Zineb travaillait comme «petite bonne» chez un juge. Ce qui représente ici une circonstance aggravante. Au-delà du fait que cette enfant ne devait pas travailler conformément à la loi qui interdit le travail des enfants, elle devait au moins être en sécurité au domicile de ce représentant de la loi et de la justice. Le témoignage de Zineb est accablant. La femme du juge l’aurait torturée. Le juge, lui, l’aurait battue. S’il n’a pas participé directement aux actes ignobles de torture –huile bouillante, brûlure…- le magistrat se serait, au minimum, rendu coupable par son silence. Par son statut, il devait protection à Zineb, cette petite fille à qui l’enfance a été volée puis brisée.
Les questions se bousculent. Pourquoi le juge a-t-il laissé faire ? N’a-t-il jamais vu le corps blessé, torturé de la petite Zineb ? N’a-t-il jamais prêté attention à ses ecchymoses, ses brûlures, ses bleus, ses plaies ? Pourquoi ne l’a-t-il pas arrachée des griffes de son bourreau et rendue à ses parents ?
L’épouse du juge a été arrêtée. Elle vient d’accoucher et attend son procès. Quant au juge, l’enquête se poursuit pour déterminer son degré d’implication dans la vie gâchée de Zineb.
Cette affaire a éclaté au lendemain de la réforme de la justice annoncée par le Souverain dans son discours du 20 août. Zineb est, à son corps défendant, frêle et malade, cette nouvelle icône de la lutte contre l’impunité. Le parquet général a d’ailleurs publié un communiqué pour signifier à l’opinion publique que l’enquête est ouverte, que les responsabilités seront déterminées et que personne n’est au-dessus de la loi.
Zineb n’a pas eu droit à l’humanité. Elle a droit à la justice. Son affaire, devenue celle de tous, est un test pour la réforme de la justice, une manière de reconquérir la confiance perdue des justiciables.