“Il faut prendre du recul pour préparer au mieux l’équipe nationale”
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La relation entre Youssef Lamrini, le football et l'encadrement est comme un conte. Il était parti en Algérie afin de se familiariser avec le langage de la formation et quand il est revenu au Maroc, il s’est imprégné de l’encadrement comme pratique. Il a choisi la formation par amour et conviction et peut-être par obsession. Il est au courant de ses rouages s’il échoue et connaît ses dimensions s’il réussit. Alors, il s’est adonné à l’encadrement non par amour, mais comme résultat inévitable de son adhésion à relever le défi. La confiance en soi est peut-être déterminante pour tracer son parcours et ses aspirations d'une part, ou peut-être sa foi en sa capacité formative est signe de son assimilation de la réalité de la balle d’autre part. Lamrini a concilié les deux objectifs en étant conscient que le point de départ d'un club modeste peut être une passerelle pour l’exploration d’un horizon plus vaste.
Quant à l’Olympique, incapable de remporter des titres au cours des trois saisons passées et de réaliser une gloire sportive le remettant sur la scène sportive nationale, il n’a pas hésité à signer avec Lamrini. L’accord est conclu pour un nouveau tournant et le commencement d’une nouvelle histoire. «Libé »a interviewé Youssef Lamrini pour connaître certains détails de la saison footballistique de l’OCK et le pari sportif de la balle nationale.
Libé : « Quel est le secret de votre signature avec l’Olympique?
Lamrini : Il n’y a pas de secret, on a conclu un accord avant la fin du championnat. Je n'ai pas hésité à accepter la tâche d’entraîner l’OCK pour plusieurs raisons: D’abord l’équipe de l’Olympique a une histoire bien garnie, ensuite, elle est structurée de façon rationnelle; elle est également, connue à l’échelon national pour sa discipline et son sérieux. En outre elle a, à son palmarés deux titres nationaux et un autre arabe. Elle est l'une des équipes ambitieuses qui luttent pour jouer les premiers rôles, et possède des potentialités matérielles très importantes en comparaison avec beaucoup d'autres équipes. En plus, elle a d’excellents joueurs qui ont inscrit leurs noms dans les annales du football marocain. Grâce à ces données entre autres, j'ai été passionné par la mission qui m’a été confiée. J'ai été surpris par d’autres aspects positifs. Comme je l'ai ressenti sur le terrain, l'équipe est très bien structurée au niveau de ses composantes, et ce n'est pas une flatterie, mais c’est la réalité que je vis depuis le début des préparations et toutes les conditions de travail sont réunies.
Que pensez-vous du parcours de l’Olympique ?
Nous avons convenu dans le cadre d'un dialogue transparent avec le bureau dirigeant et le staff technique que notre premier objectif est d'occuper l'une des trois premières places. Mais le mauvais départ a été un handicap surtout, les défaites successives lors des première et seconde journées, qui ont eu un impact négatif sur les joueurs, notamment les jeunes. Dès la première réunion avec les joueurs, j’ai remarqué le désir de certains d’eux, de changer d'atmosphère et nous étions obligés de chercher la relève et on a poursuivi le chemin avec détermination. On avait pas d'autres alternatives que de travailler sur la cohésion entre les éléments présents et de créer un groupe capable de répondre à tous les aléas. Si on considère l’effectif de l’équipe, on remarque qu’il a été remanié à 90% de sa composition. Afin que les jeunes aient confiance en eux-mêmes, on a dû attendre pendant un certain temps. A mon avis, le résultat est généralement positif malgré les contraintes.
Est-ce que cela veut dire que l'équipe ne souffre pas de points faibles?
L’une des plus grandes faiblesses de l’équipe est son banc de touche. En toute honnêteté, nous nous plaignons de plusieurs faiblesses. Concernant l’effectif, certains noms doivent quitter l’équipe parce qu'ils n'ont pas donné ce qu’on attendait d’eux, et ne sont pas en mesure de s’imposer. Ils sont sur le chemin du départ. Par contre pour d'autres, il est nécessaire qu’ils apprennent de leurs erreurs. Je pense que mon discours est clair et net, le poste sera pour celui qui pourra imposer son nom; on a donné beaucoup plus de chance à certains, et c’est le temps de rendre des comptes.
Peut-être, voulez-vous parler de l'inefficacité des joueurs que vous avez recrutés ?
