Le simple fait de rappeler le déroulement de cette votation française organisée par un comité regroupant une soixantaine de partis, associations et syndicats, tient de la leçon de choses et ses résultats de l'inédit.
Plus de deux millions de Français ont, en effet, pris de leur temps pour y participer et pour s'opposer, à plus de 90%, à la transformation en société anonyme de cette vénérable maison.
La consultation n'avait certes pas de statut légal, mais ses organisateurs attendent du gouvernement qu'il décide le retrait de son projet de loi et qu'il lance un débat national dont le point d'orgue sera un référendum sur la question. Ce qu'il ne fera peut-être jamais.
Il n'en demeure pas moins que cette initiative citoyenne a démontré l'attachement des Français, dans leur écrasante majorité, à ce service public qui remplit des missions indispensables en matière d'aménagement du territoire et de lien social. Un attachement qui n'est peut-être pas sans raison et la transformation de la poste française en SA aurait pu la conduire vers une probable privatisation et il est de notoriété publique que toutes les privatisations des postes européennes ont engendré une baisse de la qualité de service, une augmentation des tarifs et des suppressions importantes d'emplois.
Mais il est un autre établissement similaire dont la transformation en société anonyme est passée comme une lettre à la poste. C'est-à-dire sans que l'on ne se soucie de ce qui pourrait advenir, ni de l'avis de celles et de ceux qui contribuent, via leurs impôts, à l'existence de tout ce que le secteur public compte comme administrations et entreprises. Lequel ? Poste Maroc, pardi. Mais dans ce cas, la population n'aurait jamais pu avoir son mot à dire ni dans le cadre d'un débat public, ni dans celui d'une votation populaire et, a fortiori, d'un référendum.