La préscolarisation estompe les déperditions scolaires








Principaux enseignements de l’enquête nationale du HCP sur le préscolaire au Maroc


Alain Bouithy
Mardi 8 Décembre 2015

Diagnostiquer la préscolarisation et en mesurer l’impact sur le parcours scolaire et le devenir social des individus. Tel était le but de l’enquête nationale sur l’enseignement préscolaire 2014 (ENEP, 2014) réalisée par le Haut-commissariat au plan (HCP), auprès de 12.500 ménages représentatifs de l’ensemble des régions et des catégories sociales.
Les premiers résultats de cette étude, réalisée en octobre-novembre 2014, livrent de précieux enseignements sur l’état des lieux et les grandes tendances de la préscolarisation, les déterminants de l’accès à l’enseignement préscolaire et l’effet de la préscolarisation sur la réussite scolaire et le capital humain.
Selon cette étude, seulement 995.000 enfants âgés de 3 à 5 ans ont été préscolarisés l’année dernière, ce qui correspond à un taux de fréquentation  du préscolaire de 48,7%. Le  secteur d’enseignement moderne (crèche, maternelle) en préscolarise la quasi-totalité (93,3%) suivi de loin du secteur traditionnel (Koutab et Msid) (6,7%). Le secteur privé accueille 94,5% des enfants préscolarisés, contre 5,5% pour le secteur public. 
Les données du HCP font aussi état de la baisse tendancielle du taux de préscolarisation qui augmenterait à une vitesse de plus en plus lente, de 12 points pourcentage des années 1980 aux années 1990 et de juste 5 points pourcentage de ces dernières aux années 2000. 
« Pour les ‘4 – 5 ans’, le taux de préscolarisation a augmenté de 39,4% en 1994 à 50,1% en 2004 puis à 53,8% en 2014, montrant, à son tour, une progression de la préscolarisation, de plus en plus lente », relève l’étude soulignant la baisse de l’âge à la préscolarisation et de la durée de préscolarisation. 
Celui-ci a diminué de près de 4,7 ans aux années 1960 à 4,4 ans aux années 1980, puis à 4,0 ans aux années 2000. 
Sur la privatisation et la modernisation soutenues de l’enseignement préscolaire, l’enquête révèle d’une part que les établissements préscolaires privés totalisent aux années 2000 près de 93,5% des enfants préscolarisés contre 76,0% lors des années 1960; d’autre part, le préscolaire traditionnel régresse au profit du secteur moderne.  Aux années 1960, le secteur d’enseignement préscolaire moderne accueillait 17,5% des préscolarisés, contre 90,3% aux années 2000. Une tendance inverse est enregistrée par le secteur traditionnel dont la part dans les effectifs préscolarisés a reculé de 82,5% à 9,7% durant la même période. 
Sur l’accès à la préscolarisation, les résultats de l’enquête montrent qu’en 2014, plus de la moitié des enfants âgés de 3 à 5 ans n’avaient pas encore fréquenté un établissement d’enseignement préscolaire pour des raisons liées, entre autres, au genre de l’enfant et à ses atouts familiaux et sociaux et que les ménages à taille réduite privilégient plus la préscolarisation des enfants. « Les chances de préscolarisation sont particulièrement minces parmi les ménages à taille élevée. Celles d’un enfant, membre d’un ménage de moins de 4 personnes, (64,2%) sont presque deux fois celles d’un enfant (33,5%) relevant d’un ménage de plus de 6 membres ». 
 On y apprend aussi que les parents  de niveau scolaire moyen ou élevé et/ou d’origine sociale moyenne ou aisée sont plus attachés à la préscolarisation de leurs enfants. 
Autres enseignements, la préscolarisation est marginalisée là où les structures de l’enseignement préscolaire font défaut et où les enfants à préscolariser subissent l’impact de l’enclavement social. Tout comme, note le HCP dans le milieu rural, l’accès à l’enseignement préscolaire s’améliore à mesure que se réduit la distance à la route et aux points d’eau. 
Les résultats de l’enquête confirment, par ailleurs, que « l’inégal accès à l’enseignement préscolaire se convertit en inégalités de chances vis-à-vis du succès scolaire» et que la préscolarisation estompe les déperditions scolaires. 
Le HCP conclut que le rendement du préscolaire traditionnel est, de loin, inférieur à celui du préscolaire moderne et que c’est vraisemblablement là où réside l’une des explications de sa régression soutenue depuis l’indépendance du pays.





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