Je vise tous les joueurs qui sont dans la formation actuelle de l’équipe , mais pour les joueurs qui ont rejoint l'équipe au début de la saison, je suis catégorique là-dessus, certains n'ont pas donné ce que nous espérions d’eux, pour diverses raisons. Peut-être les blessures graves dont souffraient certains d’entre eux et qu’ils avaient cachées, ou peut-être leur incapacité de s’adapter avec l’environnement des Phosphatiers. Toutefois, il est possible qu’ils peuvent s’intégrer sous d’autres cieux. Généralement, la plupart des éléments nouveaux, ont montré leur capacité et surtout les jeunes. Je suis sûr qu'ils formeront une solide ossature de l'équipe dans l'avenir. Je ne veux pas citer de noms, mais ils ont de fortes potentialités. Ceux qui suivent de plus près le parcours de l’Olympique peuvent remarquer que nous avons joué cette saison sans star, mais avec un jeu collectif, parce que la majorité est constituée de joueurs inconnus et parmi eux, des éléments de l'équipe juniors. Quant aux joueurs issus des autres clubs marocains ou africains, j’avoue que la marge d'erreur dans leur choix a été présente puisque tous ces éléments ne sont pas de grands calibres et n’ont pas de renommée ni nationale ni continentale. C’est tout à fait normal qu’ils ne donnent pas le meilleur d’eux-mêmes.
Mais l'équipe a perdu des matchs qu’elle aurait pu gagner!
Cet argument est vrai. En toute responsabilité, lors d’une défaite, je n’ai jamais essayé de faire endosser la responsabilité aux joueurs. La défaite fait partie du jeu et même sur le plan international. Mais certaines de nos défaites étaient dues à des circonstances objectives, y compris l'absence soudaine de joueurs, soit quand il s’agit de leur transfert, ou à cause des blessures qui arrivent de temps en temps. Il est de notre droit, et en toute objectivité de nous interroger sur le nombre d'absences cette saison. Certains joueurs ont subi des opérations chirurgicales et étaient obligés de s’absenter durant longtemps. Concernant les défaites sur les bases, je crois que j'ai déclaré publiquement que nous n'étions pas au top niveau, mais je souligne encore que la formation qui a porté les couleurs du club cette saison est très jeune et sans grande expérience et on ne peut pas lui demander l'impossible. Ses éléments ne peuvent être fusionnés en un temps très court. En attendant, il est impératif de les soutenir et de les encourager.
Peut-on parler d'une formation type après le retour de certains éléments au bercail?
-Après le retour de certains joueurs et l’intégration d’autres, la formation semble connaître une certaine stabilité. On ne peut pas parler de formation type, mais d’une formation qui est en mesure d'obtenir des résultats positifs. Peut-être que la formation qui avait remporté le championnat et la Coupe est toujours présente dans notre mémoire, mais la force actuelle de l’équipe khouribguie, c’est l'intensité du courant et l'esprit de famille qui règnent au sein du groupe, et qui font la force de la formation de l’OCK. Plus les éléments de l’Olympique sont homogènes loin des bases, plus leur force est grande à domicile. C’est une vérité que j’ai vécue. Pour être plus clair, la formation actuelle est combinée d’éléments jeunes du terroir et d’autres expérimentés en plus des nouveaux venus qui commencent à s’harmoniser et qui auront prochainement leur mot à dire.
Mais vous avez accepté le départ de certains joueurs dont l’Olympique a besoin de leurs services !
Les joueurs qui ont quitté l'équipe ont manifesté publiquement leur désir de le faire. Supposons qu’on les garde, je ne crois pas que l'équipe puisse en tirer quelque chose, en plus certains d'entre eux sont à la fin de leur contrat. Ils veulent évoluer sous d’autres cieux et c’est leur droit. Peut-être que leur départ a permis l'émergence d'autres jeunes joueurs qui porteront les couleurs de l’équipe pendant plusieurs saisons. En termes de gain, ceci en est un pour nous. Pour d’autres, leur transfert est une question de temps. Ces joueurs s'affirmeront dans différents championnats, vont acquérir de l’expérience et reviendront défendre le maillot de l’OCK. Nous ne voulons jamais être un obstacle pour le transfert d'un joueur en dehors du championnat marocain et c'est ce qui s'est passé avec Ouarrad, malgré son absence qui a laissé un vide dans la ligne médiane.
