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Mohamed Smail n’est pas content et il le fait savoir. Ce cinéaste de talent n’arrive pas, semble-t-il, à comprendre les critères sur lesquels les jurys, notamment celui du dernier Festival de Tanger, se basent pour primer les films.
Son dernier film «Oulad Lebled» n’a pas été consacré. Mais pour lui, le meilleur prix que l’on puisse remporter, ce sont l’adhésion et la
complicité du public
qui a beaucoup applaudi son film lors
de sa projection.
Libé : Comment évaluez-vous votre participation au dernier Festival de Tanger et comment votre film a-t-il été perçu ?
Mohamed Smail : Je crois que c’était un Festival qui avait un certain goût. On avait placé la barre très haut : relever le défi de l’organisation du Festival tous les ans et le maintenir à la même date (ou presque) avec une production qui a dépassé les prévisions car au lieu de douze films, on en a présenté quinze. Au niveau de la production, on peut dire que c’est positif. Déjà le fait que les gens se soient déplacés de partout est positif en plus de la qualité de la projection. Je ne vous cache pas que j’ai assisté à plusieurs festivals internationaux, mais c’est rare de constater une aussi grande complicité du public. La salle était comble. Le public a bien réagi au film, alors que le jury a sanctionné mon film et je ne sais pas d’ailleurs pourquoi. Je me demande pourquoi, car c’est la troisième fois que je me trouve out des prix. Exactement depuis l’édition d’Oujda, où j’avais remporté les trois prix : grand prix, prix du scénario et prix de la réalisation. Alors depuis, j’ai fait d’autres films dont « Adieu mères » qui a d’ailleurs beaucoup voyagé, mais qui n’avait pas été primé à Tanger et puis le dernier film que j’ai présenté cette année, « Oulad lebled »(Les gars du bled). Alors, que veut-on dire par là, quel genre de films veut-on qu’on réalise pour être primé ? Si maintenant on veut des films d’auteur, dans ce cas, il ne faudrait pas les primer. Nous travaillons avec le public ; nous faisons des films qui attirent le public marocain et il n’y a pas mieux que les thèmes sociaux pour toucher ce public. Public et cinéma, public et sujets, public et préoccupation de ce même public, c’est une équation que j’essaye de résoudre. Je ne sais pas, je me pose des questions. Et quand je vois comment les prix ont été attribués, je suis obligé de penser que le jury était out. Ce n’est pas ainsi que les choses doivent se passer. Lorsqu’on prime un film d’auteur, c’est le prix du jury, alors que le grand prix, c’est celui du public. Franchement, je ne comprends plus rien, et je me pose des questions
Vos films sont très liés à des thématiques sociales. Comptez-vous continuer sur cette voie ?
Je pense que je ne peux faire que ça. Les thèmes sociaux intéressent beaucoup le public parce qu’ils révèlent ses préoccupations. On ne peut rester indifférent aux problèmes qui nous touchent. Les thèmes sociaux attirent le public. «Ici et là», «Adieu mères» et maintenant «Oulad lebled» qui sortira le 28 avril, sont autant de films qui s’accrochent tout simplement à la réalité, à notre réalité. Je ne vois donc pas pourquoi je ne continuerai pas.
Où peut-on positionner le cinéma marocain actuellement ?
Si on parle de production, je peux dire qu’on est en bonne position. Le fait de produire une quinzaine de films par an n’est pas négligeable, c’est même une performance. On est très bien placé au niveau du monde arabe et de l’Afrique, et même au niveau du tiers-monde. En plus, nos films qui participent à des festivals internationaux, remportent des prix. A ce niveau-là, on est très bien. Mais l’industrie cinématographique souffre par manque de continuité. On a des techniciens et des comédies qui chôment. Il ne faut pas oublier la concurrence de la télévision, ce qui fait que parfois on est en stand-by. Le fait de ne pas tourner nous oblige à nous remettre en question. En plus d’autres problématiques liées à l’industrie cinématographique. Sans oublier les salles de cinéma car même si on fait des films et qu’on n’a pas où les projeter, ça pose problème. Aujourd’hui, il n’y a plus que 37 salles dans tout le Maroc, c’est honteux. Moins de deux millions de spectateurs sur quelque 35 millions d’habitants, c’est insignifiant. Il ne faut pas non plus oublier le phénomène du piratage. Aujourd ‘hui, si on arrive à réaliser 200.000 entrées pour un film, c’est la joie alors qu’avant, on dépassait un million de spectateurs. Donc, il y a des efforts au niveau de la production, mais il reste beaucoup de choses à revoir, au niveau de l’exploitation, de la distribution, etc. Enfin, sur le plan commercial, nos films ne dépassent pas nos frontières. Aujourd’hui, il faut promouvoir le film marocain, je ne sais pas comment mais c’est une nécessité. Seuls, on ne peut pas faire tout cela
Quels sont vos projets futurs ?
Je n’aime pas travailler sur plusieurs choses à la fois, sinon il y a des projets pour la télé, et aussi pour le cinéma. Il faut dire qu’il y a plusieurs pistes aujourd’hui que je vais essayer d’explorer pour voir quel filon je dois exploiter et puis je travaille sur la sortie de « Oulad Labled », mon dernier film qui sera en salles le 28 avril prochain.
