et d’intellectuels cubains avec le Maroc. Après la rencontre que cette ambassade a organisée à la résidence diplomatique avec plus de vingt artistes, cinéastes, créateurs de mode, poètes, journalistes, chanteurs et peintres, ce groupe d’amitié cubano-marocain a vu le jour. Concernant le domaine sportif, des équipes nationales de boxe et de lutte ont visité successivement cette ambassade à l’occasion de leur séjour à Cuba pour suivre des cycles préparatoires avec leurs homologues cubains.
Pensez-vous que tous les points de conflit entre Cuba et le Maroc ont été surmontés ou qu’il en reste certains d’autres ?
Il y a toujours des points à améliorer. Se mettre au diapason est une tâche permanente. Cuba et le Maroc sont deux Etats régis par une Constitution dans laquelle la démocratie et la liberté sont écrites en lettres d’or. Mais voilà, dans la vie quotidienne, nous ne voyons pas toujours les choses de la même manière. Chacun a le poids de sa propre histoire.
A quoi faites-vous référence en particulier ?
Par exemple, l’agence «Prensa Latina», qui est une agence officielle, m’a demandé une interview pour laquelle elle a rédigé elle-meme le questionnaire, en promettant de le publier dans son intégralité. Mais ce n’était pas le cas. Ils voulaient censurer la partie où je parlais de la position officielle du Maroc sur le dossier du Sahara. Ils ont posé la question et n’ont pas voulu publier la réponse car celle-ci ne coïncidait pas avec la position officielle de Cuba. Ils voulaient publier l’interview amputée, mais je n’ai pas accepté cela. Et malgré cela, j’ai organisé le voyage du président de «Prensa Latina» au Maroc, où il a rencontré des personnalités de haut rang et signé un accord avec l’agence MAP.
En ce qui concerne la question du Sahara, la position du gouvernement de La Havane est bien connue. Pensez-vous que, pendant ce temps, les autorités cubaines ont évolué dans leur position ?
Ma tâche au sujet de cette question était claire. Faire comprendre aux autorités cubaines que la seule solution réaliste est celle que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a mis sur la table : une proposition d’autonomie avancée qui permettra à la population marocaine du Sahara d’exercer pleinement tous ses droits politiques, économiques et sociaux, tout en maintenant la souveraineté nationale et l’unité territoriale du Royaume.
Cette proposition a-t-elle trouvé un écho auprès des dirigeants cubains ?
Nous avons été écoutés, et je peux vous dire que le gouvernement cubain souhaite sincèrement que ce problème soit résolu. De plus, beaucoup de ceux que j’ai rencontrés avouent que c’est une question de temps.
Mais avez-vous soulevé des progrès concrets ?
Oui, par exemple, le gouvernement cubain se montre de plus en plus favorable à ce que les Nations unies aident à résoudre le problème. Avant, les Cubains parlaient plutôt de Cuba comme étant “fidèle à ses constantes”, ce qui signifiait soutenir la lutte armée; aujourd’hui, ils parlent plutôt des Nations unies.
L’une des tâches de tout Etat en transition est d’adapter l’exercice de la liberté d’expression et de réunion, ainsi que le pluralisme politique et le respect de la diversité des idées, à la nouvelle réalité. Cuba semble avoir encore des difficultés avec l’exercice des libertés, notamment la liberté d’expression, qui est toujours bridée. Avez-vous pu le constater dans les relations bilatérales ?
Je vous ai déjà parlé de la censure que « Prensa Latina » voulait nous imposer et selon notre avis, Cuba a réalisé un très grand progrès et évolue positivement et à pas surs. Signe de ce changement positif est la nouvelle Constitution discutée et approuvée par des millions de citoyens. A cet égard, elle est similaire à la nouvelle Constitution rédigée et approuvée massivement par les citoyens au Maroc.
Le Maroc a participé à plusieurs reprises en tant qu’observateur aux sommets ibéro-américains. Pensez-vous que le projet d’unir l’Afrique et l’Amérique latine à travers l’axe Maroc-Espagne est toujours valable ? Cuba a-t-elle un rôle à jouer dans ce projet ?