Pouvez- vous nous définir votre relation avec le bureau dirigeant?
Ce qui soulage chaque entraîneur au cours du coaching, c’est le respect mutuel. Je communique de façon continue avec toutes les composantes du bureau dirigeant. Nous discutons tout le temps des questions concernant le club et son environnement. Comme je le disais en toute sincérité, le travail avec les dirigeants du club vous fait sentir que nous sommes confrontés à un type de professionnalisme dans la gestion. Pour être plus clair, le bureau a toujours cherché à satisfaire les doléances des joueurs. Ils perçoivent leurs dus sans retard ni ajournement, et la même chose en ce qui concerne les primes. En d'autres termes, les joueurs sont conscients de ces faits, ce qui constitue une sorte de stabilité psychologique par rapport aux joueurs puisque leur seule source de vie, c’est le football. En toute honnêteté, ce qui nous soulage vraiment, c’est que les joueurs ne manquent de rien. C'est pourquoi le travail avec ce bureau, à commencer par le président, est un travail clair et transparent, fondé sur des bases d'interaction positive dans l'intérêt du club.
Cela signifie que vous comptez poursuivre votre parcours avec l’Olympique, avez-vous des contacts avec d'autres clubs?
Comme vous le savez, j’ai renouvelé le contrat avec l’OCK pour une nouvelle saison. Surtout que je me suis beaucoup engagé à modifier la formation des Phosphatiers et je connaîs mieux ses éléments. J'espère maintenant qu'il y aura une sorte de compromis, de sorte que nous apprécions le travail que nous avons commencé. Pour la deuxième partie de votre question, il n'y a pas de contact avec d'autres clubs et même s’il y avait des offres ou des propositions, j’ai toujours déclaré aux médias que la priorité est pour l’OCK.
A la fin des matches, pourquoi certaines de vos déclarations sont-elles virulentes?
Je suis conscient des déclarations dont vous parlez, mais elles étaient destinées aux arbitres et même maintenant, je maintiens encore ce que j’avais dit les concernant. Certains m’ont expulsé du terrain sans justification et ont donné injustement l’occasion à l'équipe adverse de gagner. Alors, les déclarations étaient le seul moyen pour exprimer ce que nous avons enduré à cause de leurs agissements dans beaucoup de rencontres.
Est-ce que cela veut dire dire que notre arbitrage laisse à désirer?
Permettez-moi de distinguer entre deux points de vue. Le premier est que l’arbitrage de cette année n'est pas différent de la saison écoulée, malgré les changements de certains appareils administratifs, les erreurs des arbitres persistent. J’espère que c’est par inadvertance et de manière involontaire parce que comme le joueur, l’arbitre peut également commettre des bavures. Cependant, Il y a des referees qui ont prouvé leur potentiel et leur capacité lors des rencontres qu’ils ont officiées. Je ne vois aucune raison pour que les autres arbitres ne fassent pas comme eux, surtout que nous aspirons à valoriser le produit sportif. Cette saison, les bourdes de certains arbitres ont modifié pas mal de résultats.
Changeons de cap et parlons un peu de notre équipe nationale. Quel est le secret de son retard ces derniers temps, et son incapacité de suivre le rythme continental et international?
Je suis d'accord avec vous sur ce constat à propos de notre équipe nationale. Je présume qu’il existe plusieurs facteurs liés, dans une relation dialectique, à la réalité du foot ball national qui manque de ce que nous appelons l'infrastructure. Beaucoup de nos terrains ont besoin d’un réexamen et devraient être similaires à ceux de Fès, Rabat et Casablanca. Afin de remédier à ce retard, on est obligé de s’occuper des petites catégories de 6 à 16 ans, les classer dans des groupes d'âge, les soumettre à des formations sur des bases scientifiques et modernes dans des centres dispensant une formation académique, théorique et pratique et non arbitraire. Pour faire face à ce retard, nous devons nous préoccuper de l'élément humain pratiquant le football afin qu’il n’émigre pas au golf, et travailler pour lui assurer l’avenir. En outre, nous devons profiter des recherches scientifiques effectuées à l'Institut Moulay Rachid sur le football national, les enrichir, les développer et les moderniser. Ce sont d’excellentes recherches faites par des étudiants dont la spécialité est le football. Mais toutes ces données ne fonctionneront pas si on ne cherche pas à changer les mentalités, celles de l’encadreur, du dirigeant, du joueur et de toutes les composantes du jeu.
