-
Aéroport Marrakech-Menara : Suppression des dispositifs d'inspection pour une circulation fluide
-
Le Maroc accueille le premier bureau régional de la Conférence de La Haye de droit international privé en Afrique
-
Message de condoléances et de compassion de SM le Roi à la famille de feue Naïma Samih
-
La détention préventive en baisse à 37,56% en 2023
Au lieu de prêter attention aux attentes et besoins, dont certains sont hautement urgents, le gouvernement se contente de justifier ses déboires, des fois par la coronavirus, d’autres fois par la sécheresse, et d’autres fois encore par les répercussions liées à certains conflits, et ce sans jamais essayer de se mettre en question, et encore moins de procéder à une évaluation objective des politiques et des stratégies mises en œuvre, aussi bien dans le cadre du plan vert, que dans celui des ressources halieutiques, que dans les autres secteurs stratégiques où d’importantes ressources publiques y ont été injectées.
Quand on est un gouvernement responsable, qui se targue en plus de se qualifier de compétent, l’on ne peut se permettre de percevoir la crise économique comme une simple conjoncture passagère, ni comme le résultat exclusif de facteurs extérieurs. La crise que traverse notre pays semble révéler plutôt des transformations structurelles profondes qui renforcent la concentration du pouvoir économique entre les mains de lobbies financiers influents, conduisant à l’affaiblissement de la classe moyenne et à l’appauvrissement des catégories les plus vulnérables.
Face à une telle situation, plusieurs questions s’imposent : le gouvernement a-t-il une connaissance précise des véritables implications de la crise actuelle et de son impact sur les populations ? A-t-il l’intention de se pencher sérieusement sur les difficultés que beaucoup de citoyennes et citoyens rencontrent dans leur vie quotidienne et d’y apporter les réponses adéquates ? Continuera-t-il de se contenter de réagir épisodiquement à certaines crises, au lieu de travailler pour la construction d'une vision réelle, pérenne et qui permet d’appréhender les causes profondes des problèmes ? Comment parvenir à un équilibre économique et social garantissant une répartition plus équitable des richesses et assurant de véritables opportunités aux jeunes ?
Un gouvernement spectateur face aux crises
Si les gouvernements responsables sont connus pour leur anticipation des crises en adoptant des mesures préventives et en mettant en place des politiques publiques adaptées, le gouvernement marocain semble non seulement incapable d’anticiper les difficultés économiques et sociales, mais il donne en plus l’impression de ne pas se préoccuper vraiment des défis auxquels l’on fait face illustrant ainsi son incapacité à proposer des solutions concrètes et adaptées aux réalités du pays.
Parmi les défis majeurs auxquels le Maroc fait face ces dernières années, l’on peut mentionner la flambée des prix qui touche aussi bien les produits alimentaires de base que le logement et l’énergie, les rendant quasiment inaccessibles pour de larges couches de la population. Or, au lieu d’intervenir efficacement, comme l’aurait fait tout gouvernement soucieux de tenir compte des attentes de ses administrés, en prenant des décisions susceptibles de mettre fin à la spéculation et de renforcer le pouvoir d'achat des citoyens, le gouvernement d’Akhannouch a laissé une minorité d’acteurs économiques dominer le marché, leur offrant une mainmise quasi totale sur les politiques économiques. Cette situation a accentué davantage la marginalisation des catégories les plus défavorisées ainsi que l’injustice sociale.
Une jeunesse désabusée par le manque d'opportunités
Le chômage des jeunes constitue l’un des plus grands défis pour la stabilité sociale du Maroc. Le taux de chômage chez les diplômés de l’enseignement supérieur a dépassé 22% en 2023, selon les rapports du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Cette situation met en lumière les failles d’un système éducatif qui ne prépare pas suffisamment les jeunes aux réalités du marché du travail.
Malgré les annonces de programmes visant à promouvoir l’emploi, tels que "Awrach" et "Intilaka", ces initiatives ont montré leurs limites. "Awrach", lancé en 2022, n’a généré que 100 000 emplois temporaires, alors que le marché du travail marocain requiert près de 400.000 emplois annuels pour absorber les nouveaux arrivants. D’autre part, "Intilaka" s’est avéré inaccessible à une grande partie des jeunes entrepreneurs en raison de critères de sélection restrictifs et d’une faible inclusion financière.
Conséquence directe de ces désillusions : un exode massif des jeunes vers l’Europe. En 2022, plus de 25.000 Marocains ont tenté la traversée clandestine de la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations. L’émigration, qu'elle soit régulière ou irrégulière, est devenue une option perçue comme plus viable que de rester dans un pays offrant peu de perspectives.
Conclusion : un choix entre l'immobilisme et la transformation
Le Maroc est à la croisée des chemins et doit impérativement revoir son modèle économique et social. Les politiques actuelles, basées sur la dérégulation et l’absence de protection sociale réelle, ont montré leurs limites. L'érosion de la classe moyenne, la hausse du chômage et l'aggravation des inégalités ne sont plus des dérives conjoncturelles mais des tendances de fond qui fragilisent l'avenir du pays.
Il semble qu’une remise en question de la méthodologie de travail du gouvernement s’avère être une urgence, et que l’adoption d’une approche globale reposant sur un nouveau contrat social est devenue une nécessité. Cette réforme devrait inclure une redistribution plus équitable des richesses, un soutien réel aux PME, et une politique industrielle axée sur la diversité économique. De même, il est essentiel d’investir massivement dans l’éducation et la formation professionnelle, en adaptant les cursus aux besoins réels du marché du travail.

Le Maroc a deux options : maintenir le statu quo et courir le risque d’une explosion sociale, ou amorcer un véritable changement économique et social fondé sur la justice et l’équité. Seules une volonté politique forte et une implication active de toutes les forces vives de la société permettront de rétablir un équilibre durable et inclusif.
Mohamed ASSOUALI
Membre du Comité national d'arbitrage et d'éthique de l’USFP.