Bien sûr que oui. Et j’oserais vous dire que, pour des considérations historiques et géopolitiques, Cuba peut jouer un rôle similaire à celui du Maroc en tant que pont entre l’Afrique et l’Europe, et, à travers l’Espagne, avec l’Amérique. Il convient de rappeler à ce stade que l’on parle à nouveau ces jours-ci du projet de relier l’Europe et l’Afrique par une liaison fixe à travers le Détroit entre l’Espagne et le Maroc. Un projet grandiose mis sur la table dans les années 1980 par les deux gardiens du Détroit de l’époque, le Roi Hassan II du Maroc et le Roi Juan Carlos I d’Espagne.
De votre point de vue d’observateur à La Havane, comment voyez-vous ce qui se passe en Amérique latine ?
L’Amérique latine traverse une étape cruciale de son histoire, pleine d’incertitudes et d’espoirs. Le Royaume du Maroc veut être présent, car nous nous sentons concernés par tout ce qui se passe en Amérique latine.
Mais le processus de changement en Amérique latine est très rapide. Ne pensez-vous pas que la diplomatie marocaine pourrait être plus active et plus pénétrante ?
Il est toujours possible d’être plus actif. Les ambassades marocaines reçoivent des directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et du ministère des Affaires étrangères. Mais pour les mettre en œuvre, il nous appartient de trouver les meilleurs et les plus efficaces moyens pour les appliquer en vue de développer la coopération Sud-Sud.
Pour revenir à la question du Sahara, comment pensez-vous que les dirigeants cubains pourraient contribuer au règlement final de ce conflit ? Pourraient-ils user de leur influence pour convaincre leurs alliés algériens de se tourner vers la solution politique actuellement sur la table, celle de l’autonomie pour la région du Sahara ?
Chaque gouvernement a ses priorités et ses responsabilités. Le plus important dans le cas que vous mentionnez est d’être cohérent avec l’amitié et de travailler pour surmonter les conflits hérités d’autres temps et qui ne profitent pas aux peuples de Cuba et du Maroc.
Par Pedro Canales
Traduction non officiell
Ces gesticulations s’adressent aux pays qui ne connaissent pas la réalité du Maroc, qui heureusement sont chaque jour de moins en moins nombreux.
Cela n’est pas le cas à Cuba, n’est-ce pas ?
En effet. Il suffit de rappeler qu’à l’occasion de la fête nationale cubaine, Sa Majesté Mohammed VI a adressé un message de félicitations au Président cubain Miguel DiazCanel, publié de façon remarquée par l’agence officielle «Prensa Latina», dans lequel le Souverain “exprime sa détermination à renforcer les relations entre les deux pays”. Sa Majesté y souligne “sa satisfaction pour le développement constant des relations d’amitié entre Rabat et La Havane, en vue d’établir des bases solides de considération mutuelle, de coopération constructive et de solidarité active”. Comme le rapporte «Prensa Latina», “Mohammed VI souligne sa détermination immédiate à travailler, avec Miguel Diaz-Canel, au renforcement de ces relations et à l’intensification des efforts conjoints”. “Tout cela, pour mettre à profit les opportunités de coopération et d’échange dans divers domaines, en vue de satisfaire les aspirations des deux peuples et de contribuer à la consolidation des ponts de solidarité et de complémentarité Sud-Sud.” Ce message est celui des chefs d’Etat de deux pays qui se connaissent et se respectent. Je pense que les relations entre le Maroc et Cuba s’améliorent considérablement, après une interruption de 37 ans, résultat d’une guerre froide dépassée.
Dans quels domaines peut-on parler de réalisations majeures au cours de ces trois premières années de nouvelles relations ?
D’abord, dans le domaine politique, que je viens d’évoquer, et qui englobe tous les autres. Nous avons réussi à conclure des accords bilatéraux pour exprimer des votes de soutien réciproque au sein du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, basé à New York, et des organes de l’ONU basés à Genève et à Paris (Unesco). Il existe également un accord pour la représentation internationale des personnes handicapées. En outre, il existe deux mémorandums de coopération dans le secteur des mines, des énergies renouvelables et de l’environnement, et un autre dans le domaine de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, tous deux en attente de signature.
