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Abdelouahed Radi, Premier secrétaire de l'USFP a accordé un entretien à notre
confrère «La Vie Eco ».
En voici le texte intégral.
Question : L'USFP vient de présenter une ébauche de point de vue sur la régionalisation élargie, qu'est-ce qui la différencie de la vision des autres partis ?
Abdelouahed Radi : Il faut tout d'abord souligner que la thématique de la régionalisation élargie renvoie vers un chantier de réformes très important. Il s'agit là d'un projet avant tout politique que le Souverain a présenté comme une introduction à une grande réforme institutionnelle, qui permettra d'en introduire d'autres sur les plans politique et institutionnel, et qui auront certainement un impact sur le système électoral. Le document présenté par l'USFP constitue une sorte d'introduction à ce que devrait être la régionalisation élargie. Nous y avons arrêté des principes, des critères pour cette dernière. Nous y avons aussi, dans une certaine mesure, attiré l'attention sur les insuffisances ou les erreurs du passé à éviter, notamment en matière de découpage, de compétences, de financements, de ressources financières ou concernant le mode de scrutin, et nous avons placé tout cela dans un cadre global de réforme pour que cela soit efficace.
Avez-vous discuté avec d'autres partis avant de présenter votre projet ?
Non, nous n'en n'avons pas eu le temps. Il faut attendre qu'il soit débattu au niveau du gouvernement puis du Parlement.
L'USFP se positionne en faveur du recours au scrutin de liste au niveau régional…
Nous estimons que le numéro un de la liste qui obtiendrait le plus de voix devrait logiquement devenir président du Conseil régional. Nous estimons que la liste qui aura obtenu le plus de voix devrait bénéficier de plus de 51% des sièges pour éviter les blocages qui pourraient surgir si un président se retrouve minoritaire face à son conseil.
51% des sièges ! Cela ne risque-t-il pas d'être injuste vis-à-vis des listes concurrentes ?
L'on pourrait déterminer un seuil en dessous duquel la première liste n'obtiendrait pas 51% de sièges, lequel pourrait être compris, par exemple, entre 30 et 40% des voix. Si aucune liste ne satisfait cette condition, l'on organiserait un deuxième tour à l'occasion duquel l'on assisterait à un regroupement des partis. Cette option permettrait également d'éviter les marchandages, l'usage de l'argent, etc., au moment de la formation des bureaux des Conseils régionaux.
L'assainissement des mœurs politiques, entre autres par ce mode de scrutin constitue pour nous une préoccupation essentielle.
Faut-il en déduire que vous prônez l'usage du scrutin de liste aux prochaines élections ?
Non. A présent, nous parlons des régions.
Qu'en est-il des prochaines législatives ?
Le débat est en cours à ce propos. Une chose est certaine, le système actuel ne garantit pas une représentativité réelle de la volonté des citoyens et pose le problème de la légitimité, de la crédibilité des institutions élues.
Vous avez évoqué l'impact de la régionalisation sur la loi sur les partis politiques. En quoi consisterait-il ?
La lutte contre le nomadisme des élus fait partie des raisons qui ont conduit à la rédaction de la loi sur les partis politiques. Or, ce phénomène s'est à nouveau manifesté aux dernières élections, et des partis ont déposé plainte auprès de la justice en pensant qu'ils allaient obtenir gain de cause. ça n'a pas été le cas, ce qui montre que la loi actuelle est inefficace. Il faut donc la rectifier pour combattre effectivement le nomadisme à l'avenir
Aujourd'hui, l'on organise des élections pour déterminer le rapport de force politique existant dans le pays, mais passées ces dernières, les gens changent de formation, ce qui fausse tout. Ce n'est pas loyal et ce n'est pas légitime. Il faut régler ce problème car la réforme du mode de scrutin avant 2012 est une nécessité pour l'assainissement de la vie politique.
Quand le PAM venait d'être créé, l'USFP l'avait beaucoup critiqué. Aujourd'hui, dit-on, ce parti vous invite à rejoindre un bloc politique PAM-RNI…
Vous avez eu accès à une copie de cette invitation ? Nous n'en n'avons pas reçu.
Comment décririez-vous vos relations avec le PAM aujourd'hui ?
