Reportage : Crues et inondations vues d’en haut


D.N.E.S dans le Gharb : Narjis Rerhaye
Jeudi 12 Février 2009

Reportage : Crues et inondations vues d’en haut
En un peu plus d’une heure et demie, à bord d’un hélicoptère de la Gendarmerie Royale, le tour des dégâts dans le Gharb est donné à voir. Routes inondées, plaines marécageuses, pâturages boueux : après les pluies des premiers jours de février, la région du Gharb, de Sidi Slimane aux abords de Kénitra, crues et inondations ont laissé derrière elles un spectacle de désolation.
En un peu plus d’une heure et demie, à bord d’un hélicoptère de la Gendarmerie Royale, le tour des dégâts dans le Gharb est donné à voir. Routes inondées, plaines marécageuses, pâturages boueux : après les pluies des premiers jours de février, la région du Gharb, de Sidi Slimane aux abords de Kénitra, crues et inondations ont laissé derrière elles un spectacle de désolation. L’eau est partout, à perte de vue et les fleuves ont déversé des milliers de m3.  « Nous n’avons pas vu de telles pluies ni de telles inondations depuis les années 60. Fort heureusement les barrages, aujourd’hui pleins à 100%, ont complètement rempli leur fonction. Sans ces barrages, la catastrophe aurait été incommensurable», soutient Magid Benbiba, directeur de la recherche et de la planification de l’eau au secrétariat d’Etat en charge de l’eau.
Sur la route du Gharb, le barrage Sidi Mohamed Ben Abdallah –sans lequel le projet du Bouregreg aurait peut-être été englouti, reconnaissent les pouvoirs publics- et celui d’Al Wahda, deuxième barrage du continent après celui d’Assouan, sont pleins à ras bord. Les fleuves creusent leur sillon et quittent leur lit. Il est tombé des milliers  et des milliers de m3 de pluies depuis le mois de janvier. L’eau se déverse sur les terres. Et les terres ont fini par atteindre le seuil de saturation.
Vues d’en haut, les plaines vertes du Gharb se font ici et là marécages, immenses flaques d’eau. Les routes n’existent plus. L’eau et la boue ont fini par engloutir le bitume. Des hameaux sont coupés en deux. D’une rive à l’autre, des maisonnées comme noyées. « Il faut savoir qu’on ne peut immuniser à 100% le Gharb. La Protection totale n’existe nulle part dans le monde. En fait, on diminue le risque et chaque risque a un coût. Personne n’est vraiment préparé à ces changements climatiques que connaît le monde. Des changements climatiques qui se traduisent par une accentuation des extrêmes, passant de grosses inondations aux grosses sécheresses. Toutes nos statistiques sont-elles toujours valables avec de tels changements ? », s’interroge cet expert tout en assurant que le Maroc participe à une telle réflexion qui mobilise les spécialistes du monde.
Le barrage Al Wahda, cette mer sans vagues
L’hélicoptère survole le barrage Al Wahda. A la faveur des pluies et du fleuve Sebou et ses eaux canalisées, l’ouvrage est presque une mer sans vagues. Des enfants s’y aventurent, quelques troupeaux aussi. Quelques kilomètres plus loin, le fleuve Ouergha déborde. Des baraques dangereusement construites à proximité du oued donnent l’impression de chavirer.
Les prévisions météorologiques et leur cortège de bulletins d’alerte ne suffiront jamais à sauver les populations des crues et inondations. Aujourd’hui plus que jamais, la question de l’aménagement du territoire se pose dans toute son ampleur. «Attention, le système d’évacuation mis en place par les autorités a fonctionné. Sinon comment expliquer qu’il n’y ait eu aucun mort après la destruction de 300 maisons ici. Les habitants sont non seulement alertés mais évacués», explique M. Achour, gouverneur en charge de la communication au sein du ministère de l’Intérieur, organisateur de la visite aérienne à l’adresse de la presse.
Dans la région de Magrane, à 30 kilomètres au nord de Kénitra, les séquelles mettront bien du temps à s’effacer. L’image est presque celle d’une fin du monde. Les champs se sont faits marécages. La voie ferrée est impraticable et les routes inondées jusqu’à disparaître.  «On a vécu une épreuve importante. Les choses commencent à rentrer dans l’ordre. La marée haute et ses vagues de 9 mètres n’ont pas facilité l’entreprise. Nous avons aujourd’hui 20 barrages entièrement remplis. Et ils ont complètement rempli leur rôle avec ce qui s’est passé », se félicite Magid Benbiba.Reste le plus difficile, le plus douloureux aussi. C’est-à-dire le retour à la vie de tous ceux qui ont tout perdu, parce qu’il a trop plu …


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