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En marge de la Journée internationale des femmes : Une célébration en temps de crise ou une consécration d’une réalité amère ?

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En marge de la Journée internationale des femmes : Une célébration en temps de crise ou une consécration d’une réalité amère ?


Mohamed Assouali
Mardi 11 Mars 2025

En marge de la Journée internationale des femmes : Une célébration en temps de crise ou une consécration d’une réalité amère ?
La Journée internationale des femmes intervient cette année au Maroc dans un contexte de crise économique, sociale et politique sans précédent. Jadis symbole d’espoir et de reconnaissance, cet événement a perdu toute saveur festive, pour ne devenir qu’un sombre rappel des conditions qui se détériorent jour après jour.

Dans un pays englué dans une dette publique vertigineuse, miné par une inflation galopante et un chômage structurel, où les déficits commerciaux s’accumulent, les services de santé et d’éducation se dégradent, la crise du logement s’accentue et le coût de la vie devient insoutenable, la célébration de la femme paraît déconnectée des réalités du quotidien.

Comment une femme marocaine peut-elle fêter sa journée internationale alors qu’elle affronte quotidiennement des défis accablants, entre pouvoir d’achat en chute libre, précarité de l’emploi, absence de politiques sociales adaptées et services publics à l’agonie ? Ce jour est-il une véritable reconnaissance des acquis, ou bien une mise en scène servant à masquer l’inaction d’un gouvernement qui a échoué à améliorer les conditions de vie des citoyens ?
 
La femme marocaine au cœur d’une crise économique et sociale
 
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux d’activité des femmes a chuté à 19% en 2023, l’un des plus bas de la région. Autrement dit, plus de 80% des femmes sont exclues du marché du travail. Cette situation ne traduit pas uniquement un manque d’opportunités, mais révèle l’échec des politiques publiques en matière d’insertion économique des femmes.

En l’absence de réformes structurelles pour favoriser l’emploi féminin, le secteur informel reste souvent leur seul recours, avec des conditions de travail précaires, sans sécurité sociale, ni protection juridique. Quant aux femmes ayant un emploi formel, elles subissent une discrimination salariale moyenne de 20% par rapport aux hommes, sans compter les difficultés pour concilier vie professionnelle et familiale, dues à l’absence de politiques adaptées telles que des congés maternité dignes ou un accès facilité aux crèches.

Pendant que les femmes subissent cette crise, le gouvernement multiplie les promesses sans lendemain, appliquant des politiques inefficaces qui aggravent les inégalités au lieu de les réduire. Ainsi, la Journée internationale des femmes devient une commémoration de l’échec institutionnel dans l’amélioration de leurs conditions de vie.
 
Une précarité féminine exacerbée par les crises multiples
 
Il est devenu quasiment impossible pour les ménages marocains, et plus encore pour ceux dirigés par des femmes, de faire face à une inflation galopante. Avec des prix en hausse de plus de 10 % sur les produits de première nécessité, des salaires gelés et un coût de la vie toujours plus élevé, la classe moyenne s’effondre et la pauvreté gagne du terrain. Les femmes, particulièrement les chefs de famille, subissent des pressions écrasantes pour assurer la survie de leurs foyers.

La crise du logement s’ajoute à ces difficultés : la flambée des prix de l’immobilier et des loyers, amplifiée par la spéculation et l’absence de régulation efficace, a rendu l’accès à un logement décent presque impossible pour de nombreuses familles. Pour les femmes en charge d’un foyer, cette crise représente un défi quotidien, les obligeant à jongler entre plusieurs emplois précaires pour tenter de subvenir aux besoins de leurs enfants.
 
Un effondrement des services publics
 
Le secteur de la santé et celui de l’éducation, deux piliers fondamentaux du développement, se dégradent à un rythme alarmant. Alors que les pays développés investissent massivement dans ces secteurs essentiels, le Maroc accumule les carences :

Des hôpitaux sous-équipés, un manque cruel de personnel médical et infirmiers et des délais d’attente interminables.
Une éducation publique à bout de souffle, où les infrastructures sont vétustes et le niveau d’enseignement en chute libre.

Face à cette déliquescence, les familles marocaines n’ont d’autre choix que de se tourner vers les établissements privés, dont les frais exorbitants pèsent lourdement sur les budgets déjà fragilisés.
 
Les retraitées et entrepreneuses en difficulté
 
Les femmes retraitées ne sont pas épargnées. Leur pouvoir d’achat s’érode sous l’effet de l’inflation, tandis que les réformes des retraites en préparation risquent d’aggraver davantage leur précarité au lieu de leur offrir des garanties sociales décentes.

Les femmes entrepreneuses, quant à elles, se heurtent à une bureaucratie paralysante et à un environnement économique dominé par le favoritisme et la corruption. L’accès aux financements reste un parcours du combattant, alors que les grandes entreprises monopolisent le marché, étouffant le développement des petites et moyennes entreprises qui pourraient pourtant être un moteur de l’autonomisation économique des femmes.
 
De la célébration à la reddition des comptes : quel avenir pour la femme marocaine ?
 
Si la Journée internationale des femmes doit être un moment de réflexion et d’évaluation, la question fondamentale est la suivante : quelles actions concrètes ont été entreprises pour améliorer la condition des femmes marocaines face à cette crise ?

Les discours officiels et les festivités superficielles ne suffisent plus. Ce que les femmes attendent, ce ne sont pas des roses ni des slogans creux, mais des politiques économiques et sociales solides et cohérentes qui garantissent leurs droits et leur autonomie financière.
 
Un engagement réel pour l’égalité des chances
 
La véritable reconnaissance des femmes ne doit pas se limiter à un événement annuel, mais doit se traduire par des réformes structurelles :
Un accès équitable à l’emploi et à l’entrepreneuriat.
Une revalorisation des salaires et une réduction des inégalités de rémunération.
Des mesures de protection sociale renforcées pour les travailleuses et les retraitées.
Une amélioration effective des services publics, en particulier en santé et en éducation.

Dans le contexte actuel, célébrer la Journée internationale des femmes revient à masquer une réalité où l’endettement croissant, l’inflation, le chômage, le déficit commercial, la détérioration des services publics, la crise du logement, la corruption et l’injustice sociale prédominent.

Les femmes ne se contentent pas d’une seule journée de célébration. Elles ont besoin d’être reconnues et soutenues chaque jour, non pas par des discours, mais par des mesures concrètes qui améliorent leur quotidien et allègent leurs fardeaux.

Chaque jour, des mères, des travailleuses, des entrepreneuses, des retraitées se battent pour vivre dignement. Elles méritent mieux que des promesses vides.
Que les femmes aient droit à une reconnaissance durable, non pour un seul jour, mais pour chaque jour où elles vivent avec dignité, liberté et justice.

Par Mohamed Assouali
Membre de la Commission nationale d’arbitrage et d’éthique de l’USFP.


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