Elles sont normales, et nous voulons avoir des relations normales avec tous les partis. Notre congrès nous a même recommandé de prendre contact avec l'ensemble des formations pour expliquer le contenu de ses recommandations, et cela sans exclusive. Cette décision a été confirmée par le Conseil national du 23-24 décembre 2009. Nous ne jetons l'anathème et nous n'émettons de veto contre aucun parti. Nous sommes prêts à dialoguer avec toutes les formations. Nous allons prendre les contacts qu'il faut à cet effet.
Et si en 2012 le PAM vous invitait à le rejoindre au gouvernement, seriez-vous prêts à considérer son offre ?
Il faut d'abord connaître le rapport de force qui résultera du prochain scrutin : on ne parle pas de négociations pour la mise en place d'un gouvernement avant de connaître le résultat des élections.
Pourtant, aujourd'hui, plusieurs partis cherchent déjà à clarifier leurs alliances, sans avoir de visibilité quant aux résultats des élections de 2012...
C'est leur droit. Nous n'avons pas de jugement à porter sur la démarche d'autrui.
Quels sont les terrains sur lesquels le PAM et l'USFP pourraient s'entendre ?
Nos positions ne sont déterminées ni par l'opposition systématique ni par des préférences subjectives. Nous sommes prêts à coopérer avec tout parti qui accepte les règles de la démocratie, en d'autres termes, toutes les formations favorables à la construction de l'état de droit, la défense des droits de l'homme, la défense des libertés et l'égalité des chances. Nous pouvons également nous entendre avec tous ceux qui croient en la nécessité de moderniser le pays aussi bien sur le plan des valeurs que du point de vue technologique. A côté de cela, il y a aussi le fait que nous sommes un parti socialiste, la justice sociale est donc pour nous quelque chose de très important, elle fait partie de notre identité.
Bien entendu, nous sommes aussi favorables à certaines méthodes de création de richesses, de développement, ainsi que pour une coopération internationale mutuellement profitable.
ça fait pas mal de monde…
Je n'en sais rien, mais ne croyez pas que les choses soient aussi simples.
Il y a une semaine, dans nos colonnes, Driss Lachgar a déclaré que votre parti s'apprêtait à ouvrir un débat avec l'ensemble des partis nationaux démocrates et qu'à partir des points de vue exprimés par les partis, vous pourriez mettre en place des alliances avec les formations les plus proches…
C'est une approche. Il peut y en avoir d'autres. L'essentiel c'est qu'elles ne soient pas contradictoires. Il faut qu'on discute de projets concrets pour déterminer sur quelle base s'allier le moment venu.
Faut-il déduire de cela que l'Istiqlal et, plus généralement, la Koutla ne sont plus des interlocuteurs privilégiés pour l'USFP ?
Nous avons, dans le cadre de la Koutla, formé une alliance qui date maintenant de presque 20 ans. La Koutla a permis au Maroc d'avancer, elle a rendu l'Alternance possible, et les gouvernements qui se sont succédé depuis 98 ont été une très bonne chose pour le Maroc. Nous pensons que la Koutla, si elle arrive à se rénover, à donner une image nouvelle et positive d'elle-même, peut encore rendre des services au pays ; et puis il n'y a pas d'alliance exclusive. Il faut être réaliste : aujourd'hui, au Maroc, il n'existe pas de parti ou de pôle partisan capable d'obtenir la majorité absolue et former un gouvernement à lui seul. Il peut donc y avoir un noyau de départ qui n'exclut pas une alliance avec d'autres formations. C'est ce qui se passe à présent. Depuis 98, nous sommes au gouvernement avec des partis de la Koutla mais aussi d'autres formations qui n'en font pas partie, pourtant les choses se passent bien. Nous voulons avoir des alliés et nous voulons aussi avoir des relations normales avec les autres.
Que faudrait-il réformer dans la Koutla pour lui donner un nouveau souffle ?
Il faudrait d'abord une mise à jour de ses objectifs, ses principes, ses modalités d'action et son programme. On ne peut pas conserver les mêmes ambitions, les mêmes projets que dans les années 90, et puis il faut aussi une dose de volonté politique.
Cette dernière manquerait-elle à l'appel ?
C'est vous qui le dites. De toute façon, même quand il y a une volonté, on peut toujours la renforcer.
Cela fait pourtant des mois que la Koutla n'a pas connu de réunion au sommet…
Peut-être que le besoin ne s'en est pas fait sentir.
