Intervention de Mohamed Lahbabi à la Fondation Abderrahim Bouabid

A l’occasion du 18ème
anniversaire de la
disparition de Si Abderrahim Bouabid, Mohamed Lahbabi, dirigeant socialiste
et compagnon de lutte du regretté, a fait l’intervention suivante à la Fondation Abderrahim Bouabid qui
a organisé une recontre
sous le thème
“Le nationalisme entre
hier et aujourd’hui”.

Mesdames et Messieurs, Chers amis
Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer le 18ème anniversaire de la disparition de notre cher Abderrahim Bouabid, c’est-à-dire à l’aube de la deuxième décennie du XXIème siècle, décennie annoncée par :
- d’une part, le lancement de réformes de structures fondamentales dans les domaines vitaux de la société et de l’économie :
- libération et promotion de la femme ;
- élections sans trucage administratif ;
- liberté d’information ;
- justice ;
- régionalisation avancée ;
- énergie et industrialisation ;
- modernisation de l’agriculture (le Maroc Vert) ;
- aménagement urbain ;
- symbiose concrète et quasi-journalière entre le chef de l’Etat et le peuple avec le lancement de projets concrets et chiffrés, non seulement dans les villes, mais aussi dans les villages les plus reculés, entre autres.
- Et cependant :
- que d’injustices, d’humiliation, de besoins insatisfaits, de différences sociales, de pression consumériste, de frustrations, de corrompus triomphants ;
(comme le signale le président de la Fondation)
- que de résistances, de spasmes de la part de la culture et de la pratique makhzéniennes : Sidi Ifni, procès à la presse, torture et violation des droits de l’Homme, etc …
Pourquoi cette dérive, tellement dangereuse pour l’avenir de notre pays?
Disons-le franchement :
A l’aube du XXIème siècle, cette dérive est due en grande partie à la délinquance accélérée de la vie politique dans le pays, accaparée par des partis sans foi, ni loi, animés essentiellement par une soif d’accaparement des biens matériels et politiques, par quelques moyens que ce soit : corruption, vol, trafic d’influence, népotisme, et j’en passe. Et cette soif insatiable inonde tous les partis et à tous les niveaux aussi hauts soient-ils.
La question actuelle, d’une brûlante actualité : Que faire pour sauver l’héritage laissé par la génération de la lutte victorieuse contre le colonialisme, la génération de nos grands hommes, Allal El Fassi et Abderrahim Bouabid ?
Avant de répondre à cette question capitale, je voudrais apporter quelques précisions à la note de présentation de cette rencontre.
La note qualifie la période de la lutte victorieuse pour l’indépendance, une lutte portée par « Une éthique sacrificielle », une des périodes « dramatiques » de l’histoire.
Mais pour ma génération, c’était une période exaltante, nous pouvons citer quelques exemples :
Nous, les jeunes du Parti de l’Istiqlal, allions avec enthousiasme, inscrire, la nuit, le mot Istiqlal, sur les murs des maisons ;
Nous écrivons  des lettres de menaces aux personnalités françaises de l’appareil de répression (ce qui m’a « sauvé », c’est que ces lettres étaient rédigées  de la main gauche. Convoqué par la police, je les recopiais de la main droite du fait que j’étais ambidextre).
Ce n’est pas pour nous, la jeunesse du Parti de l’Istiqlal, le Parti de Si Allal, une période des sacrifices portée par une éthique sacrificielle, mais une période portée par une éthique de mobilisation complète et exaltante     de soi.
 C’était une éthique de mobilisation pour répondre aux besoins concrets ressentis par le peuple, avec à sa tête sa jeunesse,  aux besoins de rejet de la colonisation.
Cette période a, certes, besoin d’un temps de repos, suivi aujourd’hui par une autre  course, celle-là contre le sous-développement et la servitude.
 C’est toujours une éthique exaltante, portée comme toujours, par une jeunesse ardente dans sa lutte d’épanouissement et de dignité, dans sa lutte pour une pleine et complète citoyenneté.
Cela n’a rien d’une éthique sacrificielle ; c’est plutôt une éthique de dignité et de citoyenneté.
Aujourd’hui, notre société et avec à sa tête sa jeunesse, filles et garçons, ressent les besoins d’expression et de libération individuelle et collective, d’expression dégagés des conceptions et des pratiques dépassées et injustes.
Notre société ressent les besoins de justice, d’équité, de solidarité, de respect, de vérité, de progrès, bref des besoins de pleine et complète humanité et citoyenneté.
Ce n’est en rien une éthique sacrificielle; c’est plutôt, et il faut encore le dire et le proclamer, une éthique de dignité et de citoyenneté.
Alors quelle réponse à ces besoins fondamentaux?
Exécutons le Testament que nous ont laissé, en ce jour anniversaire, Si Allal et Abderrahim, testament qu’ils ont esquissé, particulièrement lors de la Koutla Watania:
Reconstitution d’un Parti de la gauche musulmane où fusionnent les trois partis fondamentaux: Istiqlal, Union socialiste des forces populaire, Parti du progrès et du socialisme.
A ce nouveau parti, il faut lui donner le nom qui symbolise les objectifs du peuple et de la jeunesse marocaine, à savoir:
La transformation de la Monarchie makhzénienne en Monarchie  citoyenne de progrès, de dignité, de prospérité du peuple marocain, peuple musulman, porté grâce, en particulier à sa jeunesse, vers un avenir d’ouverture et d’épanouissement, caractéristiques majeures du XXIème siècle.
Ce nouveau parti incarnera :
Le patriotisme d’aujourd’hui
Comme le Parti de l’Istiqlal a incarné le patriotisme d’hier et a remporté, en symbiose avec Sa Majesté Mohammed V, que Dieu l’ait en sa Miséricorde, une victoire historique sur la domination étrangère.
Ce nouveau parti a les objectifs historiques fondamentaux : la transformation de la monarchie makhzénienne en monarchie citoyenne, en symbiose avec Sa Majesté Mohammed VI, pour le progrès, la prospérité, la dignité du Marocain, du peuple marocain, musulman, porté vers un avenir d’épanouissement et d’ouverture, caractéristiques de la mondialisation humaine du XXIème siècle.
Je propose que ce parti porte le nom :
Le Parti de la citoyenneté et de la dignité.
Conclusion :
Le meilleur cadeau que nous pouvons faire à notre immortel  Abderrahim lors de la commémoration de sa mort, c’est de reprendre le flambeau qu’il a, avec Si Allal, porté au sommet de la gloire :  Constituer une gauche musulmane qui  incarne l’éthique de la pleine citoyenneté, gauche qui, en symbiose avec Sa Majesté Mohammed VI, porte le flambeau de la réalisation de la prospérité et de la dignité du citoyen marocain, le flambeau de la mutation profonde de la monarchie makhzénienne en monarchie citoyenne.
Ce seront, au cours de cette deuxième décennie du XXIème siècle, les objectifs fondamentaux du Parti de la citoyenneté et de la dignité.
Et sans aucun doute, c’est la victoire assurée proclamée lors de la prochaine célébration de l’anniversaire de l’Istiqlal, de l’Indépendance, date du retour de Sa Majesté Mohammed V, réclamé par son peuple unanime : «Quel régime, voulez-vous?», question persistante du président du Conseil français, Edgar Faure.
«Le retour de Sa Majesté Mohammed V», a répondu  Abderrahim Bouabid.