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"Draquila - L'Italie qui tremble", mis en scène par Sabina Guzzanti, déjà auteur d'un autre film peu amène pour Silvio Berlusconi ("Viva Zapatero!", 2005), est accusé par le ministre Sandro Bondi, un fidèle parmi les fidèles, d'être "un film de propagande qui offense le peuple italien tout entier". Du coup, le ministre "a décliné l'invitation" à participer au festival, "en exprimant son regret et son trouble", selon son ministère.Dans son film de 1h33, Sabina Guzzanti, 46 ans, dénonce, dans un style proche de celui du réalisateur américain Michael Moore, la mainmise sur la reconstruction de la ville d'hommes proches du pouvoir, au premier rang desquels le chef de la Protection civile italienne, Guido Bertolaso. Ce documentaire "donne une vision partiale de la réalité et ne reflète pas l'esprit et les sentiments des habitants de L'Aquila envers la Protection civile", s'est insurgé lundi M. Bertolaso, un protégé du chef du gouvernement.
Le 6 avril 2009, un violent séisme avait ravagé la capitale des Abruzzes (centre) et ses joyaux artistiques, faisant 308 morts et privant de logement 80.000 personnes.
L'intervention rapide et efficace de la Protection civile avait été unanimement saluée, mais son rôle dans la planification et l'attribution des marchés publics de la reconstruction est très contesté. Le centre-ville est toujours un champ de ruines désert alors que des logements ont été construits au milieu de nulle part et pour un coût très supérieur au marché.
M. Bertolaso est soupçonné d'avoir bénéficié d'avantages financiers pour lui et sa famille et de séances de massages intimes en contrepartie de l'octroi de marchés publics, "un gros malentendu" selon lui. Au-delà de celui qui était jusqu'ici considéré comme un héros national, c'est Berlusconi qui est visé dans "Draquila": le Cavaliere est accusé d'avoir utilisé le drame de L'Aquila pour redorer son image, passablement écornée par des scandales à connotation sexuelle, sans tenir compte des aspirations des habitants. La réalisatrice, qui a décliné toute interview aux médias étrangers avant Cannes, a expliqué à quelques journalistes italiens que son film était "une réflexion sur la dérive autoritaire de ce pays".
Seul réalisateur italien en compétition à Cannes cette année avec "La Nostra Vita", Daniele Luchetti a de son côté vivement critiqué le boycott du ministre italien. Au contraire, "il faut être fier d'emmener à l'étranger une telle démonstration de liberté", a-t-il estimé.