Comment pouvons-nous sortir de ce dilemme en l'absence d’une équipe capable de défendre le maillot national ?
La préparation d'une équipe nationale doit être fondée sur un travail de base: benjamins, cadets, juniors, équipe olympique et enfin seniors. Nous sommes entrés dans une course contre la montre et une recherche rapide d'une équipe prête, ce qui a anéanti le rêve. Aujourd'hui, nous devons prendre du recul afin de ne pas tomber dans la même situation, et répéter les erreurs du passé. On peut attendre pendant plusieurs années pour avoir une sélection nationale compétitive. La recherche rapide du joueur prêt, a été testée et n'a pas donné le résultat escompté, pour la simple raison que la présence de joueurs issus de clubs dispersés, de différentes écoles européennes et à l'extérieur du tournoi marocain et sans rencontres amicales permettant de créer l'homogénéité, n’a jamais donné de bons résultats. Je crois que l’expérience a prouvé l’échec d’une telle approche.
Cela veut dire que vous êtes pour l’idée que l'équipe nationale doit être issue de la réalité du football national?
Je veux dire que nous avons voulu réunir des joueurs rapidement pour former une équipe nationale et on a tout perdu. Cela ne signifie pas l'exclusion des joueurs évoluant dans les championnats européens. On doit alimenter notre équipe nationale par ces joueurs comme le cas de Chamakh et je m’excuse si je ne mentionne pas les autres noms. Nous intégrons le joueur prêt, qui pourrait apporter une valeur ajoutée à l'équipe nationale. Donc, je pense que parler d'une équipe nationale locale est quelque chose de positif, ce qui constitue un terrain fertile pour la sélection nationale.
Comment voyez-vous le choix d’un sélectionneur étranger ?
Je ne vois pas pourquoi on fait appel à un entraîneur étranger. Celui-ci n'a pas une baguette magique pour sortir l'équipe nationale de sa crise actuelle. Je pense que nous devons être plus réalistes. Pour preuve, la qualification de l’Algérie pour le Mondial et l’obtention de l'Egypte du titre continental. Des exemples concrets de pays qui ont fait confiance à leurs cadres nationaux. Et je me demande pourquoi on ne renouvelle pas la confiance à Badou Zaki, l’homme de la situation actuelle par excellence, en lui laissant le champ libre de travailler. Un cadre national qui connaît toutes les ficelles du football national, continental et international et qui ne ménagera aucun effort pour défendre le drapeau national.
Quant à l’Olympique, incapable de remporter des titres au cours des trois saisons passées et de réaliser une gloire sportive le remettant sur la scène sportive nationale, il n’a pas hésité à signer avec Lamrini. L’accord est conclu pour un nouveau tournant et le commencement d’une nouvelle histoire. «Libé »a interviewé Youssef Lamrini pour connaître certains détails de la saison footballistique de l’OCK et le pari sportif de la balle nationale.
Libé : « Quel est le secret de votre signature avec l’Olympique?
Lamrini : Il n’y a pas de secret, on a conclu un accord avant la fin du championnat. Je n'ai pas hésité à accepter la tâche d’entraîner l’OCK pour plusieurs raisons: D’abord l’équipe de l’Olympique a une histoire bien garnie, ensuite, elle est structurée de façon rationnelle; elle est également, connue à l’échelon national pour sa discipline et son sérieux. En outre elle a, à son palmarés deux titres nationaux et un autre arabe. Elle est l'une des équipes ambitieuses qui luttent pour jouer les premiers rôles, et possède des potentialités matérielles très importantes en comparaison avec beaucoup d'autres équipes. En plus, elle a d’excellents joueurs qui ont inscrit leurs noms dans les annales du football marocain. Grâce à ces données entre autres, j'ai été passionné par la mission qui m’a été confiée. J'ai été surpris par d’autres aspects positifs. Comme je l'ai ressenti sur le terrain, l'équipe est très bien structurée au niveau de ses composantes, et ce n'est pas une flatterie, mais c’est la réalité que je vis depuis le début des préparations et toutes les conditions de travail sont réunies.
Que pensez-vous du parcours de l’Olympique ?