Si l'Istiqlal indiquait vouloir remettre la Koutla à flot, l'USFP aura-t-il la volonté politique d'en faire de même ?
L'USFP est pour le rassemblement, pas pour l'effritement.
Il y a quelques temps, il était question de mettre en place un groupe parlementaire commun à des partis de gauche comme l'USFP, le PPS, le PT, le PSU, etc. Où en êtes-vous sur ce plan ?
Nous n'avons jamais négocié cela. Nous en avions discuté en marge d'un débat sur l'union de la gauche, et nous avions répondu alors que l'union est une chose qui se construit, ce qui prend du temps. Quand nous avions constitué la Koutla en 1992, cela faisait déjà 7 ans que ses composantes travaillaient ensemble. Pour faciliter l'union de la gauche, il faudrait commencer par travailler ensemble sur le terrain. Nous avons expliqué qu'il existait beaucoup de fronts sur lesquels nous pouvons commencer à le faire : le front parlementaire, le front syndical, le front associatif. Je pense que si l'on procède de cette manière-là, ce sera une union non seulement au sommet mais aussi à la base, sur le terrain, ce qui faciliterait le rapprochement au niveau de nos états-majors respectifs. Un groupe parlementaire de la gauche, pourquoi pas ? C'est une idée à explorer.
En d'autres termes, les chances de se retrouver avec un groupe parlementaire commun à la gauche à la prochaine session de printemps sont plutôt minces…
Notre discussion à ce sujet avait eu lieu après la rentrée parlementaire d'octobre à un moment où les groupes étaient déjà formés. De toute façon, selon le règlement intérieur du Parlement, on ne peut pas refaire les groupes en avril : c'est durant la session d'octobre que l'on dépose les listes des groupes, que l'on choisit les présidents des groupes et des commissions ainsi que les membres du bureau.
Peut-on s'attendre à ce que cela se fasse d'ici octobre prochain ?
Nous n'avons pas les moyens de lire l'avenir. Il faut y aller doucement pour éviter de donner l'impression que nous voulons forcer la main aux gens. Les choses doivent se faire d'une manière naturelle. On peut, comme vous le suggérez, envisager de reprendre ces discussions avant le mois d'octobre prochain.
Un leader de gauche disait récemment : «Nous avons suffisamment attendu l'USFP, nous allons donc lancer le processus de rapprochement. Si l'USFP veut nous rejoindre en chemin il sera le bienvenu, même si c'est pour prendre la tête du mouvement»…
Nous n'avons rien contre. On peut toujours prendre le train en marche, mais nous avons encore des discussions avec un certain nombre de partis de la gauche qui n'ont pas encore donné de résultats. Il faut prendre le temps qu'il faut, mais les rencontres et les discussions existent. Et il faut construire sur du solide. En y allant trop vite, on risque de ne pas produire quelque chose de durable. Je le répète, nous ne voulons pas donner l'impression que nous cherchons à forcer la main ni aux uns ni aux autres.
Où en êtes-vous dans la restructuration du parti ?
Nous avons fait pas mal de chemin depuis le début de l'année. Nous avons tenu une réunion des commissions du Conseil national et structuré les commissions en désignant leurs présidents et leurs rapporteurs. Ces derniers sont en train de plancher sur un programme d'activités et devront débattre sur un certain nombre de thèmes. Les commissions auront pour leur part pour mission de mettre à jour et développer nos programmes. Nous nous sommes donné jusqu'à la fin février pour préparer tous les textes qui doivent servir de base de discussion à la conférence nationale pour l'organisation de l'USFP. A partir de mars, nous allons les faire parvenir au niveau des sections, des régions et des provinces où la base pourra en débattre. Nous pourrons tirer les conclusions de ce travail vers le mois d'avril et tenir la conférence en mai. Nous avons également tenu une réunion avec la Chabiba Ittihadia pour relancer les activités de la jeunesse et nous allons en faire de même avec l'organisation féminine. Je profite de l'occasion pour saluer la reprise de l'action de la jeunesse USFP et l'élection de son nouveau secrétaire général en la personne de Ali Elyazghi.
