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L'AFP fait le point sur les particularités de ce nouveau programme.
Manus a été lancé la semaine dernière par la startup chinoise Butterfly Effect.
Dans une vidéo virale publiée sur YouTube, son cofondateur, Yichao "Peak" Ji, a salué la naissance du "prochain paradigme de la collaboration entre l'humain et la machine", "un aperçu de ce que pourrait devenir l'AGI", l'intelligence artificielle générale, une IA qui serait capable de réaliser toute tâche cognitive à la manière d'un être humain.
Uniquement accessible sur invitation, Manus a rapidement suscité l'engouement, avec plus de 170.000 membres déjà inscrits sur son serveur officiel Discord.
Ses créateurs expliquent que son nom provient de l'expression latine "mens et manus", qui signifie "l'esprit et la main", soit l'alliance de la connaissance et de l'action.
Manus serait en effet capable, via quelques simples instructions, d'accomplir des tâches complexes comme la création d'un guide de voyage personnalisé, affirme son site internet.
Manus est un agent IA et, à ce titre, ne joue pas dans la même cour que les assistants conversationnels de DeepSeek ou d'OpenAI (ChatGPT).
Ces derniers fournissent en effet "des réponses aux requêtes des utilisateurs via une interface de discussion", là où Manus "est capable d'exécuter des tâches en autonomie pour les utilisateurs", résume pour l'AFP Manoj Harjani, chercheur à la S. Rajaratnam School of International Studies (RSIS).
Il peut par exemple "réserver des billets ou trier des CV", explique l'expert.
Par ailleurs, Manus adopte une approche différente en limitant l'accès à une version uniquement accessible sur invitation et en ciblant les entreprises, décrit à l'AFP Marina Zhang, professeure associée à l'Université technologique de Sydney.
"Cette exclusivité peut générer du buzz, mais elle risque aussi de limiter une adoption massive", anticipe-t-elle, à la différence de DeepSeek, qui est parvenu à se construire une large communauté en faisant le choix de l'open-source, donc à la mise en accès libre de son code de programmation.
Lors d'un test mené par l'AFP, Manus a mis beaucoup plus de temps à générer des réponses que DeepSeek ou ChatGPT, mais est parvenu à accomplir des tâches plus complexes, comme par exemple la création d'un site web personnalisé.
A la différence de Deepseek, qui propose sur plusieurs sujets des réponses conformes à la position du Parti communiste chinois, Manus a été en mesure de fournir des réponses précises et complètes sur des questions sensibles pour le pouvoir chinois.
Parmi ces sujets figure la répression meurtrière des manifestations de la place Tiananmen en 1989. Interrogé par l'AFP sur le sujet, le programme a répondu que "le gouvernement chinois (avait) mené une répression violente contre les manifestants prodémocratie", avant de proposer six autres paragraphes détaillant l'événement.
Manus a également fourni une réponse détaillée sur les accusations de violations des droits humains par l'Etat-parti chinois dans la région du Xinjiang.
Interrogé sur sa sensibilité à la censure, Manus a répondu qu'il ne "censur(ait) pas intentionnellement les informations factuelles".
Manus "est centré sur l'exécution de tâches", et n'a probablement "pas intégré un contrôle aussi strict du contenu comme l'ont fait DeepSeek et ChatGPT", estime Li Jianggan, fondateur de Momentum Works, un cabinet de conseil en technologie basé à Singapour.
Le succès de Manus dépendra désormais de sa capacité à s'adapter à la demande, estime Manoj Harjani.
Cependant, il ne faut pas le considérer comme "le prochain DeepSeek", car il s'agit de deux types d'applications différentes, ajoute-t-il.
Sa réussite reposera sur une combinaison entre "une puissance de calcul adéquate et une gestion efficace des défis techniques, éthiques et réglementaires", précise de son côté Marina Zhang.
Si ces défis sont relevés, Manus pourrait devenir "un acteur majeur dans le domaine de l'automatisation des entreprises", ajoute-t-elle.
Mais Manus est "loin d'être parfait" et n'est probablement pas ouvert aujourd'hui au grand public à des fins d'optimisation du programme, estime Li Jianggan.
Son succès futur reste donc "une grande inconnue", conclut-il.