Nous avons convenu dans le cadre d'un dialogue transparent avec le bureau dirigeant et le staff technique que notre premier objectif est d'occuper l'une des trois premières places. Mais le mauvais départ a été un handicap surtout, les défaites successives lors des première et seconde journées, qui ont eu un impact négatif sur les joueurs, notamment les jeunes. Dès la première réunion avec les joueurs, j’ai remarqué le désir de certains d’eux, de changer d'atmosphère et nous étions obligés de chercher la relève et on a poursuivi le chemin avec détermination. On avait pas d'autres alternatives que de travailler sur la cohésion entre les éléments présents et de créer un groupe capable de répondre à tous les aléas. Si on considère l’effectif de l’équipe, on remarque qu’il a été remanié à 90% de sa composition. Afin que les jeunes aient confiance en eux-mêmes, on a dû attendre pendant un certain temps. A mon avis, le résultat est généralement positif malgré les contraintes.
Est-ce que cela veut dire que l'équipe ne souffre pas de points faibles?
L’une des plus grandes faiblesses de l’équipe est son banc de touche. En toute honnêteté, nous nous plaignons de plusieurs faiblesses. Concernant l’effectif, certains noms doivent quitter l’équipe parce qu'ils n'ont pas donné ce qu’on attendait d’eux, et ne sont pas en mesure de s’imposer. Ils sont sur le chemin du départ. Par contre pour d'autres, il est nécessaire qu’ils apprennent de leurs erreurs. Je pense que mon discours est clair et net, le poste sera pour celui qui pourra imposer son nom; on a donné beaucoup plus de chance à certains, et c’est le temps de rendre des comptes.
Peut-être, voulez-vous parler de l'inefficacité des joueurs que vous avez recrutés ?
Je vise tous les joueurs qui sont dans la formation actuelle de l’équipe , mais pour les joueurs qui ont rejoint l'équipe au début de la saison, je suis catégorique là-dessus, certains n'ont pas donné ce que nous espérions d’eux, pour diverses raisons. Peut-être les blessures graves dont souffraient certains d’entre eux et qu’ils avaient cachées, ou peut-être leur incapacité de s’adapter avec l’environnement des Phosphatiers. Toutefois, il est possible qu’ils peuvent s’intégrer sous d’autres cieux. Généralement, la plupart des éléments nouveaux, ont montré leur capacité et surtout les jeunes. Je suis sûr qu'ils formeront une solide ossature de l'équipe dans l'avenir. Je ne veux pas citer de noms, mais ils ont de fortes potentialités. Ceux qui suivent de plus près le parcours de l’Olympique peuvent remarquer que nous avons joué cette saison sans star, mais avec un jeu collectif, parce que la majorité est constituée de joueurs inconnus et parmi eux, des éléments de l'équipe juniors. Quant aux joueurs issus des autres clubs marocains ou africains, j’avoue que la marge d'erreur dans leur choix a été présente puisque tous ces éléments ne sont pas de grands calibres et n’ont pas de renommée ni nationale ni continentale. C’est tout à fait normal qu’ils ne donnent pas le meilleur d’eux-mêmes.
Mais l'équipe a perdu des matchs qu’elle aurait pu gagner!
Cet argument est vrai. En toute responsabilité, lors d’une défaite, je n’ai jamais essayé de faire endosser la responsabilité aux joueurs. La défaite fait partie du jeu et même sur le plan international. Mais certaines de nos défaites étaient dues à des circonstances objectives, y compris l'absence soudaine de joueurs, soit quand il s’agit de leur transfert, ou à cause des blessures qui arrivent de temps en temps. Il est de notre droit, et en toute objectivité de nous interroger sur le nombre d'absences cette saison. Certains joueurs ont subi des opérations chirurgicales et étaient obligés de s’absenter durant longtemps. Concernant les défaites sur les bases, je crois que j'ai déclaré publiquement que nous n'étions pas au top niveau, mais je souligne encore que la formation qui a porté les couleurs du club cette saison est très jeune et sans grande expérience et on ne peut pas lui demander l'impossible. Ses éléments ne peuvent être fusionnés en un temps très court. En attendant, il est impératif de les soutenir et de les encourager.
Peut-on parler d'une formation type après le retour de certains éléments au bercail?
