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Lors de cette rencontre, organisée sous le thème "Journée mondiale sans tabac : quelles résolutions scientifiques et réglementaires le Maroc devrait-il prendre", les participants ont souligné que le taux de tabagisme à travers le monde n’a jamais enregistré une baisse en dépit des actions multiples menées, ce qui requiert l’implication de toutes les forces vives (société, médecins et politiques) pour parvenir à des solutions adaptées à chaque société, revoir les messages diffusés pour ouvrir la voie à une phase intermédiaire à travers les alternatives existantes et cibler davantage de jeunes qui s'adonnent de plus en plus au tabac en bas âge.
Ils ont relevé qu’au Maroc, le coût économique du tabagisme s’élève à 5 milliards de dirhams, outre les maladies engendrées par ce fléau et les pertes en vie humaine, notant que le Royaume dispose d’un arsenal juridique, en l’occurrence les lois 15-91 et 46-02 qui interdisent de commercialiser des produits non homologués et de fumer dans des espaces publics mais cet arsenal, selon eux, manque de textes d'application notamment pour contrôler le respect de l’interdiction de fumer dans les lieux publics.
Les participants ont souligné que les campagnes de sensibilisation doivent en premier lieu cibler les jeunes, en particulier les collégiens qui s’adonnent trop tôt à la cigarette, et proposer des alternatives aux fumeurs adultes pour cesser cette mauvaise habitude, plaidant pour une implication accrue des scientifiques dans la prise de mesures portant sur ce domaine.
A cet égard, Fatima Mazzi, médecin en santé publique et membre de la commission des affaires sociales au Parlement, a relevé que la lutte contre le tabagisme ne doit pas se limiter à la journée mondiale mais doit être un débat quotidien pour parvenir à endiguer ce fléau.
Pour elle, les textes de loi en la matière nécessitent des textes d’application pour pouvoir contrôler l'efficience des mesures prises et déterminer la notion "espace public" et les autorités habilitées à contrôler les infractions.
A cet égard, Mme Mazzi a plaidé pour la ratification de la convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac et l’adoption de loi restrictive pour protéger les mineurs et les jeunes, notant que les statistiques démontrent que c'est la combustion de la cigarette qui tue, d'où la nécessité de s’ouvrir sur des alternatives moins nocives comme transition avant de parvenir à arrêter définitivement la cigarette.
Pour sa part, Mohamed El Ibrahimi, pneumologue, a relevé que le coût du tabagisme est énorme en termes économique et social. Les campagnes de sensibilisation doivent s’articuler autour de deux axes, le premier primaire qui cible les collégiens pour ne pas toucher aux cigarettes et le deuxième secondaire destiné aux fumeurs pour les accompagner afin de s’affranchir de cette addiction, a-t-il expliqué.
Dans ce sens, Dr El Ibrahimi a plaidé pour le recours à des moyens moins nocifs comme la cigarette électronique et la cigarette chauffée en guise de transition pour le fumeur avant de parvenir à cesser définitivement les cigarettes.
Pour lui, les politiques n’impliquent pas les scientifiques dans les moyens de lutter contre ce phénomène, concédant tout de même que les scientifiques n’ont pas su jusqu’à présent quantifier les pertes humaines à cause de la cigarette pour qu’ils soient mieux entendus par les décideurs.
Dr El Ibrahimi a appelé ainsi à accorder davantage de moyens à la recherche scientifique pour pouvoir parvenir à des solutions adaptées au contexte marocain et mieux diagnostiquer l’état des lieux dans le pays.
De son côté, Yassir Sefiani, professeur de chirurgie cardiovasculaire, a relevé que la politique de lutte conte le tabagisme à travers le monde est un échec dans la mesure où le nombre de fumeurs est soit constant, soit en augmentation, ajoutant que la politique basée sur la taxation a démontré ses limites, ce qui nécessite une politique restrictive.
Selon lui, le tabac est considéré seulement à travers ses méfaits, alors qu’on n’oublie qu’il s’agit d’une addiction qui nécessite un traitement adapté.
A cet égard, le professeur Sefiani a plaidé pour la prise en charge sociale de l’accompagnement des fumeurs et pour davantage de prévention notamment à travers le dépistage cardiovasculaire des fumeurs pour traiter toute maladie avant d’arriver au stade avancé.
Et de relever que chaque pays doit parvenir à des solutions adaptées à son contexte et non pas calquer des expériences réussies dans un autre contexte, notant à cet égard la nécessité d'accorder davantage de moyens à la recherche scientifique.
Selon lui, la recherche scientifique a un coût et ne dépend pas de compétences vu que le Maroc dispose d’énormes potentiels de scientifiques, mais qui manquent de moyens pour entreprendre des travaux de recherches.
Cette rencontre-débat visait à changer de paradigme sur la lutte contre le tabac et à mettre l'accent sur l’importance de l’implication de tous les acteurs pour éradiquer ce fléau, outre la nécessité de revoir les messages et le ciblage des campagnes de sensibilisation pour qu’elles puissent devenir plus efficientes.