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Les participants à cet événement ont souligné qu'il existe une "crise continuelle de l'art contemporain", devenue partie intégrante de son identité, relevant que le blocage de la vie publique, le renoncement des institutions artistiques à s’aventurer en proposant de nouvelles expositions, la précarité du marché de l’art, ainsi que les récessions économiques récursives, constituent l’essence même de la nouvelle crise et de ses retombées qui en menacent son existence en profondeur.
S'exprimant à cette occasion, le secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah, Mohamed Benaissa, a indiqué que ce colloque est "une nouvelle occasion pour réfléchir sur trois hypothèses relatives au marché de l'art, à savoir la perte de style dans la pratique artistique, l'absence de référence spécifique, la lutte continue pour l'interaction du public avec l'art visuel et sa conversion en marché culturel, et les sources de créativité dans l'art contemporain, ainsi que la transition des artistes contemporains vers des méthodes innovantes en dehors des règles traditionnelles de la peinture et de la sculpture, donnant naissance à de nouvelles normes".
M. Benaissa a, en outre, estimé que "le parcours de l'expérience artistique marocaine contemporaine n'a pas seulement été une transformation dans la nature des œuvres, mais aussi un changement dans la réflexion sur les questions liées à l'art et les ponts qui devraient exister entre le discours visuel et les diverses formes d'expression et de production culturelle", notant que cette conférence offre "des points de vue avec une profondeur intellectuelle" sur le sujet.
Le Moussem d’Assilah, a-t-il poursuivi, n’a pas été seulement un lieu de rencontre pour des créateurs et des penseurs de divers horizons, mais il a constitué un moment de croisement entre des questions provenant de différentes sources de pensée, de politique, d'économie, d'art visuel, de musique et de littérature, produisant une sensibilité culturelle raffinée qu’Assilah et son Moussem cherchent à diffuser pour renforcer les valeurs de liberté, de progrès et de tolérance.
Pour sa part, l'artiste peintre et écrivain, Ahmed Jarid, s'est interrogé sur la nature de la crise, se demandant si elle réside dans "l'art contemporain" ou dans "le discours", et si toute œuvre produite actuellement pouvait être qualifiée de "contemporaine", relevant qu'il existe "des frontières floues et mouvantes qui séparent l'art de l'art contemporain, nécessitant de négliger la dimension temporelle dans la classification et de se concentrer sur les critères essentiels de l'art contemporain".
M. Jarid a, à cet égard, fait savoir que l'art contemporain découle de l'idée de se détacher des beaux-arts classiques et académiques, puisque l'art contemporain se distingue par le fait qu'il franchit les frontières entre les genres artistiques et crée des ponts entre eux, soulignant que "la contemporanéité, issue de la modernité, est une rupture créative aspirant à se rebeller contre les règles et à libérer la vision".
Il a affirmé que "les nouvelles valeurs qui attirent l'attention dans l'art contemporain sont l'audace, la violence, le chaos, la laideur et la provocation, défiant les conventions académiques et les lois éthiques", indiquant que la plupart des analyses, y compris celles de l'intelligence artificielle, estiment que le discours sur la crise de l'art contemporain a débuté dans les années 90, à travers diverses manifestations, telles que "la commercialisation excessive", "l'incapacité à communiquer avec le public", "l'obscurité excessive pour masquer le vide et la superficialité des œuvres", "le caractère élitiste" et "l'aspect ennuyeux".
Lors d'une intervention philosophique, l'artiste et universitaire, Rim Laabi, a souligné que l'art contemporain perturbe les jugements du spectateur et du chercheur, car il ne repose sur aucun critère fixe, passant en revue une série d'œuvres d'art contemporain qui ont suscité de vifs débats sur leur valeur financière par rapport à leur véritable valeur artistique.
Les autres interventions ont abordé les signes de la crise de l'art contemporain, tels que le désengagement des mécènes et des donateurs, l'instabilité dans le financement des œuvres et des résidences artistiques, et la censure artistique en période de conflits et de guerres, accompagnée d'une résistance artistique profondément idéologique.
Il est à noter que la session d'été de la 45ème édition du Moussem culturel international d’Assilah, organisée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI à l'initiative de la Fondation du Forum d'Assilah en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la communication et la Commune d’Assilah, se déroule du 5 au 27 juillet.
Au programme figurent plusieurs ateliers artistiques, la réalisation de fresques murales, et des colloques sur "l'art contemporain et le discours de crise", et "Le marché de l'art et la valeur de la création", ainsi que trois colloques thématiques sur "Introduction à l'histoire des gravures au Maroc", "L'histoire et l'évolution de la gravure" et "L'histoire de l'impression et de l'édition au Maroc".
Il est également prévu que la session d'automne de cette édition du Moussem d’Assilah se tiendra en octobre et novembre prochains, avec une série de colloques dans le cadre de la 38e session de l'Université Al-Mu'tamid Ibn Abbad ouverte, ainsi que deux colloques organisés en coordination avec le Centre de politiques pour le Sud nouveau.