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Cette année, le congrès de l’OMDH qui tiendra ses travaux les 27, 28 et 29 mars, à Rabat, s’est choisi un thème de travail, une devise, qui sera la feuille de route pour les activistes de cette organisation qui a vu le jour en 1989. C’est donc autour de la lutte contre l’impunité que ceux et celles de l’Organisation marocaine des droits humains se réunissent. Parce que, expliquent-ils à l’unisson, l’impunité est un enjeu nodal pour l’institutionnalisation de l’Etat de droit.
Amina Bouayach s’en défend avec force. L’impunité ne saurait être un slogan de plus dans le long chapelet des professions de foi en matière de défense des droits humains. Gros plan et regard oblique sur la Commission vérité marocaine que présidait le défunt Driss Benzekri et ses recommandations pour mettre fin à l’impunité, seule garantie pour le « plus jamais ça ». « Justement, notre septième congrès qui se tient à la fin de cette semaine s’est fixé parmi d’autres objectifs d’adopter une stratégie urgente pour la mise en œuvre des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation. En fait, ce plan d’urgence est la mise en œuvre de l’engagement national. Il y a eu le rapport final de l’IER, ses recommandations, un engagement de la part de l’Etat marocain pour l’application de ces résolutions. C’est pourquoi nous avons décidé d’adopter un plan d’action. Il s’agit aujourd’hui d’adopter un calendrier des réformes législatives et institutionnelles, car c’est bien à ce niveau que le retard se situe.
Dès le premier jour, l’OMDH a choisi de travailler sur quelques-unes des recommandations que nous avons jugées importantes. Nous pensons que la réforme de la cConstitution ne concerne pas l’amendement d’un article ou deux. Nous appréhendons la Constitution en tant que document à trois paliers. D’abord, la liberté et les droits des citoyens, ensuite la séparation des pouvoirs et enfin l’institutionnalisation de l’Etat de droit. C’est dans ce sens que doit se faire toute réforme de la loi suprême. Un débat national, public doit à nos yeux s’ouvrir sur cette question», explique A. Bouayach.
Pour une déontologie des défenseurs des droits humains
En matière de lutte contre l’impunité, les activistes de l’OMDH peuvent se prévaloir d’un long passé. En avril 2007, l’Organisation marocaine des droits humains a en effet présenté un document de référence au gouvernement marocain pour qu’il ratifie le texte sur la Cour pénale internationale, CPI. A cette action de plaidoyer, il convient d’ajouter que toutes les missions d’enquête menées par cette ONG, aussi bien à Ksar El Kbir qu’à Sidi Ifni ou Sefrou, ont placé la lutte contre l’impunité au cœur des investigations. « Je suis persuadée que lors de la mission que nous avons menée à Sidi Ifni nous avons amélioré plus encore l’approche qui est la nôtre», soutient la présidente qui remet son titre en jeu le week-end prochain.
Et justement, par les documents qui seront remis aux congressistes, les rapports finaux de toutes les missions d’enquête menées par l’organisation : les événements de Laâyoune, ceux de Sefrou, Al Hoceima et plus récemment encore ceux ayant embrasé la cité de Sidi Ifini ont fait l’objet d’une investigation rigoureuse des activistes menés par Amina Bouayach alors que, de la même manière, l’OMDH a mené l’enquête à Ksar El Kebir, la ville où la chasse à l’homosexuel a eu des relents nauséabonds ou encore à Salé lorsqu’un citoyen a trouvé la mort dans les locaux de la police. « A chaque fois que des voyants rouges s’allument, nous sommes là, d’un côté comme de l’autre. Parce que les droits appellent aussi des devoirs. Cela nous vaut parfois d’être accusés de tous les maux. Peu importe, l’histoire nous donne raison », lance dans un sourire cette activiste qui a longtemps milité pour la libération des détenus politiques du Maroc.
A la veille de leur 7ème congrès, ceux et celles de l’OMDH ne craignent pas de le dire : une crise de gestion a gagné aussi bien les acteurs, les institutionnels que les sécuritaires. La politisation des droits humains est un danger, soutiennent-ils, autant que le terrorisme est l’ennemi des droits de l’Homme. « Plus que tout, il faut aujourd’hui se battre pour une déontologie des défenseurs des droits humains. Il y va de la crédibilité de ce combat », conclut la présidente de l’Organisation marocaine des droits humains.