Vous avez quand même pris du retard dans cette restructuration…
Pourquoi ? A l'issue du dernier congrès de l'USFP, nous avons eu à préparer le mémorandum sur la réforme de la Constitution que nous avons remis au Souverain, puis il y a eu les élections, qui ne se sont achevées qu'en octobre. A partir de là, nous avons commencé la restructuration et entamé les préparatifs de la Conférence nationale sur l'organisation, donc il n'y a pas de retard.
Comptez-vous briguer la présidence de la Chambre des représentants en avril ?
D'abord, il faut attendre le mois d'avril, ensuite, ce n'est pas une décision qui doit être prise individuellement.
Si votre parti vous le demande, seriez-vous disposé à briguer le perchoir ?
Je pèserais le pour et le contre, toutefois, mon parti ne décide pas tout seul dans cette affaire.
Si l'Istiqlal présentait un candidat, votre parti serait-il prêt à le soutenir au nom de la Koutla ?
Je pense qu'il faudrait faire les choses comme il se doit, c'est-à-dire essayer d'avoir un candidat unique de la majorité, car aucun parti ne pourrait faire passer son candidat tout seul.
“J'ai été à la Justice pour faire une réforme, j'estime que j'ai rempli ma mission”
Question : Un bilan sur votre passage au ministère de la justice ?
Abdelouahed Radi : J'ai été au ministère pour faire une réforme, je l'ai faite. Sur le plan institutionnel, j'ai organisé, sur instructions du Souverain, une consultation avec plus de 80 institutions afin d'établir un diagnostic de l'état de la justice au Maroc et de recueillir des propositions de solution. De là, nous avons produit un rapport qui a été remis à Sa Majesté. Le Souverain a décidé, compte tenu de l'importance du sujet, du rapport et de la réforme, de consacrer un discours complet à ce thème le 20 août 2009. A la suite de ce signal, nous avons accéléré les préparatifs de la réforme, notamment via des textes de loi comme celui sur le Conseil supérieur de la magistrature qui joue un rôle important dans la défense de l'indépendance de la Justice ou le texte sur le statut des magistrats et d'autres, soit 17 textes fondamentaux qui visent, entre autres, la moralisation, la simplification des procédures et le jugement équitable.
Quelques mots sur cette réforme ?
Nous avons étoffé les responsabilités du conseil et ses compétences. Beaucoup de pouvoirs qui relèvent du ministre de la justice doivent être transférés au conseil. Par ailleurs, nous avons renforcé son autonomie vis-à-vis du ministère en le dotant de locaux, une administration et un budget propres. Une autre réforme, également importante, a concerné le statut des magistrats. Beaucoup de pouvoirs détenus par le ministre seront transférés aux magistrats et aux responsables judiciaires. Leur statut, l'organisation de leurs carrières ont également été refondus de manière à les intéresser, les motiver, les encourager en accélérant leur promotion. Idem pour les fonctionnaires de la justice, les greffiers. Nous avons également préparé un projet d'amélioration des conditions matérielles des magistrats et des fonctionnaires et j'ai obtenu des postes budgétaires pour la promotion de l'ensemble des magistrats, souvent bloquée faute de postes budgétaires, en plus des 1 000 postes budgétaires annuels prévus pour le recrutement des magistrats et des fonctionnaires jusqu'en 2012. Au-delà de l'aspect institutionnel, il y aussi le tribunal. J'ai obtenu une augmentation de 72% du budget du ministère de la justice pour les constructions, les équipements l'informatisation et la modernisation, l'amélioration de l'accueil et la lutte contre les lenteurs.
PJD ou pas, au niveau local le mot d'ordre était de s'allier avec des élus «propres» et compétents
Question : En parlant des alliances, quid du PJD ?
Abdelouahed Radi : Ce que j'ai dit précédemment est valable pour tout le monde. Nous ne jetons l'anathème sur personne, d'ailleurs, éthiquement, ce ne serait pas acceptable, mais nous avons des principes, des valeurs et des critères qui déterminent nos relations avec les autres formations, et nous sommes prêts à coopérer avec ceux qui les acceptent et les respectent effectivement.
Peut-on en déduire que les alliances constituées au lendemain des communales sont toujours valides ?
