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De par sa formation et sa riche expérience au département de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire, M.Ameur a réussi à brosser un tableau complet de la problématique de la gestion des villes, en mettant l’accent sur les maux qui gangrènent actuellement nos villes et sur le projet de gestion intégré qui doit être prôné au niveau de nos villes et à leur tête la capitale du pays.
D’abord le bilan: les villes ont connu ces dernières années un développement notable au niveau des infrastructures de base et des équipements, et à l’opposé, une régression du système de gouvernance et du niveau des élites qui se chargent de la gestion des villes.
Outre le problème de Rabat qui ne bénéficie par encore d’un statut à la hauteur de la place qu’elle occupe en tant que capitale, il y a également le problème de Casablanca, qui se débat, selon M.Ameur, dans une crise sans précédent. Cette crise bat en brèche la capacité de la ville de jouer le rôle de levier économique et d’arme face à la compétitivité internationale. Cette crise de gestion a, par la même occasion, donné naissance à de nouvelles orientations, programmes et nouvelles institutions (dont l’Agence de Bouregreg) qui finissent par prendre la place de la municipalité et des élus. Une situation qui est loin de rendre service au processus démocratique, martèle-t-il.
Comment remédier à cette situation? Selon Mohamed Ameur, il est sûr et certain que le problème n’existe pas aujourd’hui au niveau législatif. L’arsenal juridique (ce qui existait déjà et les nouveaux textes) apporte, selon lui, des éléments de réponse à la question de la gestion et de la gouvernance des villes et il suffit de les mettre en application dans la réalité.
Sur le plan politique, les prochaines échéances vont inéluctablement poser le problème du statut de la capitale et la question de la gestion intégrée devant permettre de réaliser une rupture avec l’ancien système de gestion. « Cette rupture est une nécessité impérieuse », a-t-il dit. Elle doit se produire également au niveau de la capitale, en raison de son statut, de son poids politique et administratif et de sa spécificité. « La capitale n’est pas une ville ordinaire, sa gestion doit se faire sur la base d’une approche qui n’aurait rien d’ordinaire ». Il s’agit aujourd’hui de mettre en place une vision futuriste de la ville, se basant sur des indicateurs précis, sur un échéancier bien déterminé.
Cependant, ce projet de ville intégrée auquel tout le monde aspire aujourd’hui ne peut se faire, selon lui, sans la détermination de la dimension nationale de la capitale, ainsi que sa dimension maghrébine. Il faut également préciser le rôle du complexe urbain qui entoure la capitale ainsi que la relation et la continuité avec Casablanca. Ce projet doit être global, de manière à dépasser l’effritement dans les politiques et harmonier les différentes actions menées par les différents acteurs. Ce projet, ajoute M. Ameur, doit être le fruit d’une action collective et commune qui ne se limitera pas aux experts, mais prendra en considération la vie des habitants eux-mêmes, comme cela se fait dans d’autres pays. Enfin, ce projet doit être porté par une équipe politique et des leaders à la hauteur de ces ambitions. « Une équipe homogène, ouverte avec un leadership fort capable de conduire le projet ». A ce propos, M.Ameur est intimement convaincu que l’USFP regorge de compétences à même de prendre cette initiative à bras-le-corps ; il suffit de mettre un programme intégré répondant à cet objectif. « Bien entendu, si on souhaite être au rendez-vous avec l’histoire », a-t-il conclu.
D’autres éléments de débat ont été proposés par le Pr.Brahim Zyani, qui a posé la question du statut particulier de la capitale. Certes, accorder un statut particulier à la capitale est chose courante dans le monde selon lui, mais la question qui se pose, est de savoir à quelle limite cette particularité doit s’arrêter afin de ne pas porter atteinte aux acquis démocratiques. Donnant au passage l’exemple de Paris, qui a été considérée pendant longtemps la ville de l’Etat, avant de recouvrer un statut normal en 1975.
Il a également mis l’accent sur la question du pouvoir technocratique qui se développe aux dépens du pouvoir des élus. Toujours selon lui, ce pouvoir technocratique est une quasi-fatalité face à la déchéance du pouvoir traditionnel des élus qui ne cessent de reproduire le même type de gestion. D’où la responsabilité des partis politiques dans le choix des candidats et des élites qui seraient à même de relever ce nouveau défi.