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Invité par l’Ecole marocaine des sciences de l’ingénieur (l’EMSI -Les orangers), samedi 19 mai, Mme Aïcha Echenna, présidente de l’Association de solidarité féminine (l’ASF), a expliqué que ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur en se demandant : « Maintenant nous sommes à 11,6% et bientôt nous serons à combien ?», avant d’enchaîner : «Rien qu’en 2009, nous avons recensé 27.000 mères célibataires, ce grand chiffre nous interpelle tous à réagir».
Interrogée par les étudiants sur le montant de la subvention de l’Etat que reçoit son association, elle a indiqué que cette subvention reste très faible car elle ne dépasse pas les 50.000 DH. Une somme dérisoire qui ne couvre même pas, selon elle, les charges du numéro vert, mis en place pour accueillir les appels des femmes en détresse.
Sur ce point, Mme. Echenna a saisi l’occasion pour préciser que son association a besoin d’au moins 5 millions de DH par an pour tenir le coup.
A l’issue de son intervention, au cours de laquelle elle a fait un décryptage de la situation des femmes au Maroc, elle s’est interrogée : «Certes la loi 475 doit être abrogée mais par quoi la remplacer?».
Pour sa part, Hicham Boutaiba, professeur de droit au sein de l’institut hôte, a fortement dénoncé l’article en question, précisant que celui-ci «constitue une incitation pour les agressions sexuelles dans la mesure où il œuvre à neutraliser l’action publique contre les auteurs des agressions sexuelles, et par là même à protéger ces agresseurs sexuels de la sanction pénale». Suite à cette dénonciation, il a souligné que «Cet article permet une sorte de blanchiment de l’agresseur sexuel contre les mineures. Comment? En lui permettant de se soustraire à la sanction pénale du crime de viol par la voie du mariage avec sa victime».
Par ailleurs, il a mis le doigt sur la contradiction dans le Code pénal entre les articles 475 et 486 : l’un réprime et l’autre blanchit. Malgré le caractère répressif de l’article 486 qui stipule : «Le viol est l'acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme contre le gré de celle-ci. Il est puni de la réclusion de cinq à dix ans. Toutefois, si le viol a été commis sur la personne d'une mineure de moins de dix-huit ans, d'une incapable, d'une handicapée, d'une personne connue par ses facultés mentales faibles, ou d'une femme enceinte, la peine est la réclusion de dix à vingt ans». Cet article ne trouve pas le chemin d’application.
Sur ce point, il s’est demandé : «Le législateur a-t-il puisé dans le droit naturel?» Et pour répondre à cette question, il a tenu à rappeler ce que dicte la loi là-dessus : « Quiconque, sans violences, menaces ou fraudes, enlève ou détourne, ou tente d'enlever ou de détourner, un mineur de moins de dix-huit ans, est puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams. Lorsqu'une mineure nubile ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui-ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l'annulation du mariage et ne peut être condamné qu'après que cette annulation du mariage a été prononcée». A ce propos, M. Boutaiba a relevé la connotation péjorative du mot «nubile» qui signifie mariable. Ce qui veut dire que, selon la loi, une fille violée n’est pas mariable. Et de terminer son exposé par l’appel à l’actualisation voire le changement de cette loi en vigueur depuis 1962, en s’interrogeant : «Comment a-t-on accepté que l’esprit de 1962 s’applique à Amina en 2012 ?».
De son côté, Bernard Corbel, psychologue et psychothérapeute, a soulevé le caractère universel du phénomène en question, en expliquant que « la culture dominante dans le monde est une culture patriarcale qui présente les hommes comme des mâles dominants» et «leur désir sexuel comme irrépressible».
Concernant les impacts de ces atrocités sur les victimes, M. Corbel, a avancé, entre autres, la destruction de la capacité de refus chez la victime, c'est-à-dire la capacité de dire non. Il a expliqué : «Si je n’ai pas de barrière, je peux faire tout». Sur ce point, il a donné l’exemple du viol collectif qui brise toutes les barrières et annihile la faculté de dire non, ce qui mène, selon lui, dans certains cas les victimes à la prostitution. Son message portait sur la nécessité de changer les mentalités.