Les séries du Ramadan, une immersion dans l’héritage culturel millénaire du Royaume

Vendredi 21 Mars 2025

Les séries du Ramadan, une immersion dans l’héritage culturel millénaire du Royaume
Le Ramadan au Maroc, c'est bien plus qu'un mois de jeûne, c’est aussi une immersion dans le patrimoine culturel riche et diversifié du Royaume. Cette année, les chaînes de télévision nationales ont réussi le pari d’offrir au public une programmation éclectique avec des téléséries captivantes qui invitent à redécouvrir les trésors de l’identité marocaine plurielle, mettant en avant la richesse de l’artisanat et diverses facettes de l'héritage culturel.

Au premier rang de ces productions se trouvent la série "Mesk Ellil" (chaîne 2M) réalisée par Hicham El Jebbari, offrant une plongée dans l’univers des corsaires légendaires de Salé, ainsi que la série "Fiha Kher" de Rachid El Hazmir (chaîne Al Aoula), qui explore les aspects de la vie quotidienne au sein des riads.

Elles illustrent cette alchimie réussie entre un scénario profond, une créativité artistique, des décors spectaculaires et une expertise technique avérée, rehaussée par les aventures passionnantes de personnages complexes, emportés dans des péripéties palpitantes.

Alliant harmonieusement fond et forme, ces œuvres télévisuelles se démarquent par des intrigues attachantes et des mouvements de caméra soigneusement orchestrés. Elles parviennent à capturer avec finesse la beauté des tenues traditionnelles, des monuments historiques et du savoir-faire marocain. La musique, mêlant l’ancien et le contemporain, enrichit l’atmosphère, tandis que les techniques de cadrage et de montage, finement sélectionnées, plongent le téléspectateur au cœur de récits humains inspirants.

S’inscrivant dans une démarche de sauvegarde de la mémoire collective, les téléséries offrent la possibilité de transmettre des messages culturels forts à l’intention d’une audience "particulièrement attentive" pendant le mois sacré, a indiqué le réalisateur, scénariste et chercheur, Azlarabe Alaoui, dans une déclaration à la MAP.

Puiser dans l'héritage culturel (traditions, vêtements, musiques, etc.) permet de donner une "profondeur narrative et artistique" aux productions. Les décors et les pratiques culturelles favorisent pleinement la création d’un "univers cohérent et immersif", dont il est nécessaire de préserver l’authenticité lors des reconstitutions, en se basant sur des recherches approfondies, notamment lorsqu’il s’agit d’histoires issues de régions reculées ou d’époques historiques, a-t-il expliqué.

Il a, en outre, relevé que la valorisation du patrimoine nourrit la fierté nationale, forge le sentiment d’appartenance, sensibilise le public à la préservation de traditions parfois méconnues et renforce l’identité collective à travers des récits qui, tout en divertissant, éduquent et perpétuent la mémoire du Maroc.

Au-delà de l’importance de cette démarche du point de vue local, la valorisation de l’identité culturelle à travers les séries s’avère être cruciale à l’ère de la mondialisation, où les échanges culturels se multiplient et les influences extérieures sont de plus en plus fortes.

Plaidant pour le renforcement et la promotion des caractéristiques uniques de chaque culture, tout en entretenant un dialogue équilibré avec l’Autre, M. Alaoui a estimé que la valorisation du patrimoine marocain permet de proposer une “offre culturelle distincte” et de répondre aux attentes des spectateurs en quête d’authenticité et d’expériences nouvelles. Il s'agit aussi de révéler au grand jour la diversité et la richesse des traditions nationales et de se distinguer par rapport à la concurrence.

Dans cette même veine, le professeur universitaire et critique de cinéma, Rachid Naim, a souligné que la mise en valeur du patrimoine culturel, matériel et immatériel, à travers les séries ramadanesques, peut également jouer un rôle fondamental dans la conquête d’un public arabe et international puisque ce patrimoine recèle un réservoir incroyable d’histoires intéressantes à raconter.

Qu'il s'agisse de se réapproprier son imaginaire national, de remettre au goût du jour un passé commun profondément marqué par des personnalités atypiques ou de faire véhiculer des traditions ancestrales, les séries marocaines du Ramadan offrent l’opportunité d’explorer diverses thématiques en vue de porter haut et fort les multiples incarnations culturelles et patrimoniales d’une histoire millénaire, enrichie par ses multiples affluents.

Par Manal Koubia (MAP)

Libé

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