Ayant mangé tout son pain blanc au point d'être au bord de la faillite, elle avait besoin non plus d'un chevalier blanc, mais d'un repreneur assez timoré pour en renflouer les caisses sans espoir de rentrer dans ses frais dans un avenir prévisible. En la matière, il n'y avait pas mieux que l'Etat. Non seulement, ce dernier continue à percevoir indûment une taxe pour la promotion du paysage audiovisuel chez tous les Marocains qui sont branchés au réseau électrique, dussent-ils ne jamais avoir eu de postes récepteurs, mais il s'est aussi arrangé pour soustraire la gestion des télévisions au contrôle des représentants de la Nation.
Pour rappel, la première des télés qu'il avait sauvées de la banqueroute était gérée par l'ONA en association avec le groupe audiovisuel français TF1, la Sofirad, le groupe canadien Vidéotron et des institutionnels marocains. Après sept ans de fonctionnement et face aux difficultés financières inextricables de la chaîne d'Aïn Sebaâ, l'ONA s'en était retiré et l'Etat en a repris le contrôle. Envers et contre tous et faisant fi de la plus simple des règles d'une gestion en bon père de famille. Pis, il imposa à l'ensemble de la collectivité de participer au renflouement de cette télévision qui aurait dû mettre la clé sous le paillasson si elle diffusait à partir d'un pays réellement libéral et respectueux de l'avis de ses citoyens au point de ne pas leur imposer de taxes ostentatoirement superflues.
A preuve, c'est à l'étatisation de 2M que nous devons le triste privilège de voir nos factures d'électricité alourdies chaque mois par cette incontournable taxe pour la promotion du PAM (paysage audiovisuel marocain) que les citoyens abhorrent, mais qu'ils paient malgré eux.
La « reprise » de la chaîne de Aïn Sebaâ est, en effet, intervenue le 19 juin 1996 et la fameuse taxe instaurée le 1er juillet de la même année.
Elle devait être perçue par l'Office national de l'électricité et par les régies autonomes de distribution d'eau et d'électricité dans les mêmes conditions que celles prévues pour le recouvrement du montant de la facture d'électricité et versée au Trésor à la fin de chaque mois.
Le hic, c'est que certaines de ces régies n'existent plus puisque leur mission a été dévolue à des délégataires étrangers. Et pourtant, nous continuons tous à en être délestés chaque mois que Dieu fait. Malgré que 2M ait allégrement franchi le cap difficile qu'elle traversait et qu'elle soit devenue rentable à en croire certains de ses ex-patrons. Avec la reprise de cet autre canard boiteux qu'est Médi1Sat, cet axe retrouve son utilité d'antan, mais vu la baisse de recettes fiscales prévue, le gouvernement ne sera-t-il pas tenté d'en augmenter les taux ?
Nous ne l'espérons pas.