Concernant la formation des bureaux locaux, le bureau politique de l'USFP n'était ni en mesure de trancher ni habilité à le faire. Nous avons décentralisé la décision en disant aux sections : vous connaissez les réalités locales, c'est à vous de décider tout en respectant un certain nombre de règles: ne pas passer d'alliances avec des élus qui ont utilisé l'argent ou des moyens frauduleux, il faut choisir des alliés compétents, crédibles, sans regarder uniquement leur couleur politique, l'important pour nous étant dans ce cas de bien servir les citoyens au niveau local.
S'il venait à se produire, un rapprochement entre votre parti, le RNI et le PAM en 2012, ne risquerait-il pas d'avoir un impact sur ces alliances ?
Pour la formation des bureaux après les élections de 2009, la page est tournée. Il existe des lois et des règlements qui imposent à tous la pérennité de l'existant et ce jusqu'aux élections locales suivantes.
confrère «La Vie Eco ».
En voici le texte intégral.
Question : L'USFP vient de présenter une ébauche de point de vue sur la régionalisation élargie, qu'est-ce qui la différencie de la vision des autres partis ?
Abdelouahed Radi : Il faut tout d'abord souligner que la thématique de la régionalisation élargie renvoie vers un chantier de réformes très important. Il s'agit là d'un projet avant tout politique que le Souverain a présenté comme une introduction à une grande réforme institutionnelle, qui permettra d'en introduire d'autres sur les plans politique et institutionnel, et qui auront certainement un impact sur le système électoral. Le document présenté par l'USFP constitue une sorte d'introduction à ce que devrait être la régionalisation élargie. Nous y avons arrêté des principes, des critères pour cette dernière. Nous y avons aussi, dans une certaine mesure, attiré l'attention sur les insuffisances ou les erreurs du passé à éviter, notamment en matière de découpage, de compétences, de financements, de ressources financières ou concernant le mode de scrutin, et nous avons placé tout cela dans un cadre global de réforme pour que cela soit efficace.
Avez-vous discuté avec d'autres partis avant de présenter votre projet ?
Non, nous n'en n'avons pas eu le temps. Il faut attendre qu'il soit débattu au niveau du gouvernement puis du Parlement.
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Nous estimons que le numéro un de la liste qui obtiendrait le plus de voix devrait logiquement devenir président du Conseil régional. Nous estimons que la liste qui aura obtenu le plus de voix devrait bénéficier de plus de 51% des sièges pour éviter les blocages qui pourraient surgir si un président se retrouve minoritaire face à son conseil.
51% des sièges ! Cela ne risque-t-il pas d'être injuste vis-à-vis des listes concurrentes ?
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Vous avez évoqué l'impact de la régionalisation sur la loi sur les partis politiques. En quoi consisterait-il ?
La lutte contre le nomadisme des élus fait partie des raisons qui ont conduit à la rédaction de la loi sur les partis politiques. Or, ce phénomène s'est à nouveau manifesté aux dernières élections, et des partis ont déposé plainte auprès de la justice en pensant qu'ils allaient obtenir gain de cause. ça n'a pas été le cas, ce qui montre que la loi actuelle est inefficace. Il faut donc la rectifier pour combattre effectivement le nomadisme à l'avenir
Aujourd'hui, l'on organise des élections pour déterminer le rapport de force politique existant dans le pays, mais passées ces dernières, les gens changent de formation, ce qui fausse tout. Ce n'est pas loyal et ce n'est pas légitime. Il faut régler ce problème car la réforme du mode de scrutin avant 2012 est une nécessité pour l'assainissement de la vie politique.
Quand le PAM venait d'être créé, l'USFP l'avait beaucoup critiqué. Aujourd'hui, dit-on, ce parti vous invite à rejoindre un bloc politique PAM-RNI…
Vous avez eu accès à une copie de cette invitation ? Nous n'en n'avons pas reçu.
Comment décririez-vous vos relations avec le PAM aujourd'hui ?
Elles sont normales, et nous voulons avoir des relations normales avec tous les partis. Notre congrès nous a même recommandé de prendre contact avec l'ensemble des formations pour expliquer le contenu de ses recommandations, et cela sans exclusive. Cette décision a été confirmée par le Conseil national du 23-24 décembre 2009. Nous ne jetons l'anathème et nous n'émettons de veto contre aucun parti. Nous sommes prêts à dialoguer avec toutes les formations. Nous allons prendre les contacts qu'il faut à cet effet.
Et si en 2012 le PAM vous invitait à le rejoindre au gouvernement, seriez-vous prêts à considérer son offre ?
