Mostapha Romli, commissaire de l’exposition «Multiples émotions photographiques» : “Donner la possibilité aux œuvres photographiques de dialoguer entre elles”


Propos recueillis par Alain Bouithy
Vendredi 26 Juillet 2013

Mostapha Romli, commissaire de l’exposition «Multiples émotions photographiques» : “Donner la possibilité aux œuvres photographiques de dialoguer entre elles”
Directeur du Centre d’art contemporain d’Essaouira et de la Résidence d’artistes Ifitry, Mostapha Romli est aussi le commissaire (avec Michèle Desmottes)
de l’exposition
« Multiples émotions
photographiques »,
organisée du 19 au 21 juillet à  Casablanca dont il évoque l’intérêt dans
cet entretien.


Libé : Vous avez organisé récemment une exposition consacrée à la photo. Pourquoi cet art ?

Mostapha Romli : L’idée d’organiser une exposition photo est un choix très important dans la mesure où la photographie n’est pas considérée comme un art indépendant et complet au Maroc. Comparativement à la peinture qui est reconnue, il y a encore un apprentissage des gens pour voir la photo d’une autre manière.
Il était donc important pour nous de mettre les  projecteurs sur cet art en lui dédiant une exposition complète. Ainsi, nous donnions à la photographie la place qu’elle mérite.

L’exposition s’est étalée sur trois jours. Etait-ce suffisant pour mettre en lumière cet art ?

C’est à la fois peu et beaucoup. En fait, on a voulu voir les choses de manière un peu différente. Car, ce n’est pas parce qu’une exposition va durer qu’elle va être beaucoup plus visitée. Ce qu’il faut savoir, c’est que les gens viennent souvent les deux ou trois premiers jours. Ce n’est donc pas intéressant de prolonger une exposition tout en sachant qu’il n’y aura personne après.

Pensez-vous que cette exposition peut changer le regard du public sur cet art ?

C’est une évidence. Le fait que le public vienne voir les œuvres exposées est déjà un pas important dans l’apprentissage, cela change leur vision de la photographie. La photo carte postale que tout le monde fait est  complètement différente par rapport à ce qui leur est proposé de voir. Il y a derrière chacune des photos, un concept et une idée. En plus de la réalisation que certains artistes voudraient voir aussi impeccable que le concept. Donc, c’est toute une diversité.

Le fait de l’organiser en ce mois de Ramadan visait un objectif ?

Pas du tout. Pour la simple raison que nous organisons au moins une exposition tous les trois mois et ce, quelle que soit la période. Il nous est même arrivé d’organiser plus qu’une  exposition dans le même mois. C’est un programme étalé sur toute l’année.

L’exposition proposait de voir des œuvres de 40 artistes marocains et étrangers. Qu’espériez-vous à travers ce brassage artistique ?

L’exposition réunit effectivement 40 artistes de quatre continents, ce qui doit être perçu comme une richesse. Je veux dire qu’il est important pour le Maroc d’avoir une exposition dans laquelle il va y avoir des artistes qui viennent d’Amérique, d’Asie, d’Europe et d’Afrique.
Cela permet une complémentarité entre les artistes utilisant des techniques et des thèmes  différents. Nous avons tout simplement voulu donner la possibilité aux œuvres de dialoguer entre elles.

Pourquoi n’avez-vous pas suggéré un thème commun à tous les artistes ?

Cette exposition a été pensée il y a une année et demie. A l’époque, on s’est effectivement posé la question de savoir s’il fallait proposer un thème. Conscients que cela limiterait le travail des artistes, on a donc choisi de leur donner carte blanche afin qu’il y ait cette possibilité de dialogue entre les œuvres exposées. Les artistes ont donc travaillé en toute indépendance, mais après  il y a un travail du commissaire pour essayer de créer une cohérence entre elles.

Envisagez-vous d’organiser une autre édition ?

Je tiens beaucoup à la photographie, d’autant plus qu’elle est mon métier de base. En plus, je ne manque jamais une occasion de la promouvoir. Ceci pour dire qu’une autre édition n’est pas exclue.


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