-Après le retour de certains joueurs et l’intégration d’autres, la formation semble connaître une certaine stabilité. On ne peut pas parler de formation type, mais d’une formation qui est en mesure d'obtenir des résultats positifs. Peut-être que la formation qui avait remporté le championnat et la Coupe est toujours présente dans notre mémoire, mais la force actuelle de l’équipe khouribguie, c’est l'intensité du courant et l'esprit de famille qui règnent au sein du groupe, et qui font la force de la formation de l’OCK. Plus les éléments de l’Olympique sont homogènes loin des bases, plus leur force est grande à domicile. C’est une vérité que j’ai vécue. Pour être plus clair, la formation actuelle est combinée d’éléments jeunes du terroir et d’autres expérimentés en plus des nouveaux venus qui commencent à s’harmoniser et qui auront prochainement leur mot à dire.
Mais vous avez accepté le départ de certains joueurs dont l’Olympique a besoin de leurs services !
Les joueurs qui ont quitté l'équipe ont manifesté publiquement leur désir de le faire. Supposons qu’on les garde, je ne crois pas que l'équipe puisse en tirer quelque chose, en plus certains d'entre eux sont à la fin de leur contrat. Ils veulent évoluer sous d’autres cieux et c’est leur droit. Peut-être que leur départ a permis l'émergence d'autres jeunes joueurs qui porteront les couleurs de l’équipe pendant plusieurs saisons. En termes de gain, ceci en est un pour nous. Pour d’autres, leur transfert est une question de temps. Ces joueurs s'affirmeront dans différents championnats, vont acquérir de l’expérience et reviendront défendre le maillot de l’OCK. Nous ne voulons jamais être un obstacle pour le transfert d'un joueur en dehors du championnat marocain et c'est ce qui s'est passé avec Ouarrad, malgré son absence qui a laissé un vide dans la ligne médiane.
Pouvez- vous nous définir votre relation avec le bureau dirigeant?
Ce qui soulage chaque entraîneur au cours du coaching, c’est le respect mutuel. Je communique de façon continue avec toutes les composantes du bureau dirigeant. Nous discutons tout le temps des questions concernant le club et son environnement. Comme je le disais en toute sincérité, le travail avec les dirigeants du club vous fait sentir que nous sommes confrontés à un type de professionnalisme dans la gestion. Pour être plus clair, le bureau a toujours cherché à satisfaire les doléances des joueurs. Ils perçoivent leurs dus sans retard ni ajournement, et la même chose en ce qui concerne les primes. En d'autres termes, les joueurs sont conscients de ces faits, ce qui constitue une sorte de stabilité psychologique par rapport aux joueurs puisque leur seule source de vie, c’est le football. En toute honnêteté, ce qui nous soulage vraiment, c’est que les joueurs ne manquent de rien. C'est pourquoi le travail avec ce bureau, à commencer par le président, est un travail clair et transparent, fondé sur des bases d'interaction positive dans l'intérêt du club.
Cela signifie que vous comptez poursuivre votre parcours avec l’Olympique, avez-vous des contacts avec d'autres clubs?
Comme vous le savez, j’ai renouvelé le contrat avec l’OCK pour une nouvelle saison. Surtout que je me suis beaucoup engagé à modifier la formation des Phosphatiers et je connaîs mieux ses éléments. J'espère maintenant qu'il y aura une sorte de compromis, de sorte que nous apprécions le travail que nous avons commencé. Pour la deuxième partie de votre question, il n'y a pas de contact avec d'autres clubs et même s’il y avait des offres ou des propositions, j’ai toujours déclaré aux médias que la priorité est pour l’OCK.
A la fin des matches, pourquoi certaines de vos déclarations sont-elles virulentes?
Je suis conscient des déclarations dont vous parlez, mais elles étaient destinées aux arbitres et même maintenant, je maintiens encore ce que j’avais dit les concernant. Certains m’ont expulsé du terrain sans justification et ont donné injustement l’occasion à l'équipe adverse de gagner. Alors, les déclarations étaient le seul moyen pour exprimer ce que nous avons enduré à cause de leurs agissements dans beaucoup de rencontres.
Est-ce que cela veut dire dire que notre arbitrage laisse à désirer?
