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Sur un total de 13 pays méditerranéens partenaires de l’Union européenne, le Royaume est classé au plus bas de l’échelle. Il n’y a derrière lui que l’Autorité palestinienne qui ferme la marche vaille que vaille. Devant, ce sont Israël, Malte, Chypre, la Libye, la Jordanie, le Liban, la Syrie, la Tunisie, la Turquie et l’Egypte qui se partagent la meilleure part de marché au cours des trois dernières années. Durant lesquelles, les Investissements directs étrangers par tête se situent en deçà des besoins réels de développement socio-économique du Maroc. Ils se limitent à 94 dollars par habitant et par an, soit un peu plus que l’Autorité palestinienne. En revanche, la comparaison serait ridicule avec les autres pays de la région. Ainsi, la Libye enregistre une moyenne de (442euros), le Liban (423 euros), la Jordanie (397 euros), la Tunisie(282 euros), l’Egypte (177 euros) et la Syrie(134 euros).
En 2008, aucun des 12 plus gros projets d’IDE vers cette région n’a été annoncé au Maroc tandis qu’on compte cinq en Turquie, deux en Tunisie et en Libye et un projet aussi bien en Algérie qu’en Jordanie.
Pire encore, beaucoup de projets sont remis en cause notamment la participation de Nissan à l’usine de Tanger-Med pour ne pas dire le renoncement pur et simple par Renault à son projet au Royaume. Idem pour Maersk qui ne veut plus mener à bon port son projet d’installation à Tanger-Med. Dans le secteur immobilier et touristique, c’est Sama Dubai qui vient de demander, à cause peut-être de la crise financière mondiale), la suspension des travaux dans la deuxième phase du grand projet Amouaj. Auparavant, c’est Damac qui a suspendu son projet au Maroc.
Les statistiques de l’ANIMA sont très révélatrices et démontrent clairement que le climat d’investissement au Maroc n’est pas attractif. Les réglages ont démontré leurs limites. Le Royaume est désormais obligé d’introduire des réformes de fond et d’asseoir les fondements solides de la bonne gouvernance.
Par ailleurs, le site de l’ANIMA indique que 2008 marque un net ralentissement après les records de 2006 et 2007, (755 projets représentant des flux de 68 milliards d’euros recensés en 2006 et 770 projets pour 61 milliards d’euros en 2007). Si le nombre de projets d’IDE destinés aux 10 pays Med (les 9 pays-partenaires méditerranéens de l’UE + la Libye) n’a que légèrement reculé, les montants dédiés à ces projets tombent sous la barre des 40 milliards d’euros. Ce recul est confirmé par la CNUCED, dont les données provisoires pour 2008 prévoient une diminution de 22% des flux d’IDE dans le monde, et de 17% environ dans la région Med (50 milliards de dollars). Une tendance qui ne devrait pas s’inverser en 2009. Néanmoins et à l’heure où la crise n’épargne personne, les pays du Sud et du Nord de la Méditerranée gagneront à agir de concert. Alors que la croissance européenne sera négative en 2009, les industries du Nord ont tout intérêt à s’appuyer sur les avantages comparatifs du Sud pour supporter le choc, alimentant aussi en retour la croissance de cette région émergente (la Banque mondiale attend une croissance de 3,9% pour les pays Med en 2009). D’autant que l’Europe a confirmé en 2008 sa position de principal émetteur d’IDE vers la région Med (15 milliards d’euros, soit 37% du total des flux annualisés d’IDE vers la région), devant les pays du Golfe, en recul avec 7 milliards d’euros (17% du total 2008).
Ce relatif effacement du Golfe résulte notamment de la fin du boom immobilier régional. Les investissements dans le secteur de l’énergie se sont maintenus en 2008 à un niveau conséquent, portés par de grands projets (11,3 milliards d’euros). Si le BTP, le tourisme et l’automobile restent les principaux pourvoyeurs d’emplois (76 000 emplois directs créés en 2008), l’industrie légère s’impose comme un secteur dynamique aux retombées intéressantes pour le tissu économique local. A noter que la région Med reste largement un espace économique faible et dominé. Les IDE sont souvent vitaux(manque de capitaux productifs), mais subis(projets acceptés par l’Etat, souvent gigantesques, vision de court terme, peu d’appropriation).
Ils créent, certes, des richesses, mais s’accompagnent d’une redistribution limitée, avec un multiplicateur économique insuffisant (retombées locales, chaîne de valeur) et trop de projets polluants (immobilier, chimie...).
De surcroît, le modèle de développement est souvent peu satisfaisant (sous-traitance, tourisme de masse, usines-poubelles, fuite des élites…) et les « nouveaux opérateurs » se moquent souvent du capital humain.