Il faut d'abord connaître le rapport de force qui résultera du prochain scrutin : on ne parle pas de négociations pour la mise en place d'un gouvernement avant de connaître le résultat des élections.
Pourtant, aujourd'hui, plusieurs partis cherchent déjà à clarifier leurs alliances, sans avoir de visibilité quant aux résultats des élections de 2012...
C'est leur droit. Nous n'avons pas de jugement à porter sur la démarche d'autrui.
Quels sont les terrains sur lesquels le PAM et l'USFP pourraient s'entendre ?
Nos positions ne sont déterminées ni par l'opposition systématique ni par des préférences subjectives. Nous sommes prêts à coopérer avec tout parti qui accepte les règles de la démocratie, en d'autres termes, toutes les formations favorables à la construction de l'état de droit, la défense des droits de l'homme, la défense des libertés et l'égalité des chances. Nous pouvons également nous entendre avec tous ceux qui croient en la nécessité de moderniser le pays aussi bien sur le plan des valeurs que du point de vue technologique. A côté de cela, il y a aussi le fait que nous sommes un parti socialiste, la justice sociale est donc pour nous quelque chose de très important, elle fait partie de notre identité.
Bien entendu, nous sommes aussi favorables à certaines méthodes de création de richesses, de développement, ainsi que pour une coopération internationale mutuellement profitable.
ça fait pas mal de monde…
Je n'en sais rien, mais ne croyez pas que les choses soient aussi simples.
Il y a une semaine, dans nos colonnes, Driss Lachgar a déclaré que votre parti s'apprêtait à ouvrir un débat avec l'ensemble des partis nationaux démocrates et qu'à partir des points de vue exprimés par les partis, vous pourriez mettre en place des alliances avec les formations les plus proches…
C'est une approche. Il peut y en avoir d'autres. L'essentiel c'est qu'elles ne soient pas contradictoires. Il faut qu'on discute de projets concrets pour déterminer sur quelle base s'allier le moment venu.
Faut-il déduire de cela que l'Istiqlal et, plus généralement, la Koutla ne sont plus des interlocuteurs privilégiés pour l'USFP ?
Nous avons, dans le cadre de la Koutla, formé une alliance qui date maintenant de presque 20 ans. La Koutla a permis au Maroc d'avancer, elle a rendu l'Alternance possible, et les gouvernements qui se sont succédé depuis 98 ont été une très bonne chose pour le Maroc. Nous pensons que la Koutla, si elle arrive à se rénover, à donner une image nouvelle et positive d'elle-même, peut encore rendre des services au pays ; et puis il n'y a pas d'alliance exclusive. Il faut être réaliste : aujourd'hui, au Maroc, il n'existe pas de parti ou de pôle partisan capable d'obtenir la majorité absolue et former un gouvernement à lui seul. Il peut donc y avoir un noyau de départ qui n'exclut pas une alliance avec d'autres formations. C'est ce qui se passe à présent. Depuis 98, nous sommes au gouvernement avec des partis de la Koutla mais aussi d'autres formations qui n'en font pas partie, pourtant les choses se passent bien. Nous voulons avoir des alliés et nous voulons aussi avoir des relations normales avec les autres.
Que faudrait-il réformer dans la Koutla pour lui donner un nouveau souffle ?
Il faudrait d'abord une mise à jour de ses objectifs, ses principes, ses modalités d'action et son programme. On ne peut pas conserver les mêmes ambitions, les mêmes projets que dans les années 90, et puis il faut aussi une dose de volonté politique.
Cette dernière manquerait-elle à l'appel ?
C'est vous qui le dites. De toute façon, même quand il y a une volonté, on peut toujours la renforcer.
Cela fait pourtant des mois que la Koutla n'a pas connu de réunion au sommet…
Peut-être que le besoin ne s'en est pas fait sentir.
Si l'Istiqlal indiquait vouloir remettre la Koutla à flot, l'USFP aura-t-il la volonté politique d'en faire de même ?
L'USFP est pour le rassemblement, pas pour l'effritement.
Il y a quelques temps, il était question de mettre en place un groupe parlementaire commun à des partis de gauche comme l'USFP, le PPS, le PT, le PSU, etc. Où en êtes-vous sur ce plan ?