Permettez-moi de distinguer entre deux points de vue. Le premier est que l’arbitrage de cette année n'est pas différent de la saison écoulée, malgré les changements de certains appareils administratifs, les erreurs des arbitres persistent. J’espère que c’est par inadvertance et de manière involontaire parce que comme le joueur, l’arbitre peut également commettre des bavures. Cependant, Il y a des referees qui ont prouvé leur potentiel et leur capacité lors des rencontres qu’ils ont officiées. Je ne vois aucune raison pour que les autres arbitres ne fassent pas comme eux, surtout que nous aspirons à valoriser le produit sportif. Cette saison, les bourdes de certains arbitres ont modifié pas mal de résultats.
Changeons de cap et parlons un peu de notre équipe nationale. Quel est le secret de son retard ces derniers temps, et son incapacité de suivre le rythme continental et international?
Je suis d'accord avec vous sur ce constat à propos de notre équipe nationale. Je présume qu’il existe plusieurs facteurs liés, dans une relation dialectique, à la réalité du foot ball national qui manque de ce que nous appelons l'infrastructure. Beaucoup de nos terrains ont besoin d’un réexamen et devraient être similaires à ceux de Fès, Rabat et Casablanca. Afin de remédier à ce retard, on est obligé de s’occuper des petites catégories de 6 à 16 ans, les classer dans des groupes d'âge, les soumettre à des formations sur des bases scientifiques et modernes dans des centres dispensant une formation académique, théorique et pratique et non arbitraire. Pour faire face à ce retard, nous devons nous préoccuper de l'élément humain pratiquant le football afin qu’il n’émigre pas au golf, et travailler pour lui assurer l’avenir. En outre, nous devons profiter des recherches scientifiques effectuées à l'Institut Moulay Rachid sur le football national, les enrichir, les développer et les moderniser. Ce sont d’excellentes recherches faites par des étudiants dont la spécialité est le football. Mais toutes ces données ne fonctionneront pas si on ne cherche pas à changer les mentalités, celles de l’encadreur, du dirigeant, du joueur et de toutes les composantes du jeu.
Comment pouvons-nous sortir de ce dilemme en l'absence d’une équipe capable de défendre le maillot national ?
La préparation d'une équipe nationale doit être fondée sur un travail de base: benjamins, cadets, juniors, équipe olympique et enfin seniors. Nous sommes entrés dans une course contre la montre et une recherche rapide d'une équipe prête, ce qui a anéanti le rêve. Aujourd'hui, nous devons prendre du recul afin de ne pas tomber dans la même situation, et répéter les erreurs du passé. On peut attendre pendant plusieurs années pour avoir une sélection nationale compétitive. La recherche rapide du joueur prêt, a été testée et n'a pas donné le résultat escompté, pour la simple raison que la présence de joueurs issus de clubs dispersés, de différentes écoles européennes et à l'extérieur du tournoi marocain et sans rencontres amicales permettant de créer l'homogénéité, n’a jamais donné de bons résultats. Je crois que l’expérience a prouvé l’échec d’une telle approche.
Cela veut dire que vous êtes pour l’idée que l'équipe nationale doit être issue de la réalité du football national?
Je veux dire que nous avons voulu réunir des joueurs rapidement pour former une équipe nationale et on a tout perdu. Cela ne signifie pas l'exclusion des joueurs évoluant dans les championnats européens. On doit alimenter notre équipe nationale par ces joueurs comme le cas de Chamakh et je m’excuse si je ne mentionne pas les autres noms. Nous intégrons le joueur prêt, qui pourrait apporter une valeur ajoutée à l'équipe nationale. Donc, je pense que parler d'une équipe nationale locale est quelque chose de positif, ce qui constitue un terrain fertile pour la sélection nationale.
Comment voyez-vous le choix d’un sélectionneur étranger ?
Je ne vois pas pourquoi on fait appel à un entraîneur étranger. Celui-ci n'a pas une baguette magique pour sortir l'équipe nationale de sa crise actuelle. Je pense que nous devons être plus réalistes. Pour preuve, la qualification de l’Algérie pour le Mondial et l’obtention de l'Egypte du titre continental. Des exemples concrets de pays qui ont fait confiance à leurs cadres nationaux. Et je me demande pourquoi on ne renouvelle pas la confiance à Badou Zaki, l’homme de la situation actuelle par excellence, en lui laissant le champ libre de travailler. Un cadre national qui connaît toutes les ficelles du football national, continental et international et qui ne ménagera aucun effort pour défendre le drapeau national.