Près de 1400 sociétés d’intérim opèrent dans l’illégalité absolue : Le Plan Rhmani pour réglementer le travail temporaire


M’Hamed Hamrouch
Samedi 29 Mai 2010

Près de 1400 sociétés d’intérim opèrent dans l’illégalité absolue : Le Plan Rhmani pour réglementer le travail temporaire
Ils sont nombreux à bosser dans le gardiennage, la sécurité privée, le nettoyage, l’animation culturelle et artistique. Ils sont de plus en plus sollicités par les sociétés d’intérim, répondant ainsi aux nouveaux besoins d’une société en pleine transformation. Leur utilité n’est donc pas à démontrer, pas plus que les services autant vitaux, divers que louables qu’ils rendent à des employeurs qui s’enrichissent à leurs dépens. Une injustice que le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle veut désormais réparer, avec la collaboration de ses partenaires sociaux (syndicats et patronat). Vendredi matin, à la Salle du Dialogue social, à Rabat, la question a été au centre de la réunion de la commission tripartite (ministère de l’Emploi, représentants syndicaux et ceux de la CGEM). Cette commission, soit dit en passant, a été mise en veilleuse depuis 2005, soit cinq ans depuis l’adoption du Code du travail. Cette mise entre parenthèses a fait qu’un nombre important de sociétés d’intérim aient vu le jour, profitant de l’absence patente de contrôle de la part des autorités publiques pour opérer dans la clandestinité et l’illégalité absolues. Et ce sont des dizaines de bataillons d’employés qui ont payé de leur temps, de leurs efforts et surtout de leurs poches les frais de cette grave injustice. Il aura donc fallu l’arrivée en 2007 de Jamal Rhmani à la tête du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle pour remettre la commission ad hoc en ordre de marche, pour le grand bonheur d’employés non déclarés, sous-payés, non sécurisés, maltraités, livrés en pâture à des employeurs qui bâtissent des fortunes colossales sur les ruines de ces employés et leurs familles, sans oublier qu’ils ne déboursent pas un seul rond à l’Etat. Le chiffre est plus qu’alarmant. Sur un total de 1400 de sociétés d’intérim, seulement quinze (bien 15) sont déclarées ! Le reste, c’est-à-dire la grande majorité de ces sociétés, ne s’acquittent pas de leurs devoirs vis-à-vis de l’Etat, moins encore de cette majorité silencieuse que sont les employés temporaires. Pas de couverture sociale, ni de sécurité professionnelle, ni de conditions de travail adéquates, encore moins de salaires convenables … Pour s’en rendre compte, il suffit de réaliser que parmi ces nouveaux «esclaves» des temps modernes, il y en a qui perçoivent (excusez du peu) jusqu’à 1000 dirhams par mois ( !). «C’est moins que rien et c’est inacceptable», reconnaît un responsable au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Mais voilà, aux grands maux, les grands remèdes. Intervenant hier devant la commission ad hoc, le ministre Rhmani a affirmé que son département avait mis en place une stratégie nationale visant à réhabiliter les travailleurs temporaires et amener les sociétés d’intérim à respecter leurs obligations vis-à-vis et de l’Etat et des employés saisonniers. «Cette stratégie de suivi a pour mission de veiller à la stricte application des dispositions du Code du travail relatif à l’emploi temporaire », a expliqué le ministre Rhmani, en rassurant que cette stratégie a déjà commencé à porter ses fruits. Grâce à cette stratégie, «le nombre des sociétés d’intérim ayant été déclarées est passé d’1 à 15 entreprises», a certifié le ministre, ajoutant que bien d’autres seraient en train d’être agrémentées. «Il faut que tout le monde respecte la loi», martèle le ministre Rhmani, en rappelant le commun des employeurs à leurs devoirs et en les invitant au respect des règles de transparence et de la concurrence loyale.
Un rappel qui résonne comme un avertissement aux entreprises qui voudraient continuer à opérer dans le «noir» et en infraction des dispositions définies par le Code du travail adopté en 2005. Cela fait maintenant cinq ans. Et donc il était temps que les entreprises intérimaires sortent de leur clandestinité et opèrent à visage découvert. Il y va de leurs devoirs citoyens envers l’Etat et de leurs obligations vis-à-vis d’une catégorie professionnelle lésée dans ses droits les plus élémentaires.  


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