Le Traité de Marrakech commenté par la classe politique : Qui a peur de l’union maghrébine ?


Narjis Rerhaye
Mercredi 18 Février 2009

Le Traité de Marrakech commenté par la classe politique : Qui a peur de l’union maghrébine ?
20 ans serait-il l’âge de raison ? En tout cas, le secrétariat général de l’Union du Maghreb Arabe, structure régionale née le 17 février 1989, veut le croire, la bien commode méthode Coué autorisant les espoirs les plus fous. « L’Union du Maghreb arabe reste un important acquis géostratégique ayant rendu possible un certain niveau de solidarité et de coordination au sein de certains forums régionaux et internationaux  (…). Les dirigeants maghrébins ont mis au point un programme d’action visant la réalisation d’une intégration progressive et la mise à profit de la symbiose entre les peuples et la complémentarité économique et culturelle », fait valoir, dans un très solennel communiqué, le SG de l’UMA.
20 ans après le Traité de Marrakech signé par des chefs d’Etat qui ont rêvé à la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux entre les cinq pays ayant fait vœu d’union –le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye-  le Maghreb uni, solidaire, intégré n’est qu’un immense gâchis.
Gâchis, c’est le mot qui revient avec tristesse dans la bouche de Ismaïl Alaoui, le secrétaire général du PPS. « En ce qui concerne l’Union du Maghreb, on ne peut que faire état de pleurs et de vœux jusque-là pieux. 
Les horizons semblent tellement bouchés même si certains osent espérer que le troisième mandat de Bouteflika à la tête de l’Algérie pourrait peut-être changer la donne, le président algérien faisant preuve de plus de sagesse.
Mais il y a tellement d’occasions perdues au détriment des peuples de l’ensemble de la région. C’est une perte sèche sur le plan économique et celui du développement », soupire le leader de gauche. Petite lueur d’espoir tout de même. Pour I. Alaoui, heureusement que « l’économie est une personne têtue sinon l’accord relatif à l’interconnexion électrique entre le Maroc et l’Algérie n’aurait jamais vu le jour ».

Le Maghreb, cette utopie encore possible

Le traité de Marrakech ne serait-il plus que l’ombre de lui-même ? L’Algérie a fait du dossier du Sahara et de l’intégrité territoriale marocaine un thème majeur de politique intérieure alors que la Libye joue la carte de l’engagement africain. Fathallah Oualalou, le secrétaire général-adjoint de l’USFP, et auteur d’un « Maghreb, une utopie encore possible », est pourtant formel : il faut aujourd’hui plus que jamais rester accroché à cette utopie. « On a raté plusieurs rendez-vous pendant non seulement 20 ans, mais 50 ans. A cause de tous ces blocages, la région méditerranéenne et maghrébine a perdu l’initiative. Le monde a changé, il y a émergence de nouveaux pôles qui sont aujourd’hui les locomotives de l’économie mondiale. Il est impératif de tenir compte de la crise actuelle mais la sortie de crise est encore plus importante », explique celui qui a été pendant 10 ans l’argentier du Royaume avant de soutenir que « face au renforcement du monde multipolaire, il y a désormais émergence de nouvelles forces motrices comme dans le secteur de l’énergie par exemple. Et aucun  pays du Maghreb ne peut s’en sortir seul.  »
Pas le droit de rater de nouveau ce rendez-vous. Voilà ce que dit en substance F. Oualalou. Mais pour Lahcen Daoudi, membre dirigeant du PJD, le Maghreb, comme le Moyen-Orient, n’ont jamais été vraiment doués pour réussir de tels rendez-vous avec l’Histoire. « La logique d’intégration est une logique de marché et de concessions faites au niveau du pouvoir. D’autant que l’intégration suppose des structures supra-nationales. Les pays du Maghreb ne sont pas réellement prêts à céder des pans de leurs pouvoirs. Ici, c’est tout le problème de manque de démocratie qui se pose dans toute son ampleur. Il est inconcevable de penser que l’Union du Maghreb Arabe peut réussir alors que le monopole du politique prend le pays sur la dimension du marche. L’UMA, à l’image d’ailleurs de l’unité du monde arabe, est un thème qui encombre toutes les rencontres, tous les colloques. Mais c’est un thème qui n’a, au jour d’aujourd’hui, aucun contenu », conclut L. Daoudi, l’économiste des islamistes du PJD.


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