Nous n'avons jamais négocié cela. Nous en avions discuté en marge d'un débat sur l'union de la gauche, et nous avions répondu alors que l'union est une chose qui se construit, ce qui prend du temps. Quand nous avions constitué la Koutla en 1992, cela faisait déjà 7 ans que ses composantes travaillaient ensemble. Pour faciliter l'union de la gauche, il faudrait commencer par travailler ensemble sur le terrain. Nous avons expliqué qu'il existait beaucoup de fronts sur lesquels nous pouvons commencer à le faire : le front parlementaire, le front syndical, le front associatif. Je pense que si l'on procède de cette manière-là, ce sera une union non seulement au sommet mais aussi à la base, sur le terrain, ce qui faciliterait le rapprochement au niveau de nos états-majors respectifs. Un groupe parlementaire de la gauche, pourquoi pas ? C'est une idée à explorer.
En d'autres termes, les chances de se retrouver avec un groupe parlementaire commun à la gauche à la prochaine session de printemps sont plutôt minces…
Notre discussion à ce sujet avait eu lieu après la rentrée parlementaire d'octobre à un moment où les groupes étaient déjà formés. De toute façon, selon le règlement intérieur du Parlement, on ne peut pas refaire les groupes en avril : c'est durant la session d'octobre que l'on dépose les listes des groupes, que l'on choisit les présidents des groupes et des commissions ainsi que les membres du bureau.
Peut-on s'attendre à ce que cela se fasse d'ici octobre prochain ?
Nous n'avons pas les moyens de lire l'avenir. Il faut y aller doucement pour éviter de donner l'impression que nous voulons forcer la main aux gens. Les choses doivent se faire d'une manière naturelle. On peut, comme vous le suggérez, envisager de reprendre ces discussions avant le mois d'octobre prochain.
Un leader de gauche disait récemment : «Nous avons suffisamment attendu l'USFP, nous allons donc lancer le processus de rapprochement. Si l'USFP veut nous rejoindre en chemin il sera le bienvenu, même si c'est pour prendre la tête du mouvement»…
Nous n'avons rien contre. On peut toujours prendre le train en marche, mais nous avons encore des discussions avec un certain nombre de partis de la gauche qui n'ont pas encore donné de résultats. Il faut prendre le temps qu'il faut, mais les rencontres et les discussions existent. Et il faut construire sur du solide. En y allant trop vite, on risque de ne pas produire quelque chose de durable. Je le répète, nous ne voulons pas donner l'impression que nous cherchons à forcer la main ni aux uns ni aux autres.
Où en êtes-vous dans la restructuration du parti ?
Nous avons fait pas mal de chemin depuis le début de l'année. Nous avons tenu une réunion des commissions du Conseil national et structuré les commissions en désignant leurs présidents et leurs rapporteurs. Ces derniers sont en train de plancher sur un programme d'activités et devront débattre sur un certain nombre de thèmes. Les commissions auront pour leur part pour mission de mettre à jour et développer nos programmes. Nous nous sommes donné jusqu'à la fin février pour préparer tous les textes qui doivent servir de base de discussion à la conférence nationale pour l'organisation de l'USFP. A partir de mars, nous allons les faire parvenir au niveau des sections, des régions et des provinces où la base pourra en débattre. Nous pourrons tirer les conclusions de ce travail vers le mois d'avril et tenir la conférence en mai. Nous avons également tenu une réunion avec la Chabiba Ittihadia pour relancer les activités de la jeunesse et nous allons en faire de même avec l'organisation féminine. Je profite de l'occasion pour saluer la reprise de l'action de la jeunesse USFP et l'élection de son nouveau secrétaire général en la personne de Ali Elyazghi.
Vous avez quand même pris du retard dans cette restructuration…
Pourquoi ? A l'issue du dernier congrès de l'USFP, nous avons eu à préparer le mémorandum sur la réforme de la Constitution que nous avons remis au Souverain, puis il y a eu les élections, qui ne se sont achevées qu'en octobre. A partir de là, nous avons commencé la restructuration et entamé les préparatifs de la Conférence nationale sur l'organisation, donc il n'y a pas de retard.
Comptez-vous briguer la présidence de la Chambre des représentants en avril ?
D'abord, il faut attendre le mois d'avril, ensuite, ce n'est pas une décision qui doit être prise individuellement.