Y a-t-il eu du progrès au niveau de l’économie et du commerce bilatéral ?
Oui, et il est très significatif. Nous étions sur le point d’organiser une exposition bilatérale cubano-marocaine des produits artisanaux et industriels, lorsque la pandémie de Covid-19 nous a contraints à observer le confinement. Nous le ferons dès que possible.
Comment le Maroc participe-t-il à l’effort cubain pour attirer des entreprises internationales sur son marché, et des flux financiers pour son économie ?
Le Maroc participe à tous les forums et séminaires organisés par le gouvernement cubain pour s’ouvrir aux entreprises internationales et attirer des capitaux pour le développement de son économie. Par exemple, à la rencontre qui est en train de se préparer dans la zone spéciale de développement (ZED) du port de Mariel, dans laquelle se trouve déjà installée une entreprise marocaine spécialisée dans la production d’articles sanitaires. D’autres projets sont en étude. Pensez-vous que l’exemple du port off-shore de Tanger Med soit applicable au projet cubain du port de Mariel ? Dans la société, comme dans l’économie et le développement technologique, tous les exemples sont dignes d’être étudiés. Si le gouvernement cubain pense que notre grand projet Tanger-Med, ainsi que le macro-projet du port de Dakhla sur l’Atlantique, sont intéressants, nous sommes prêts à partager l’expérience avec lui. Je dirais même qu’il existe une certaine similitude entre TangerMed et Dakhla, en tant que plateformes vers l’Europe, l’Afrique et l’Amérique, et Mariel en tant que plateforme vers la région centrale et septentrionale du continent américain.
Qu’en est-il des relations culturelles et sportives ?
Nous avons également fait des progrès importants, comme l’organisation d’une semaine du cinéma, malheureusement reportée pour le moment en raison du confinement décrété pour faire face à la pandémie. Nous avons créé un groupe d’amitié d’artistes et d’intellectuels cubains avec le Maroc. Après la rencontre que cette ambassade a organisée à la résidence diplomatique avec plus de vingt artistes, cinéastes, créateurs de mode, poètes, journalistes, chanteurs et peintres, ce groupe d’amitié cubano-marocain a vu le jour. Concernant le domaine sportif, des équipes nationales de boxe et de lutte ont visité successivement cette ambassade à l’occasion de leur séjour à Cuba pour suivre des cycles préparatoires avec leurs homologues cubains.
Pensez-vous que tous les points de conflit entre Cuba et le Maroc ont été surmontés ou qu’il en reste certains d’autres ?
Il y a toujours des points à améliorer. Se mettre au diapason est une tâche permanente. Cuba et le Maroc sont deux Etats régis par une Constitution dans laquelle la démocratie et la liberté sont écrites en lettres d’or. Mais voilà, dans la vie quotidienne, nous ne voyons pas toujours les choses de la même manière. Chacun a le poids de sa propre histoire.
A quoi faites-vous référence en particulier ?
Par exemple, l’agence «Prensa Latina», qui est une agence officielle, m’a demandé une interview pour laquelle elle a rédigé elle-meme le questionnaire, en promettant de le publier dans son intégralité. Mais ce n’était pas le cas. Ils voulaient censurer la partie où je parlais de la position officielle du Maroc sur le dossier du Sahara. Ils ont posé la question et n’ont pas voulu publier la réponse car celle-ci ne coïncidait pas avec la position officielle de Cuba. Ils voulaient publier l’interview amputée, mais je n’ai pas accepté cela. Et malgré cela, j’ai organisé le voyage du président de «Prensa Latina» au Maroc, où il a rencontré des personnalités de haut rang et signé un accord avec l’agence MAP.
En ce qui concerne la question du Sahara, la position du gouvernement de La Havane est bien connue. Pensez-vous que, pendant ce temps, les autorités cubaines ont évolué dans leur position ?
