Le privilège de l’écrivain est de nous entraîner là où il veut et où nous ne serions pas allés sans lui. Et comme le lecteur disposant d’outils de recherche, il va d’aventure en aventure pour pouvoir solliciter les plis et replis du texte afin d’en dégager un sens et en déguster sa part du plaisir qu’il lui offre.
Nos écrivains sont là pour nous ouvrir, nous lecteurs, quelques pistes de lecture et même des outils, un avant-goût de ces jouissances amenant la satisfaction, voire la satiété, étant leurs complices.
Soufiane Marsni, écrivain marocain, est né en 1976 à Casablanca. Il est fonctionnaire.
Libé : Quel a été votre premier texte, nouvelle ou roman, que vous avez publié, que vous avez soumis au lecteur ?
Soufiane Marsni : En 2003, j’avais publié un premier recueil de nouvelles sous le titre « Voyage et solitude ».
Quels sont alors les auteurs ayant influencé votre manière de regarder les faits et de les écrire ?
J’ai longtemps considéré Guy de Maupassant comme étant le maître absolu de la nouvelle, ce qui n’est pas faux; aussi son influence est grande sur mes débuts littéraires, surtout ce premier recueil de nouvelles marqué par une perception un peu pessimiste du monde. Or, cette vision avait été tempérée, plus tard, grâce à des auteurs de renom comme Pearl Buck, Hemingway, John Steinbeck ou encore Amine Maalouf qui, eux, célèbrent les valeurs de l’humanité.
Pour écrire, faudrait-il se faire imposer un cérémonial quelconque, se soumettre à ses contraintes ? En est-il de même pour tous vos romans ?
L’écriture est l’aboutissement d’un long cheminement intérieur, une progression de la pensée qui se traduit par les mots. La prédisposition à l’écriture dispense l’écrivain de se faire imposer un quelconque cérémonial, sa nature lui donne le courage de vaincre la page blanche et de rendre l’acte d’écrire un réel plaisir.
« Ecrire, c’est le double plaisir de raconter et de se raconter une histoire, et c’est aussi le plaisir d’écrire, qui est inexplicable», dit Françoise Sagan dans un entretien accordé à Le Magazine littéraire en juin 1969.
L’écriture, romanesque surtout, est un condensé de vie dont on ne s’ennuie jamais. Autrement dit, chaque roman est une tranche de vie, parfois c’est une vie entière que l’auteur reformule, selon un plan préétabli qui met en exergue les moments les plus intenses ; aussi, la vie écrite, ou réécrite, est une suite de moments privilégiés, vifs et captivants. L’écriture est également une réflexion sur la vie, une tentative de comprendre et d’interpréter le vécu, et de se le représenter selon un nouvel aspect où les choses les plus ambiguës prennent un sens.
Pour Proust, la vie écrite est plus intense que la vie vécue. Qu’en pensez-vous ?
Ceci dit, le roman n’est pas censé apporter des réponses aux questions qu’il pose et qui sont, pourtant, la seule justification de son existence ; de ce fait, il est également le domaine du mystère dont le rôle serait essentiellement de stimuler la curiosité du lecteur et de faire en sorte que son intérêt reste intact du début à la fin.
Nos écrivains sont là pour nous ouvrir, nous lecteurs, quelques pistes de lecture et même des outils, un avant-goût de ces jouissances amenant la satisfaction, voire la satiété, étant leurs complices.
Soufiane Marsni, écrivain marocain, est né en 1976 à Casablanca. Il est fonctionnaire.
Libé : Quel a été votre premier texte, nouvelle ou roman, que vous avez publié, que vous avez soumis au lecteur ?
Soufiane Marsni : En 2003, j’avais publié un premier recueil de nouvelles sous le titre « Voyage et solitude ».
Quels sont alors les auteurs ayant influencé votre manière de regarder les faits et de les écrire ?
J’ai longtemps considéré Guy de Maupassant comme étant le maître absolu de la nouvelle, ce qui n’est pas faux; aussi son influence est grande sur mes débuts littéraires, surtout ce premier recueil de nouvelles marqué par une perception un peu pessimiste du monde. Or, cette vision avait été tempérée, plus tard, grâce à des auteurs de renom comme Pearl Buck, Hemingway, John Steinbeck ou encore Amine Maalouf qui, eux, célèbrent les valeurs de l’humanité.
