Presse écrite : l'été meurtrier

C'est un été exceptionnel que vient de connaître la presse écrite marocaine. Il entrera dans ses annales comme un moment fort. Non pas du fait de certaines prouesses journalistiques ou pour avoir réalisé des records de vente (ça c'est une autre histoire !) mais tout simplement parce que cet été a dévoilé encore plus ses lacunes profondes et mis à nu ses contradictions.
Le passage de l'ère de la presse partisane à l'âge de la presse indépendante a été annoncé par certains observateurs comme une évolution naturelle accompagnant la mutation de l'ensemble du système politique qui, en se modernisant, en s'inscrivant dans l'esprit du temps, convoque une autre forme de la médiation sociale de la parole publique. Celle-ci étant illustrée par le triomphe de l'information sur l'opinion. Dix ans après (approximativement on date la naissance de la nouvelle pratique journalistique avec l'avènement du premier gouvernement d'alternance), l'expérience s'avère être un lamentable fiasco : la presse dite indépendante s'est livrée cet été à une guerre civile mettant à nu la réalité de son fonctionnement. On apprend alors (nous les citoyens de base) que d'indépendance, il n'a jamais été question. Qu'il s'agit bel et bien de véritables entreprises diligentées par des centres occultes avec des objectifs précis dans le cadre de la mise en place du nouveau rapport de forces avec l'arrivée du nouveau régime. On comprend alors comment une presse dite privée et indépendante s'acharne sur des personnes, des partis politiques en particulier…car normalement dans la pratique journalistique professionnelle, l'indépendance veut impliquer une forme d'équilibre de traitement : être toujours pour ou contre à hauteur de 51 %. Notre presse dite indépendante a instauré une nouvelle forme de journalisme, celle de jouer aux Cassandre. Aujourd'hui, c'est la mise à nu avec des épisodes dignes d'un serial killer… à suivre.