Ma tâche au sujet de cette question était claire. Faire comprendre aux autorités cubaines que la seule solution réaliste est celle que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a mis sur la table : une proposition d’autonomie avancée qui permettra à la population marocaine du Sahara d’exercer pleinement tous ses droits politiques, économiques et sociaux, tout en maintenant la souveraineté nationale et l’unité territoriale du Royaume.
Cette proposition a-t-elle trouvé un écho auprès des dirigeants cubains ?
Nous avons été écoutés, et je peux vous dire que le gouvernement cubain souhaite sincèrement que ce problème soit résolu. De plus, beaucoup de ceux que j’ai rencontrés avouent que c’est une question de temps.
Mais avez-vous soulevé des progrès concrets ?
Oui, par exemple, le gouvernement cubain se montre de plus en plus favorable à ce que les Nations unies aident à résoudre le problème. Avant, les Cubains parlaient plutôt de Cuba comme étant “fidèle à ses constantes”, ce qui signifiait soutenir la lutte armée; aujourd’hui, ils parlent plutôt des Nations unies.
L’une des tâches de tout Etat en transition est d’adapter l’exercice de la liberté d’expression et de réunion, ainsi que le pluralisme politique et le respect de la diversité des idées, à la nouvelle réalité. Cuba semble avoir encore des difficultés avec l’exercice des libertés, notamment la liberté d’expression, qui est toujours bridée. Avez-vous pu le constater dans les relations bilatérales ?
Je vous ai déjà parlé de la censure que « Prensa Latina » voulait nous imposer et selon notre avis, Cuba a réalisé un très grand progrès et évolue positivement et à pas surs. Signe de ce changement positif est la nouvelle Constitution discutée et approuvée par des millions de citoyens. A cet égard, elle est similaire à la nouvelle Constitution rédigée et approuvée massivement par les citoyens au Maroc.
Le Maroc a participé à plusieurs reprises en tant qu’observateur aux sommets ibéro-américains. Pensez-vous que le projet d’unir l’Afrique et l’Amérique latine à travers l’axe Maroc-Espagne est toujours valable ? Cuba a-t-elle un rôle à jouer dans ce projet ?
Bien sûr que oui. Et j’oserais vous dire que, pour des considérations historiques et géopolitiques, Cuba peut jouer un rôle similaire à celui du Maroc en tant que pont entre l’Afrique et l’Europe, et, à travers l’Espagne, avec l’Amérique. Il convient de rappeler à ce stade que l’on parle à nouveau ces jours-ci du projet de relier l’Europe et l’Afrique par une liaison fixe à travers le Détroit entre l’Espagne et le Maroc. Un projet grandiose mis sur la table dans les années 1980 par les deux gardiens du Détroit de l’époque, le Roi Hassan II du Maroc et le Roi Juan Carlos I d’Espagne.
De votre point de vue d’observateur à La Havane, comment voyez-vous ce qui se passe en Amérique latine ?
L’Amérique latine traverse une étape cruciale de son histoire, pleine d’incertitudes et d’espoirs. Le Royaume du Maroc veut être présent, car nous nous sentons concernés par tout ce qui se passe en Amérique latine.
Mais le processus de changement en Amérique latine est très rapide. Ne pensez-vous pas que la diplomatie marocaine pourrait être plus active et plus pénétrante ?
Il est toujours possible d’être plus actif. Les ambassades marocaines reçoivent des directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et du ministère des Affaires étrangères. Mais pour les mettre en œuvre, il nous appartient de trouver les meilleurs et les plus efficaces moyens pour les appliquer en vue de développer la coopération Sud-Sud.
Pour revenir à la question du Sahara, comment pensez-vous que les dirigeants cubains pourraient contribuer au règlement final de ce conflit ? Pourraient-ils user de leur influence pour convaincre leurs alliés algériens de se tourner vers la solution politique actuellement sur la table, celle de l’autonomie pour la région du Sahara ?
Chaque gouvernement a ses priorités et ses responsabilités. Le plus important dans le cas que vous mentionnez est d’être cohérent avec l’amitié et de travailler pour surmonter les conflits hérités d’autres temps et qui ne profitent pas aux peuples de Cuba et du Maroc.
Par Pedro Canales
Traduction non officiell