Absentéisme des parlementaires: Biadillah jette la pierre aux partis politiques


M'Hamed Hamrouch
Vendredi 16 Juillet 2010

«Si l'absentéisme chronique des parlementaires était une tumeur, on l'aurait extraite ». Le propos est du président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheïkh Biadillah. Intervenant jeudi lors d'une conférence de presse, au lendemain de la clôture des travaux de la deuxième Chambre, M. Biadillah semblait dresser un constat d'échec. Quand cela ne relèverait pas de la « conscience » des parlementaires, ce qui revient à dire que les valeureux députés et conseillers, en tout cas la majorité d'entre eux, n'ont pas de « conscience », cela dépendrait des partis politiques, y compris le Parti Authenticité et Modernité (PAM) dont M. Biadillah est le secrétaire général. M. Biadillah avait l'air de s'excuser. « Nous ne sommes pas un parti fait que des anges », a-t-il reconnu, sur un ton qui tient plutôt du mea culpa. Il n'y a pas de quoi. Pour le fameux dispositif disciplinaire annoncé en grande pompe au départ, dont cette fameuse coupe dans les salaires gracieux et injustifiés de nos heureux parlementaires qui se tournent les pouces, repassez pour la prochaine rentrée parlementaire. On ne parle pas non plus de cette autre mesure disciplinaire qui consisterait à publier, sur les colonnes du Bulletin officiel, les noms des parlementaires non réguliers. Ou carrément abonnés aux absents. Les promesses n'engagent que ceux qui veulent bien y croire, pour reprendre une formule courante. Ce sont les partis politiques, et rien que les partis politiques, surtout les partis politiques, encore eux et à tout jamais, qui seraient responsables, si l'on ose écrire, du « sabbatisme » des chers représentants du peuple. Point, à la ligne.
Cela étant, à quoi servirait donc une institution comme la deuxième Chambre, - une véritable machine budgétivore -, si ce n'est à organiser, encadrer, réglementer le travail des conseillers, quitte à installer le système du pointage, que sais-je, établir des listes de présence pour amener nos « respectables parlementaires » à respecter le calendrier, et tout, et tout ?
Car, l'heure est grave. Dans un pays où, heureusement, les pelleteuses tournent à plein régime, où les chantiers s'assemblent et ne se ressemblent pas, bref, où ça bouge, nos valeureux conseillers n'ont pas réussi à faire passer une seule proposition de loi. N'est-ce pas leur boulot ? Sur toute la session parlementaire du printemps, pas un poil de proposition de loi ! Peut-on, là encore, trouver une excuse à cette autre faille dans le dysfonctionnement de la deuxième Chambre ? Si, mais si. M. Biadillah pique un exemple outre-atlantique, oui aux Etats-Unis, où les parlementaires appelleraient en aide, moyennant une grosse contrepartie sonnante et trébuchante, des juristes, entre autres experts en la matière, pour l'élaboration de propositions de loi.
Bien sûr, la comparaison n'est pas raison. Mais ce qui reste moins sûr, c'est de trouver une explication rationnelle à l'inaction, voire l'inertie, d'une deuxième Chambre qui a toujours grand-peine à justifier, clairement et preuves à l'appui, son utilité et d'apporter sa pierre, petite ou grande, à l'édifice législatif d'un pays pourtant en plein changement. A quoi sert de faire venir, aujourd'hui, un ministre à la deuxième Chambre pour lui poser la même question posée la veille à la première ? Résultat ? On se retrouve avec une montagne de redites tellement c'est ennuyeux !
Au-delà de ces deux questions-là, surgit une troisième en rapport avec la raison d'être même de la deuxième Chambre. Interrogé sur l'absence d'une bibliothèque proprement dite parlementaire, à l'instar de tous les parlements du monde, M. Biadillah a été explicite. Il est vrai que l'on a une bibliothèque, mais elle est toute petite que rangée timidement à l'abri des regards. Nos chers parlementaires ne lisent-ils pas ? Sauf exception, il faut renvoyer la majorité d'entre eux à leurs chères études. Et ce ne sont pas ces tonnes d'impairs linguistiques qu'ils nous servaient à longueur d'années qui vont nous contredire.
Tout bien considéré, il est encore loin le temps de ce sursaut parlementaire tant espéré. Bonnes vacances quand même …


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