On aime tous le foot, mais… !

Dans un contexte caractérisé par l’urgence d’agir, la réforme a été progressivement appliquée depuis 2013


Par Mehdi Alaoui
Jeudi 25 Février 2016

Qui aurait dit qu’un jour, un gouvernement pourrait et oserait dans un seul mandat, concevoir et mettre en application une telle salve de réformes controversées ? Depuis l’investiture de l’actuel Exécutif, le chantier des réformes est en pleine croisière. Première cible : la Caisse de compensation. La charge de celle-ci devenait incontrôlable. Elle frôle la barre des 50 milliards de dirhams en 2013 et alourdit d’une manière flagrante le poids sur le budget de l’Etat, selon les prévisions du ministère de l’Economie et des Finances. Entre 2013 et 2016, les dépenses de cette caisse pourraient monter jusqu’à 200 milliards de dirhams, contre 123 milliards de dirhams au cours de la période 2009-2011 (rapport sur la compensation, 2013) . 
Dans un contexte caractérisé par l’urgence d’agir, la réforme a été progressivement appliquée depuis 2013. Les objectifs sont déjà atteints  à l’exception de la subvention du gaz butane qui a été mise à l’écart. Les subventions aux produits pétroliers, du sucre ont été supprimées. La charge de la compensation a chuté à 33.6 MMDH en 2014 et a seulement 23 MMDH, en 2015. Les retombées de cette réforme très contestée se font déjà sentir. Notamment via une augmentation générale des prix (transport commun, produits de première nécessité…). Une situation d’autant plus intenable que le gouvernement avait promis la distribution d’une aide en faveur des familles démunies dont les modalités de ciblage et de distribution ne sont pas encore mises au point et risquent de ne jamais l’être. 
La réforme des caisses de retraite constitue, elle aussi un nouveau cheval de bataille pour le gouvernement. Le ministre de l’Economie et des Finances a précisé, à ce propos, que les dépenses du régime des pensions civiles ont dépassé ses recettes ordinaires (cotisations salariales et contributions patronales) d’un montant estimé en 2014, à 1,1 MMDH. Le gouvernement a donc adopté un scénario de redressement graduel et drastique. Il s’articule autour des mesures suivantes : relèvement de l’âge de départ à la retraite à 62 ans à partir de juillet 2015 et progressivement à 65 ans à partir de 2016, à raison de 6 mois par an, avec toutefois la possibilité de bénéficier d’une pension complète avant l’âge légal de départ à la retraite après 41 ans de cotisation. Le gouvernement envisage aussi d’augmenter le taux de cotisation qui devrait passer de 20 % à 28 %, l’adoption du salaire moyen des 8 dernières années comme base de calcul de la pension et la révision des conditions de départ en retraite anticipée : 26 ans au lieu de 21 ans pour les hommes. 
Pour  le gouvernement, la mise en place des mesures permettrait de repousser l’apparition du 1er déficit du régime à 2022 au lieu de 2014 et l’épuisement des réserves à 2031 contre 2022. De même, la dette implicite du régime sera réduite à 209 MMDH au lieu de 687 MMDH accumulés à fin 2012 (Loi de Finances 2015). 
L’opposition, les syndicats et la société civile se mobilisent contre cette réforme qu’ils considèrent comme antisociale et les marches populaires et les protestations s’enchaînent. 
La liste des demandes des manifestants est longue : retour au dialogue social, suspension de l’application de la réforme des caisses de retraite, préservation du  pouvoir d’achat des citoyens et augmentation des salaires… Le militantisme en réseau fait un tabac dans le monde arabe. Le Maroc n’y fait pas exception. Ses cyber-activistes rejoignent la vague et se mobilisent par la création des pages Facebook dénonçant les mesures gouvernementales. Pourquoi les citoyens et les employés devraient-ils assumer, seuls, le coût de la réforme ? se demandent-ils. En outre, plus de 50.000 internautes ont signé une pétition pour la suppression des retraites des parlementaires et leur alignement  sur le système de retraite de la fFnction publique. 
D’autres alternatives pourraient être envisagées. Prenons le cas du football marocain. Avec la naissance de la Botola Pro, les salaires des joueurs et des entraîneurs s’envolent. Certes, les comparer au niveau international est un peu exagéré, mais, ils restent quand même très significatifs au niveau national. Le sélectionneur national qui vient d’être désigné touchera un salaire de 600.000 DH/ mois, somme qui devra augmenter de 200.000 DH en cas de double qualification au second tour de la CAN 2017 au Gabon et au Mondial 2018 en Russie. Au niveau des clubs, les salaires des entraîneurs oscillent entre 10.000 DH et 45.000 DH.La grille des salaires des joueurs se situe entre 9000 et 16.000 DH à laquelle il faut ajouter les primes de match qui varient entre 4000 et 8000 DH selon l’importance de la rencontre (Darouich, 2015). A cela s’ajoutent des avantages en nature qui prennent différentes formes : logement, nourriture et déplacement. 
Une véritable fortune échappe ainsi à l’impôt sur le revenu !





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