Selon le dernier rapport de Bank Al-Maghrib, il s’est, en effet, établi, en 2008, à 3,9% au lieu de 2% une année auparavant, dépassant ainsi largement la moyenne de 1,8% des cinq dernières années. Le Maroc n’avait plus connu un tel niveau depuis fort longtemps. De fait, les prix de produits alimentaires de base et des produits frais, ainsi que des tarifs des transports privés ont conjointement contribué à hauteur de 2,8 points de pourcentage à l’inflation globale, induisant, entre autres, une surchauffe de la Caisse de compensation qui a dû racler ses fonds de tiroirs pour réduire, autant que faire se peut, l’impact du renchérissement du coût du panier de la ménagère sur les revenus des familles.
Facteur aggravant : le rythme d’évolution des prix des produits alimentaires de base qui a enregistré une forte hausse, passant de 4,3% à 14,2% d’une année à l’autre, n’a fléchi que très peu lorsque les cours mondiaux sont partis vers la baisse. Une rigidité que les experts ont justifiée par le comportement de marge des producteurs et distributeurs locaux.
Autre indicateur à prendre en compte pour jauger la situation, le PIB en prix constant qui était de 7,8% en 2006, s’est établi l’année dernière à 5,6% et le taux de chômage a continué à camper sur ses positions.
Le retour en fanfare de l’inflation n’a donc vraiment pas de quoi rassurer les Marocains, particulièrement inquiets à propos de leurs revenus. Pour le commun des mortels, une inflation qui augmente signifie un pouvoir d’achat en baisse, c’est-à-dire une consommation tirée vers le bas.
Si l’hyperinflation n’est heureusement pas à l’ordre du jour, il faut tout de même reconnaître que les dangers qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages sont bien réels que la progression des revenus est loin d’être à l’aune de celle des prix. Aussi est-il plus que vraisemblable que le pouvoir d’achat lié aux revenus d’activité recule et que le moral des ménages reste en berne. Surtout en cette veille du Ramadan, mois où la consommation prend généralement ses aises et où les prix augmentent dans des proportions fort notables.
Gageons que, comme ils le font toujours en pareille période, les autorités publiques ordonneront la diffusion de nombre d’émissions télé où ils feront l’éloge de leurs efforts constants en matière de lutte contre la spéculation et nous serineront le même discours qu’ils tenaient au temps jadis où les prix étaient encadrés. Ils ne le sont malheureusement plus et nul discours lénifiant ne pourra gommer les aspérités de la loi du marché. Faut-il, pour autant, souscrire sans réserve à tous ses aléas? La réponse est on ne peut plus simple : non!