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Je pèserais le pour et le contre, toutefois, mon parti ne décide pas tout seul dans cette affaire.
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Je pense qu'il faudrait faire les choses comme il se doit, c'est-à-dire essayer d'avoir un candidat unique de la majorité, car aucun parti ne pourrait faire passer son candidat tout seul.
“J'ai été à la Justice pour faire une réforme, j'estime que j'ai rempli ma mission”
Question : Un bilan sur votre passage au ministère de la justice ?
Abdelouahed Radi : J'ai été au ministère pour faire une réforme, je l'ai faite. Sur le plan institutionnel, j'ai organisé, sur instructions du Souverain, une consultation avec plus de 80 institutions afin d'établir un diagnostic de l'état de la justice au Maroc et de recueillir des propositions de solution. De là, nous avons produit un rapport qui a été remis à Sa Majesté. Le Souverain a décidé, compte tenu de l'importance du sujet, du rapport et de la réforme, de consacrer un discours complet à ce thème le 20 août 2009. A la suite de ce signal, nous avons accéléré les préparatifs de la réforme, notamment via des textes de loi comme celui sur le Conseil supérieur de la magistrature qui joue un rôle important dans la défense de l'indépendance de la Justice ou le texte sur le statut des magistrats et d'autres, soit 17 textes fondamentaux qui visent, entre autres, la moralisation, la simplification des procédures et le jugement équitable.
Quelques mots sur cette réforme ?
Nous avons étoffé les responsabilités du conseil et ses compétences. Beaucoup de pouvoirs qui relèvent du ministre de la justice doivent être transférés au conseil. Par ailleurs, nous avons renforcé son autonomie vis-à-vis du ministère en le dotant de locaux, une administration et un budget propres. Une autre réforme, également importante, a concerné le statut des magistrats. Beaucoup de pouvoirs détenus par le ministre seront transférés aux magistrats et aux responsables judiciaires. Leur statut, l'organisation de leurs carrières ont également été refondus de manière à les intéresser, les motiver, les encourager en accélérant leur promotion. Idem pour les fonctionnaires de la justice, les greffiers. Nous avons également préparé un projet d'amélioration des conditions matérielles des magistrats et des fonctionnaires et j'ai obtenu des postes budgétaires pour la promotion de l'ensemble des magistrats, souvent bloquée faute de postes budgétaires, en plus des 1 000 postes budgétaires annuels prévus pour le recrutement des magistrats et des fonctionnaires jusqu'en 2012. Au-delà de l'aspect institutionnel, il y aussi le tribunal. J'ai obtenu une augmentation de 72% du budget du ministère de la justice pour les constructions, les équipements l'informatisation et la modernisation, l'amélioration de l'accueil et la lutte contre les lenteurs.
PJD ou pas, au niveau local le mot d'ordre était de s'allier avec des élus «propres» et compétents
Question : En parlant des alliances, quid du PJD ?
Abdelouahed Radi : Ce que j'ai dit précédemment est valable pour tout le monde. Nous ne jetons l'anathème sur personne, d'ailleurs, éthiquement, ce ne serait pas acceptable, mais nous avons des principes, des valeurs et des critères qui déterminent nos relations avec les autres formations, et nous sommes prêts à coopérer avec ceux qui les acceptent et les respectent effectivement.
Peut-on en déduire que les alliances constituées au lendemain des communales sont toujours valides ?
Concernant la formation des bureaux locaux, le bureau politique de l'USFP n'était ni en mesure de trancher ni habilité à le faire. Nous avons décentralisé la décision en disant aux sections : vous connaissez les réalités locales, c'est à vous de décider tout en respectant un certain nombre de règles: ne pas passer d'alliances avec des élus qui ont utilisé l'argent ou des moyens frauduleux, il faut choisir des alliés compétents, crédibles, sans regarder uniquement leur couleur politique, l'important pour nous étant dans ce cas de bien servir les citoyens au niveau local.
S'il venait à se produire, un rapprochement entre votre parti, le RNI et le PAM en 2012, ne risquerait-il pas d'avoir un impact sur ces alliances ?
Pour la formation des bureaux après les élections de 2009, la page est tournée. Il existe des lois et des règlements qui imposent à tous la pérennité de l'existant et ce jusqu'aux élections locales suivantes.