Son dernier film «Oulad Lebled» n’a pas été consacré. Mais pour lui, le meilleur prix que l’on puisse remporter, ce sont l’adhésion et la
complicité du public
qui a beaucoup applaudi son film lors
de sa projection.
Libé : Comment évaluez-vous votre participation au dernier Festival de Tanger et comment votre film a-t-il été perçu ?
Mohamed Smail : Je crois que c’était un Festival qui avait un certain goût. On avait placé la barre très haut : relever le défi de l’organisation du Festival tous les ans et le maintenir à la même date (ou presque) avec une production qui a dépassé les prévisions car au lieu de douze films, on en a présenté quinze. Au niveau de la production, on peut dire que c’est positif. Déjà le fait que les gens se soient déplacés de partout est positif en plus de la qualité de la projection. Je ne vous cache pas que j’ai assisté à plusieurs festivals internationaux, mais c’est rare de constater une aussi grande complicité du public. La salle était comble. Le public a bien réagi au film, alors que le jury a sanctionné mon film et je ne sais pas d’ailleurs pourquoi. Je me demande pourquoi, car c’est la troisième fois que je me trouve out des prix. Exactement depuis l’édition d’Oujda, où j’avais remporté les trois prix : grand prix, prix du scénario et prix de la réalisation. Alors depuis, j’ai fait d’autres films dont « Adieu mères » qui a d’ailleurs beaucoup voyagé, mais qui n’avait pas été primé à Tanger et puis le dernier film que j’ai présenté cette année, « Oulad lebled »(Les gars du bled). Alors, que veut-on dire par là, quel genre de films veut-on qu’on réalise pour être primé ? Si maintenant on veut des films d’auteur, dans ce cas, il ne faudrait pas les primer. Nous travaillons avec le public ; nous faisons des films qui attirent le public marocain et il n’y a pas mieux que les thèmes sociaux pour toucher ce public. Public et cinéma, public et sujets, public et préoccupation de ce même public, c’est une équation que j’essaye de résoudre. Je ne sais pas, je me pose des questions. Et quand je vois comment les prix ont été attribués, je suis obligé de penser que le jury était out. Ce n’est pas ainsi que les choses doivent se passer. Lorsqu’on prime un film d’auteur, c’est le prix du jury, alors que le grand prix, c’est celui du public. Franchement, je ne comprends plus rien, et je me pose des questions
Vos films sont très liés à des thématiques sociales. Comptez-vous continuer sur cette voie ?
Je pense que je ne peux faire que ça. Les thèmes sociaux intéressent beaucoup le public parce qu’ils révèlent ses préoccupations. On ne peut rester indifférent aux problèmes qui nous touchent. Les thèmes sociaux attirent le public. «Ici et là», «Adieu mères» et maintenant «Oulad lebled» qui sortira le 28 avril, sont autant de films qui s’accrochent tout simplement à la réalité, à notre réalité. Je ne vois donc pas pourquoi je ne continuerai pas.
Où peut-on positionner le cinéma marocain actuellement ?
Si on parle de production, je peux dire qu’on est en bonne position. Le fait de produire une quinzaine de films par an n’est pas négligeable, c’est même une performance. On est très bien placé au niveau du monde arabe et de l’Afrique, et même au niveau du tiers-monde. En plus, nos films qui participent à des festivals internationaux, remportent des prix. A ce niveau-là, on est très bien. Mais l’industrie cinématographique souffre par manque de continuité. On a des techniciens et des comédies qui chôment. Il ne faut pas oublier la concurrence de la télévision, ce qui fait que parfois on est en stand-by. Le fait de ne pas tourner nous oblige à nous remettre en question. En plus d’autres problématiques liées à l’industrie cinématographique. Sans oublier les salles de cinéma car même si on fait des films et qu’on n’a pas où les projeter, ça pose problème. Aujourd’hui, il n’y a plus que 37 salles dans tout le Maroc, c’est honteux. Moins de deux millions de spectateurs sur quelque 35 millions d’habitants, c’est insignifiant. Il ne faut pas non plus oublier le phénomène du piratage. Aujourd ‘hui, si on arrive à réaliser 200.000 entrées pour un film, c’est la joie alors qu’avant, on dépassait un million de spectateurs. Donc, il y a des efforts au niveau de la production, mais il reste beaucoup de choses à revoir, au niveau de l’exploitation, de la distribution, etc. Enfin, sur le plan commercial, nos films ne dépassent pas nos frontières. Aujourd’hui, il faut promouvoir le film marocain, je ne sais pas comment mais c’est une nécessité. Seuls, on ne peut pas faire tout cela
Quels sont vos projets futurs ?
Je n’aime pas travailler sur plusieurs choses à la fois, sinon il y a des projets pour la télé, et aussi pour le cinéma. Il faut dire qu’il y a plusieurs pistes aujourd’hui que je vais essayer d’explorer pour voir quel filon je dois exploiter et puis je travaille sur la sortie de « Oulad Labled », mon dernier film qui sera en salles le 28 avril prochain.