Asmaa Houri, metteur en scène

La prétention tue le meilleur d’un artiste


Propos recueillis par Mustapha Elouizi
Vendredi 28 Juin 2013

Asmaa Houri,  metteur en scène
Persévérante,
dynamique et
battante, Asmaa Houri s’attelle depuis quelques années
à se frayer un chemin dans le théâtre
marocain. Désormais, l’on peut dire sans risque de se tromper qu’elle s’est
effectivement forgé un cachet original. Après le grand prix décroché au Festival national
de Meknès et les
quatre autres prix de sa troupe, elle se confie à Libé.
Entretien.


Libé : Vous avez remporté cinq prix sur sept lors de la 15ème édition du Festival national du théâtre professionnel. Vous attendiez-vous à une telle performance?

Asmaa Houri : A vrai dire, je n’y ai pas pensé. Je me suis concentrée sur mon travail et essayé de pousser le groupe à assurer un spectacle engagé et fort, surtout loin de tout jeu excessif et prétentieux souvent occasionné par la logique des compétitions et des prix. Notre objectif était de ne pas subir cette influence et de sauvegarder notre œuvre, car je sais au fond de moi-même que c’est la prétention qui tue le meilleur d’un artiste.

Vous êtes l’auteur de cette belle œuvre théâtrale. Pouvez-vous nous dire ce qui la caractérise particulièrement?

L’œuvre est marquée, d’une part, par la complicité et la solidarité de ceux qui lui ont donné corps (musique, jeu, expression corporelle, scénographie, etc) et d’autre part, par un découpage scénique que j’ai travaillé en amont, afin de garantir la clarté et l’homogénéité de la forme artistique proposée.

On dirait qu'à Meknès, les autres travaux n'ont pas eu de mérite. Est-ce le fait que votre pièce était fortement imposante ou que les autres œuvres n’ont pas répondu aux attentes du public ?

Tout d’abord, je suis navrée pour ceux qui n’ont pas eu de «mérite», même si j’estime que le vrai mérite est cette rencontre en elle-même entre hommes et femmes de théâtre pour se connaître, débattre et enrichir nos expériences respectives.
 Pour le second volet de votre question, je crois que c’est le public qui a imposé la réussite de «Dmouâ belkhol», d’autant qu’il nous a réservé une standing ovation à la fin de la représentation. Le feed-back était direct, vrai et fort. Le jury a formulé un ensemble de critères de jugement afin d’évaluer les œuvres avec justesse. J’étais persuadée que notre pièce répondait largement à ces critères.

Beaucoup d'observateurs voyaient en vous une candidate sérieuse pour le prix de la meilleure mise en scène... comment avez-vous accueilli la décision du jury ?

Je pense que l’œuvre se distingue par sa  mise en scène, et de ce fait le grand prix serait celui de la mise en scène aussi. Je me plie à la volonté et à la clairvoyance du jury. Je félicite les membres du jury pour leur travail. C’est aussi l’occasion pour dire merci pour tous ces prix que je dédie à mon tour à tous ceux qui aiment le théâtre et œuvrent pour son développement.

Quels sont vos projets?

Nous sommes en train de préparer notre prochaine création. C’est un travail en collaboration avec une troupe suédoise. Nous sommes encore dans la phase de recherche de la thématique à traiter …Je ne dirai pas plus,  pour effet de surprise.


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