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Eric Fottorino, président du directoire du groupe (Le Monde, Courrier international, Télérama, La Vie...) a expliqué jeudi aux lecteurs du quotidien les raisons de cette recapitalisation et l'impérieuse nécessité de préserver l'indépendance du journal fondé en 1944 dans Paris libéré par Hubert Beuve-Méry, dans l'esprit de la Résistance.
Dans un éditorial, il a souligné que "l'opération devra se concrétiser par le choix d'ici à la mi-juin d'un nouveau partenaire qui, seul ou associé à d'autres investisseurs, prendra une majorité dans le capital".
Il a rappelé en outre que depuis près de soixante ans, les journalistes sont les "actionnaires de référence" du journal, reconnaissant que ce changement marquera un "tournant historique pour Le Monde".
Les repreneurs potentiels déclarés sont: Claude Perdriel, propriétaire du groupe Nouvel Observateur (centré autour du newsmagazine du même nom), l'Espagnol Prisa (déjà actionnaire du Monde, propriétaire du quotidien espagnol El Pais), et un trio composé de l'homme d'affaires Pierre Bergé, du banquier d'affaires Matthieu Pigasse et du président de l'opérateur de télécoms Free, Xavier Niel.
Il s'y ajoute un quatrième candidat étranger, encore anonyme, tandis que le groupe de presse suisse Ringier (qui édite notamment le quotidien le Temps) étudie aussi le dossier.
Outre les importants besoins financiers que le repreneur devra assumer, d'autres critères doivent être pris en compte. "Obtenir la garantie que le nouvel actionnaire n'interviendra ni de près, ni de loin dans les contenus de nos titres, dans une période où l'échéance présidentielle de 2012 occupe déjà les esprits", écrit encore M. Fottorino.
"Nous ne sommes au service de personne. Nous entendons servir Le Monde et non nous en servir", promet ainsi le trio Bergé-Pigasse-Niel.
Mêmes assurances du côté de l'autre candidat français. "Les principes seront écrits noir sur blanc et ils sont simples: un, la gestion relève des seuls actionnaires et du management, deux l'autorité rédactionnelle dépend des seuls journalistes", a récemment déclaré Denis Olivennes, président du directoire du Nouvel Observateur.
Sur l'aspect politique, M. Olivennes ne cache pas l'esprit du projet : « Constituer un groupe de presse de centre gauche, puissant, indépendant de tous les pouvoirs: le gouvernement, les partis, le CAC 40, la banque...".
Côté financier, les besoins sont massifs: l'endettement du groupe, qui emploie 1.000 salariés dont 280 journalistes au quotidien, se décompose en 69 millions d'euros d'obligations remboursables en actions (ORA) et 25 millions à rembourser rapidement.
Le Monde "doit trouver très rapidement les moyens nécessaires à sa pérennité, aujourd'hui nous nous engageons pour lui apporter le soutien dont il a besoin", ont écrit MM. Bergé, Niel et Pigasse au Conseil de surveillance du groupe.
Chez Claude Perdriel, même si on affiche des moyens financiers conséquents, avec plus de 100 millions d'euros de fonds propres, la réflexion est de mise.
Selon le quotidien La Tribune, le patron du Nouvel Observateur serait devenu hésitant et pourrait du coup chercher un ou plusieurs alliés pour finaliser une proposition.
Le quotidien Le Monde était diffusé en 2009 à 288.049 exemplaires, en baisse de 4,14% par rapport à 2008.