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Un retour sur le lieu de leurs souffrances. Certains facteurs relativisent ce bonheur, certes. L'entrée était bien évidemment officielle, cette fois. Mais, une fois à l'intérieur, une vingtaine d'ex-détenus de cette ancienne casbah glaouie, va procéder à un voyage dans le temps. On remonte, chacun au début de son malheur. On compare l'image qu'on avait en tête à celle qu'on regarde. Une grande différence, dit Abdennaser Banou Hachem. A l'époque, les murs de la casbah, du moins ceux qu'on pouvait voir, étaient un peu plus solides. L'endroit et après des années de solitude, menace ruine. Les architectes chargés de réhabiliter le lieu ont été intransigeants lorsqu'ils ont appelé photographes, cameramen et curieux à descendre du premier étage qui se trouve dans un état de fragilité dangereuse. Mohamed Nadrani, lui, avait déjà visité les lieux. En cachette bien sûr. Il avait, en compagnie d'autres journalistes, réalisé un reportage sur les lieux il y a des années. L'un des jeunes de la région, qui n'est autre que le coordinateur de l'antenne CCDH, avait à l'époque fait diversion en discutant avec le gardien (mokhazni), alors que les journalistes ont fait leur entrée discrète sur les lieux. « Contrairement au complexe (Anfa), vous étiez au moins abrités sous un climat clément », s'est hâté de dire un journaliste à Nadrani. Ce dernier est resté soudain silencieux quelques secondes. Comme s'il n'avait pas su quoi réponde. « J'ai enduré 184 jours au complexe, et je sais ce que c'est, quant à Sijn Lhad (Agdz) c’est autre chose », disait-il sur ton méditatif, qui ressemble à un exercice très difficile, mais aussi périlleux. Chari Lhou, représentant du groupe « 3 mars » de Goulmima expliqua davantage : « Les conditions climatiques n'étaient guère clémentes, un climat continental (chaleur infernale en été et froid glacial en hiver) qui était insupportable dans les cellules». « L'on ne peut comparer les souffrances », s'empressa de dire Abdennacer Banou Hachem. L’instant où l'on s'attendait à cette matraque qui allait s’abattre sur nos corps était toute une éternité. Et comme pour rappeler le poète turc Nazem Hikmet, l'actuel journaliste de la HACA, a rappelé que le martyre ne peut se mesurer au temps, ni aux lieux, mais bien à l’aune de facteurs psychologiques et sociologiques. La visite du cimetière mitoyen était aussi un moment des plus forts pour les victimes et leurs enfants. Ils se sont ainsi rappelé ceux qu'ils ont laissés derrière eux. Mais, le rappel des organisateurs à respecter le temps imparti était un appel à s'élancer dans une autre vision. Celle consistant à aller de l'avant vers un avenir meilleur. On devait ainsi passer à la concrétisation de l'une des recommandations de l'ancienne Instance Equité et Réconciliation (IER).
L'atelier auquel ont pris part experts internationaux, historiens, architectes, associatifs, population locale, pour déterminer l'avenir de l'ancien bagne. Objectif : déboucher sur une conception commune de l'image que doit prendre l'ancien bagne d'Agdz. Objectif réalisé après avoir accepté deux propositions harmonisées et complémentaires : celles de la coordination locale et du groupe Banou Hachem. Le représentant du Centre international de la justice transitionnelle, Habib Nassar, a bien fait de rappeler que la préservation des lieux de mémoire est un hommage rendu à la fois aux victimes directes et indirectes, à savoir les populations locales. Ces dernières ont rappelé le calvaire qu'elles ont pu endurer. Une autre manière d'emprisonner les gens. La peur, plutôt la terreur régnait dans ce petit village, situé à 70 km au sud d'Ouarzazate. Quant au président du CCDH, Ahmed Herzenni, il a précisé que toutes les propositions sont les bienvenues à condition de respecter « le contrat qui nous lie à vous en tant que partenaires ». Une belle ouverture des efforts de la préservation de la Mémoire de l'homme et de l'espace pour cette approche participative combien prometteuse.