Recrudescence des intoxications au CO : Le charbon de bois continue à faire des dégâts

Les données sont certes connues de tous depuis près d'un trimestre, mais le problème a pris des dimensions extrêmement graves depuis la publication en octobre dernier des résulats d'une étude par le Centre antipoison et de pharmacovigilance (C.A.P.M) sur les intoxications au monoxyde de carbone (CO). A telle enseigne que celles-ci commencent à constituer un sérieux problème de santé publique au Maroc. Selon ce centre, entre 1992 et 2007, les derniers chiffres du Centre antipoison et de pharmacovigilance l'affirment : 11.488 cas d'intoxications ont été recensés, avec 66 cas de décès par an, soit 15.8% de l'ensemble des cas d'intoxication enregistrés pendant la même période.
Le monoxyde de carbone qui est un gaz incolore et inodore dont la densité est voisine de celle de l'air, résulte d'une combustion incomplète, et ce quel que soit le combustible utilisé : bois, butane, charbon, essence, fuel, gaz naturel, pétrole, propane.
Il se diffuse très vite dans l'environnement et agit comme un gaz asphyxiant très toxique qui, sitôt absorbé par l'organisme, se fixe sur l'hémoglobine. 0,1 % de CO dans l'air tue en une heure, 1 % de CO dans l'air tue en 15 minutes, 10% de CO dans l'air tuent immédiatement. Il existe deux types d'intoxication : l'intoxication aiguë, qui entraîne une intervention des secours en urgence et se manifeste par des vertiges, une perte de connaissance, une impotence musculaire, voire un coma et le décès.
L'intoxication chronique, entraîne des maux de tête, des nausées, une confusion mentale. Difficilement détectable, elle peut entraîner, à la longue, des troubles cardiaques ou respiratoires. Ce type d'intoxication est actuellement suspecté de perturber le développement cérébral des enfants et notamment leur fonctionnement intellectuel.
 Dans une majorité des cas, les accidents résultent de la vétusté et du manque d'entretien de certains appareils, de l'absence de ventilation dans la pièce où est installé l'appareil, de la mauvaise utilisation de certains appareils...
Au Maroc, la majorité des intoxications au CO ont été observées en hiver (39.4%) suivi de l'automne (28.5%), du printemps (20.5%) et enfin de l'été (11.5%). La prédominance automnale et hivernale est due  à l'utilisation forte et intense de moyens de chauffage à gaz, au charbon de bois et aux chauffe-eau à gaz qui comportent un risque immédiat surtout dans des locaux non aérés. Ces cas ont été à 86.5% d'orgine urbaine et dans 13.5% des cas d'origine rurale.
La répartition géographique des cas d'intoxication au CO montre que toutes les régions du Maroc ont été touchées avec une primauté de la région de Meknès-Tafilalet (1603 cas) suivie de la région de Tanger Tétouan et la région de Tadla-Azilal (1529 cas). A elle seule, la région de Tanger-Tétouan représente 14.5%, avec 8 cas de décès. L'hégémonie de ces régions est liée à l'hostilité des conditions climatiques et à l'abondance des zones forestières, facilitant l'utilisation du bois et du charbon comme principales sources de chauffage.
L'âge moyen des intoxiqués est de 25 ans. Les adultes constituent 60.4% des personnes, 14.5% sont des adolescents et 17% sont des enfants. L'étude des caractéristiques des intoxications a montré que la circonstance accidentelle représentait 98.5% alors que la circonstance volontaire ne représentait que 1.5%. La majorité des intoxications est survenue à domicile (96.8% dans le milieu de travail 1.2% des cas et dans les lieux publics 1.8%. Les intoxications étaient isolées dans 75.5% des cas et collectives dans 24.5%.