Pour écrire, faudrait-il se faire imposer un cérémonial quelconque, se soumettre à ses contraintes ? En est-il de même pour tous vos romans ?
L’écriture est l’aboutissement d’un long cheminement intérieur, une progression de la pensée qui se traduit par les mots. La prédisposition à l’écriture dispense l’écrivain de se faire imposer un quelconque cérémonial, sa nature lui donne le courage de vaincre la page blanche et de rendre l’acte d’écrire un réel plaisir.
« Ecrire, c’est le double plaisir de raconter et de se raconter une histoire, et c’est aussi le plaisir d’écrire, qui est inexplicable», dit Françoise Sagan dans un entretien accordé à Le Magazine littéraire en juin 1969.
L’écriture, romanesque surtout, est un condensé de vie dont on ne s’ennuie jamais. Autrement dit, chaque roman est une tranche de vie, parfois c’est une vie entière que l’auteur reformule, selon un plan préétabli qui met en exergue les moments les plus intenses ; aussi, la vie écrite, ou réécrite, est une suite de moments privilégiés, vifs et captivants. L’écriture est également une réflexion sur la vie, une tentative de comprendre et d’interpréter le vécu, et de se le représenter selon un nouvel aspect où les choses les plus ambiguës prennent un sens.
Pour Proust, la vie écrite est plus intense que la vie vécue. Qu’en pensez-vous ?
Ceci dit, le roman n’est pas censé apporter des réponses aux questions qu’il pose et qui sont, pourtant, la seule justification de son existence ; de ce fait, il est également le domaine du mystère dont le rôle serait essentiellement de stimuler la curiosité du lecteur et de faire en sorte que son intérêt reste intact du début à la fin.
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Le roman est le domaine du mystère par excellence, pas forcément l'ambiguïté, mais plutôt l'obscur, l'inexplicable, l'absurde qui prend un sens sous la plume de l'auteur.--------------------------------------------------------
Le critique et écrivain Milan Kundera dit que le roman est le lieu de l’ambiguïté, le lieu où les choses ne sont jamais tranchées de manière définitive, le lieu de l’absence manichéenne. Est-ce que cela pourrait s’appliquer à vos romans ?
A mon sens, le roman est le domaine du mystère par excellence, pas forcément l'ambiguïté, mais plutôt l'obscur, l'inexplicable, l'absurde qui prend un sens sous la plume de l'auteur. D'ailleurs, l'une des fonctions de l'auteur consiste à jeter la lumière sur des fragments de vie, des périodes charnières de notre histoire qui seraient oubliées sans la littérature qui est la mémoire de l'humanité.
Propos recueillis par Abdelkrim Mouhoub
Le critique et écrivain Milan Kundera dit que le roman est le lieu de l’ambiguïté, le lieu où les choses ne sont jamais tranchées de manière définitive, le lieu de l’absence manichéenne. Est-ce que cela pourrait s’appliquer à vos romans ?
A mon sens, le roman est le domaine du mystère par excellence, pas forcément l'ambiguïté, mais plutôt l'obscur, l'inexplicable, l'absurde qui prend un sens sous la plume de l'auteur. D'ailleurs, l'une des fonctions de l'auteur consiste à jeter la lumière sur des fragments de vie, des périodes charnières de notre histoire qui seraient oubliées sans la littérature qui est la mémoire de l'humanité.
Propos recueillis par Abdelkrim Mouhoub
A mon sens, le roman est le domaine du mystère par excellence, pas forcément l'ambiguïté, mais plutôt l'obscur, l'inexplicable, l'absurde qui prend un sens sous la plume de l'auteur. D'ailleurs, l'une des fonctions de l'auteur consiste à jeter la lumière sur des fragments de vie, des périodes charnières de notre histoire qui seraient oubliées sans la littérature qui est la mémoire de l'humanité.
Propos recueillis par Abdelkrim Mouhoub