Alors que son cousin méditerranéen semble se requinquer, le thon rouge du Pacifique inquiète les scientifiques. Selon une évaluation des populations de thon rouge du Pacifique nord, réalisée par le Comité scientifique international sur le thon (ISC), 96% de ces poissons auraient disparu durant les dernières décennies à cause de la pêche intensive. Tout aussi inquiétant, les experts estiment que 90% des poissons capturés sont des juvéniles qui n’ont pas encore eu le temps de se reproduire. Le succès du thon rouge au Japon pourrait ainsi lui coûter très cher. Les Japonais consomment trois quarts des prises mondiales et les prix de ce poisson peuvent atteindre des sommets: le 5 janvier, un thon de 222 kilos a été acheté 1,38 million d’euros par un restaurateur japonais. Et avec la raréfaction de l’espèce, le prix des sushis pourrait bien s’envoler. Face à ces perspectives financières alléchantes, les pêcheurs n’hésitent pas à employer des techniques industrielles pour rapporter le plus possible de poisson.
«Cette évaluation montre à quel point la situation est grave pour ce poisson qui est en haut de la chaîne alimentaire, s’alarme l’ONG Pew Environment. Il est exploité à tous les stades de sa vie et il est pêché même dans les lieux où il se reproduit.» Déjà pénalisé par rapport aux autres espèces à cause de sa maturation lente qui ne lui permet de se reproduire qu’à partir de quatre à huit ans, le thon rouge du Pacifique ne semble pas assez bien protégé par les lois internationales qui encadrent la pêche. «Nous demandons aux pays dont sont issus les principales flottes de pêche, Japon, Mexique, Corée du Sud et Etats-Unis, à prendre immédiatement des mesures de conservation du thon rouge», déclare Pew Environment.